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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Renaud, Victor: Salon de 1876: sculpture, [5]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0235

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SALON DE 1876

SCULPTURE

(suite1)

m

'ai épuisé la série des statues que je considère comme ayant quelques
rapports avec l'art monumental. J'ai dit de chacune de ces œuvres ce
que bien sérieusement j'en pense, en expliquant sommairement lés
motifs qui m'ont dirigé dans ces appréciations, que je donne naïvement
et sans la moindre intention de les imposer au lecteur; maintenant je
me sens plus à l'aise pour entreprendre la seconde partie de la tâche
que j'ai entreprise. Là, les œuvres qu'il me reste à examiner appar-
tiennent tout entières, pour la plupart du moins, à leurs auteurs ; aucune
condition ne leur a été imposée. Je puis donc espérer d'y trouver des
traces plus manifestes, plus nettes et plus sincères des tendances de
chacun et des indications plus accusées de leurs préférences indivi-
duelles. 11 est possible que quelques-uns aient cherché leurs inspirations en dehors des données ordi-
naires de la sculpture; si ces erreurs de conception sont rachetées par des qualités natives ou d'étude,
qui donnent à leurs œuvres une valeur, soit par la manière d'interpréter la nature, soit par une
hardiesse d'exécution, une adresse de main supérieures, je tâcherai d'en faire sortir un enseignement
qui, dans certaines circonstances, peut avoir son utilité.

Quelques artistes sont très-adroits, connaissent toutes les roueries de leur métier, et arrivent, avec
tous ces avantages, à faire des œuvres sans valeur. C'est qu'alors ils n'ont pas dans leurs conceptions,
dans leurs jugements, le sens artistique ; ils ont été emportés, dès leurs premières études, par cette
facilité, ils ont employé tous leurs efforts, toute leur intelligence, à faire ce qu'on leur enseignait à
l'école, ils ont été de bons élèves, des forts en thème; mais quand ils se sont trouvés en face d'un sujet,
la préoccupation exclusive d'appliquer les règles de la grammaire a refroidi leur imagination et rien
n'est sorti de cette fausse science et de cette déplorable habileté.

Souvent des statues maladroitement et péniblement exécutées, d'une main hésitante, sont plus
près d'être de très-belles œuvres que telles autres où toutes les recommandations des maîtres sont
suivies de point en point, et où il n'y a pas à relever de fautes d'orthographe.

Dans le cours de ce travail j'aurai à signaler aussi plusieurs artistes qui, tout en étant fort habiles
et très-bien au courant des procédés de leur art, se font quelquefois un jeu de paraître maladroits,
pensant ajouter par là à leur travail le charme d'une certaine naïveté. Ce procédé, qui peut tromper
les ignorants, est peu digne d'hommes sérieux. Nous ne trouvons guère dans les chefs-d'œuvre, à
quelque époque qu'ils appartiennent, de ces fantaisies ; et je suis bien convaincu que toujours les
grands artistes ont appliqué aux œuvres que nous admirons tout ce qu'ils avaient de puissance intel-
lectuelle en même temps que tout leur savoir et toute leur habileté manuelle.

Ce qui fait le caractère des œuvres de second ordre, c'est précisément que l'exécution est ou supé-
rieure ou inférieure à la conception.

Je serais donc tenté de croire que ce qui fait justement le chef-d'œuvre, c'est la correspondance

2. Voir l'Art; 2e année, tome V, pages 109, 126, 159 et 185.
Tome V.

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