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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Vade-mecum du Salon de 1876, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0240

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VADE-MECUM

du

SALON DE 1876

(suite *)

vant de parler des aquarelles, des dessins, des gravures, etc., il
nous paraît indispensable de signaler l'étrange façon dont sont
traités les artistes qui exposent dans chacune de ces catégories;
l'observation s'applique également aux architectes, ces autres parias
du Salon.

Lorsqu'on s'est décidé à réduire de trois à deux le nombre
des ouvrages que chaque exposant peut envoyer au palais des
Champs-Elysées, on a nécessairement cru opposer une digue à
l'encombrement, toujours croissant, des médiocrités; on en était si
persuadé qu'on laissait annoncer, comme définitivement résolu,
l'abandon de ces interminables couloirs où l'on suspend, dans les conditions d'éclairage les plus
déplorables, les œuvres des architectes, des aquarellistes, des dessinateurs, des miniaturistes, des
émailleurs, des graveurs et des lithographes ; des salles faisant suite à celles de la peinture allaient
désormais leur être affectées, et l'on pourrait enfin les étudier en les comparant entre elles dans
chaque section, étude jusqu'ici absolument impossible, grâce au mode dédaigneux d'exposition inva-
riablement adopté tous les ans par les organisateurs du Salon.

Illusions s'il en fut! Faisons un peu de statistique en nous bornant à remonter aux deux dernières
années. En 1874 et en 1875, au temps où l'on était encore autorisé à exposer trois ouvrages, il y eut
3,657 et 3,862 numéros au catalogue. En l'an de réforme 1876, il y en a 4,033 !

C'est qu'il est impossible de plus complètement se tromper et de se rendre moins compte du seul
remède efficace à apporter au mal que nul ne conteste. 11 a sa source, non dans l'envoi d'un nombre
plus ou moins grand d'oeuvres de chaque artiste, mais dans l'organisation même des Expositions
annuelles qui est détestable et qui réclame une réforme radicale, l'unique qui puisse être efficace.

Tant que l'Administration, sous prétexte de Salon, entretiendra un bazar comme celui des Champs-
Elysées, le mal grandira sans cesse, en dépit de toutes les restrictions imaginables. L'État n'a pas
plus à s'occuper du côté mercantile de l'art que de la vente des produits d'une industrie quelconque ;
c'est affaire aux industriels, aux négociants de prendre les mesures les plus efficaces pour pouvoir
réaliser leurs marchandises dans les conditions les plus lucratives; c'est également aux artistes seuls
qu'il appartient de se constituer en groupes afin de faire des expositions de vente de leurs oeuvres. Le
rôle de l'État, du moment où il intervient dans les questions d'art, est autrement élevé. Il faut qu'il
cesse au plus tôt d'ouvrir une halle aux tableaux et aux sculptures comme il le fait annuellement ; c'est
un Salon qu'il lui faut organiser, mais vin vrai Salon qui soit l'antipode de ce que nous voyons aujour-
d'hui ; l'exposition patronnée par l'État ne peut être qu'une exposition d'élite; y être admis doit être
un honneur autrement recherché et enviable que la sotte distribution de bons points connus sous le
nom de médailles, après lesquelles se fait une si écœurante chasse à courre et qui aboutissent unique-
ment au plus désastreux des résultats : la création de la classe délétère des Hors Concours. Au Salon,
au vrai Salon, il ne faut admettre personne de droit, les portes ne doivent s'ouvrir que devant les pro-
ductions les plus accomplies de l'art dans ses manifestations multiples et sans ostracisme pour aucune

1. Voir l'Art. 2' année, tome V, pages 145 et 174.
 
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