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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Renaud, Victor: Salon de 1876: sculpture, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0219

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SALON DE 1876

SCULPTURE1
II

sculpture monumentale
(fin.)

a Pietà de M. Sanson, malgré qu'on lui ait assigné la place considérée
ordinairement comme le poste d'honneur du palais, n'a pas, à beaucoup
près, les qualités dont nous étions heureux de féliciter M. Delaplanche.
La composition de ce groupe n'a rien de bien neuf, on ne trouve aucune
trace de recherche individuelle. Ce sujet a été traité souvent de la
même façon ; l'expression des têtes n'est pas en harmonie avec la scène
à représenter ; la tête de la Vierge surtout manque du caractère élevé
qu'on est en droit de demander pour rendre et faire passer dans l'âme
du spectateur l'émotion que doit causer un drame aussi poignant. Le
type est commun, et la bouche exprime plutôt une souffrance physique et vulgaire que cette grande
douleur maternelle.

L'exécution de ce. marbre dénote une très-grande habileté. Certaines parties du corps du Christ
sont modelées avec une vraie science ; mais les formes manquent, presque partout, de ce sens particu-
lier que les grands artistes seuls savent trouver dans l'interprétation de la nature. Ici, l'âme n'a pas été
d'accord avec la main, et l'homme consciencieux et savant qui a produit ce groupe ne l'a pas pénétré
de son émotion; il laisse le spectateur froid et indifférent. Les artistes, qui savent le travail qu'exige
une composition de cette importance, peuvent seuls se rendre compte du grand talent qu'il a fallu
y dépenser, et féliciter M. Sanson d'avoir fait un monument sérieux et qui lui fera le plus grand hon-
neur.

Deux statues de M. Marcellin font aussi partie de la série dont je me suis occupé jusqu'à ce
moment. Ce sont deux figures en pierre destinées à l'église de la Sorbonne : Saint Paul et Saint Jean.
Il m'a été impossible de me rendre un compte exact de l'effet qu'elles peuvent produire. Ces deux
statues doivent être placées côte à côte, accouplées, presque former un groupe ; elles ont été exposées
séparément et semblent, un peu, je crois, à cause de cette disposition, longues et maigres; mais
réunies et installées plus logiquement, elles produiraient un tout autre effet et reprendraient leur
valeur réelle. Les draperies sont larges, et leur simplicité ajoute à leur grandeur.

M. Chatrousse a exécuté en marbre un groupe dont nous avions vu le modèle au Salon de 1875.
Cette œuvre, qui nous donne l'image des Crimes de la guerre, représente un homme déjà affaibli
par l'âge, et que des cordes réduisent à la plus complète impuissance, en lui comprimant les chairs
des jambes et des bras ; autour de lui, sur un amas de ruines et de débris, sont groupés le corps d'un
enfant mort et une jeune femme entourant de ses bras repliés son visage et son sein encore meurtris
par les violences des envahisseurs. La scène est navrante, quoique un peu théâtrale. Les cris de
l'homme et sa rage de se sentir inutile à la défense des êtres aimés, la honte de la femme outragée,
l'abandon du pauvre petit cadavre sont rendus avec une énergie et un sentiment vrais.

1. Voir Y Art, 2e année, tome V, pages 109, 126 et 159.
Tome V.

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