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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Vimenal, Charles: Le Requiem de M. Charles Gounod
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Devier, Henri: Exposition de la Société des amis des arts de Bordeaux
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0141

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EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE BORDEAUX. 115

mesures que nous reproduisons ici en fac-similé d'après un au-
tographe musical de l'auteur donneront une idée de l'enchaîne-
ment des parties et de la coloration harmonique dans l'un des

passages les plus intéressants de ce morceau, dont le style pur et
l'originalité ont charmé les artistes autant et plus encore que le
public.

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L'intérêt de YAgnus Dei est, au début, dans l'entrelacement
des parties vocales savamment contre-pointées, à la fin dans
l'impression reposante et pacifique qui se dégage des derniers
accords sur ces mots : Dona eis requiem sempiternam. C'est bien
la paix, c'est le silence des tombeaux. Tout est fini, mais on
sent que dans la pensée de l'auteur cette fin n'est pas un dénoû-
ment, mais le prélude d'un recommencement.

S'il était besoin de prouver que la valeur et le succès d'une
œuvre dépendent de la pensée qui la fait éclore plutôt que des
ressources qui peuvent aider à la faire valoir, le Requiem de
M. Gounod suffirait à la démonstration. Sans coquetterie d'artiste
inspiré, mais par respect pour le sujet qu'il avait choisi, l'artiste
a écrit cette partition dans un esprit de renoncement musical
bien rare à notre époque, même à l'église. Pas un solo, pas une
concession à la virtuosité. Le chœur a presque constamment la
parole ; il ne se tait que pendant le Quid sum miser à quatre voix
et le Pie Jesu à six voix. La mélodie, toujours expressive, n'a
pas de grands développements. L'orchestre est réduit à une
sobriété qui passerait pour de l'indigence, si l'auteur n'avait pas
fait ailleurs ses preuves de richesse symphonique et si le parti
pris ne s'accusait ici avec toute la netteté d'une profession de foi.
A part les trompettes du jugement dernier, pas d'éclat, et encore

leur sonnerie est-elle plus grandiose que bruyante, stridente sans
désordre et sans tapage. Les instruments à percussion font
entendre par-ci par-là des bruissements sourds, notamment dans
le premier morceau du Dies irœ} accentuant à merveille les
tremblements de la résurrection des morts. Le quatuor est
à peu près le maître absolu de l'orchestre, et encore s'y
comporte-t-il avec une discrétion peu ordinaire. C'est le jeûne
instrumental. Enfin, comme s'il avait voulu affirmer que le
le rhythme est tout et que la mesure n'est rien, l'auteur
a écrit sa partition à quatre temps d'un bout à l'autre. Et
telle est la puissance d'un accent sincère, d'un sentiment vrai,
d'une pensée vivante, que cette musique, malgré toutes les
privations qu'elle s'est imposées, malgré les conditions défavo-
rables de son exécution dans une salle de concert, malgré l'absence
de l'orgue, accompagnement obligé d'une œuvre faite pour la
sonorité et pour le recueillement d'une cathédrale, cette musique,
d'une coloration variée dans une gamme de tons volontairement
restreinte, a produit d'autant plus d'effet qu'elle s'en était moins
inquiétée et trouvé tout le succès qu'elle semblait fuir. Il y a là
une leçon qui, sans douce, ne sera pas perdue.

Charles Vimenal.

EXPOSITION

de la

SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE BORDEAUX

(Correspondance particulière de l'Art.)

Si loin que l'on remonte dans l'histoire de la province de
Guyenne et de notre ville, on y trouve la trace du goût du beau,
soit que ses habitants s'adonnent à la littérature ou aux arts. Il
serait facile de le prouver ici même, mais la place qui nous est
réservée ne nous permet pas ce plaisir, bien inutile du reste.
Cette affirmation suffit et il n'y a point à craindre qu'on vienne
la contredire.

La première académie provinciale fut celle de Bordeaux, sa
création remonte à 1690; elle groupa autour d'elle un certain

nombre de littérateurs et d'artistes, et son influence acquise se fit
sentir de la façon la plus heureuse. Mais, quoique ce goût du
beau soit toujours aussi vif parmi nos populations, on ne sent
plus trace de cette influence, rien n'a remplacé l'ancienne
académie, repris ses traditions, et ce souvenir n'est plus conservé
que dans les livres.

Ce ne sont point, ainsi qu'on a essayé de le dire, les préoccu-
pations commerciales qui étouffent ici l'instincc artistique ; non,
ces préoccupations, très-intenses sans doute dans une ville où le
 
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