DOI Artikel:
Mancino, Léon: Le salon de M. Manet
DOI Artikel:Vimenal, Charles: Le Requiem de M. Charles Gounod
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0139
LE REQUIEM DE M. CHARLES GOUNOD.
Le peintre, voyant que son modèle perdait l'équilibre et que sa
toile faisait trou; a ingénieusement imaginé de placer à gauche
un grand chien qui a toutes les peines du monde à introduire
son museau dans un verre. Au premier coup d'œil, on croit à un
chien savant qui se prépare à exécuter quelque tour. C'est
désolant, d'autant plus désolant que M. Manet, il faut lui rendre
cette justice, est un homme convaincu.
Léon Mancino,
LE REQUIEM DE M.
On a dit de M. Gounod qu'il aime comme on prie, on peut
dire aussi qu'il prie comme on aime, et s'il est un compositeur
moderne capable de nous réconcilier avec la musique d'église,
c'est bien lui, et cela pour deux raisons : d'abord à cause de la
sincérité de son inspiration musicale qui, d'un même coup d'aile,
se dégage des broussailles arides de la forme scolastique et des
CHARLES GOUNOD
ornements parasites de la mélodie lyrique et de l'instrumentation
théâtrale, ensuite et surtout à cause de l'humanité de son senti-
ment religieux. Les convictions de l'homme ne sont point un
mystère, mais fussent-elles ignorées, on les devinerait dans
l'œuvre de l'artiste qui les exprime avec toute la franchise d'une
çonft-ssion publique. Il a la foi, on le sait, on le sent, mais sa
M. Charles Gounod.
Fac-similé d'un dessin de A. Lançon, d'après le buste de Carpeaux.
foi, qui est bien à lui, a le caractère non-seulement de la croyance,
mais encore de la confiance ; c'est une soumission, mais réfléchie,
volontaire, libre pour ainsi dire, où il y a plus d'espérance et de
sérénité que de superstition et de crainte ; c'est une opinion per-
sonnelle, dont l'originalité brochant sur la tradition fait de la
musique religieuse qu'elle inspire un art qui est humain sans être
profane.
Tomk V.
Relisez les messes que le futur auteur de Faust composait à
son retour de Rome, alors qu'il tenait l'orgue de la chapelle des
Missions étrangères et se préparait à entrer dans les ordres;
même à cette époque de piété, première étape de sa vie, pre-
mier essor de son talent, vous serez frappe de ce double
caractère de sa musique religieuse où la naïveté de la foi s'allie
à une complète liberté d'interprétation. Prenez par exemple
'5
Le peintre, voyant que son modèle perdait l'équilibre et que sa
toile faisait trou; a ingénieusement imaginé de placer à gauche
un grand chien qui a toutes les peines du monde à introduire
son museau dans un verre. Au premier coup d'œil, on croit à un
chien savant qui se prépare à exécuter quelque tour. C'est
désolant, d'autant plus désolant que M. Manet, il faut lui rendre
cette justice, est un homme convaincu.
Léon Mancino,
LE REQUIEM DE M.
On a dit de M. Gounod qu'il aime comme on prie, on peut
dire aussi qu'il prie comme on aime, et s'il est un compositeur
moderne capable de nous réconcilier avec la musique d'église,
c'est bien lui, et cela pour deux raisons : d'abord à cause de la
sincérité de son inspiration musicale qui, d'un même coup d'aile,
se dégage des broussailles arides de la forme scolastique et des
CHARLES GOUNOD
ornements parasites de la mélodie lyrique et de l'instrumentation
théâtrale, ensuite et surtout à cause de l'humanité de son senti-
ment religieux. Les convictions de l'homme ne sont point un
mystère, mais fussent-elles ignorées, on les devinerait dans
l'œuvre de l'artiste qui les exprime avec toute la franchise d'une
çonft-ssion publique. Il a la foi, on le sait, on le sent, mais sa
M. Charles Gounod.
Fac-similé d'un dessin de A. Lançon, d'après le buste de Carpeaux.
foi, qui est bien à lui, a le caractère non-seulement de la croyance,
mais encore de la confiance ; c'est une soumission, mais réfléchie,
volontaire, libre pour ainsi dire, où il y a plus d'espérance et de
sérénité que de superstition et de crainte ; c'est une opinion per-
sonnelle, dont l'originalité brochant sur la tradition fait de la
musique religieuse qu'elle inspire un art qui est humain sans être
profane.
Tomk V.
Relisez les messes que le futur auteur de Faust composait à
son retour de Rome, alors qu'il tenait l'orgue de la chapelle des
Missions étrangères et se préparait à entrer dans les ordres;
même à cette époque de piété, première étape de sa vie, pre-
mier essor de son talent, vous serez frappe de ce double
caractère de sa musique religieuse où la naïveté de la foi s'allie
à une complète liberté d'interprétation. Prenez par exemple
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