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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Renaud, Victor: Salon de 1876: sculpture, [6]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0256

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SALON DE 1876

SCULPTURE1
III

sculpture d'études
(suite1)

uisque nous avons à notre époque l'immense avantage de savoir
ce que les artistes des xve et xvie siècles ignoraient, puisque bien
des chercheurs savants, beaucoup de grands archéologues nous ont
transmis sur les mœurs, les arts et les coutumes des anciens, des
connaissances qui ne nous laissent que peu de doutes sur les formes
employées dans la sculpture antique ; puisque toutes les statues des
Grecs, des Romains, des Étrusques, des Égyptiens, ont un style
bien tranché, qui permet de ne les pas confondre entre elles, et qui
nous fournit une règle uniforme pour la compréhension des sujets
anciens de chaque époque; puisqu'enfin ces formes, ce style sont
pour nous un langage bien net, bien clair, et qui donne aux statues
l'aspect et la tournure que devaient avoir les hommes de ces époques éloignées, il me paraît indispen-
sable, quand on veut traiter un sujet purement antique, d'employer les formes, les moyens qui ont
servi à nos maîtres de l'antiquité. Si l'artiste, quand il entreprend de reproduire un fait historique an-
cien, ne se sent ni la science ni la volonté de se reporter à l'époque exacte à laquelle ce fait s'est passé,
il serait certes plus sage à lui de renoncer à son projet et de faire alors une œuvre purement d'ima-
gination, avec un sujet qui ne se rapporte à aucune date historique.

Quand les artistes de la Renaissance traitaient des sujets antiques, et ils l'ont fait souvent, ils
s'appliquaient à y faire voir ce qu'ils connaissaient de l'antiquité. Leur bagage était encore bien mince,
mais enfin ils faisaient des efforts pour l'employer avec conscience. Ils exécutaient des œuvres intéres-
santes par d'autres qualités qui sont aussi du domaine de l'art; leur manière de comprendre la nature
était bien particulière et variait dans chaque contrée, suivant le tempérament dominant du pays. Us
traitaient les sujets antiques, en y ajoutant à Florence le sentiment de la nature florentine, fine, élé-
gante et souple; à Rome c'était le souvenir de la large et splendide nature romaine; en un mot, ces
artistes sincères ajoutaient à l'art une note nouvelle, et ne rappelaient guère l'antiquité que par les
noms de leurs héros.

De notre temps, il me semble que la voie à suivre diffère par bien des points. On s'est beaucoup
égayé quand, sousji'otre première République et le premier Empire, on affublait les héros contempo-
rains de chlamydes, de toges et de tuniques, et lorsqu'on représentait Marceau en guerrier grec,
La Fontaine et Racine en sénateurs romains, et enfin, plus près de nous encore, le général Foy, les
bras et les jambes nus, bravant la pluie et les frimas sur son piédestal du Père-Lachaise.

On a beaucoup ri de ces fantaisies qui semblaient singulières, et cependant une foule de gens ne sont
pas froissés aujourd'hui de voir représenter tel ou tel sujet de l'antiquité grecque bien connu, avec

i. Voir l'Art, z" année, tome V, pages 109, 126, 159, i8j et 201.
 
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