Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

DOI Artikel:
Guitton, Gaston: La porte du Palais Stanga de Crémone au Louvre
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0048

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LA PORTE

DU

PALAIS STANGA DE CRÉMONE

AU LOUVRE

(finI.)

l ne faudrait pas chercher dans cette œuvre, malgré sa haute importance et sa
grande valeur, les qualités que nous sommes habitués à rencontrer dans les monu-
ments de notre sculpture et de notre architecture de la renaissance française ; il y
a ici une exubérance de séve, une immense puissance d'imagination auxquelles
nous ne saurions prétendre; c'est précisément l'un des caractères les plus pré-
cieux de la nation italienne de prodiguer des impressions variées, d'accumuler
des idées décoratives, enfin de réjouir l'œil et de l'étonner sans cesse et sans merci.
Nous autres Français, nous demandons à nos artistes des jouissances plus sereines et plus éle-
vées; nous voulons que les objets qu'on nous présente soient montrés avec plus d'ordre, plus de mé-
thode ; nous voulons, en un mot, plus de logique, et là trace de ce calme, de cette raison se retrouve
dans toutes les manifestations de l'art français, à quelque genre qu'elles appartiennent. Il est même
curieux que le peuple qu'on est convenu de considérer comme le plus léger, le plus futile, et, je ne sais
si je dois oser dire le mot, enfin le plus fou
en bien des circonstances, devienne, quand
il doit traduire ses sensations et ses concep-
tions par une forme artistique, le plus soi-
gneux, le plus sensé, le plus raisonnable.

Rarement un artiste français se laisse
entraîner par une imagination vagabonde;
nous sommes tenté de croire que c'est même
là une des causes principales de la supério-
rité, non pas des sculpteurs français, mais de
l'ensemble de la sculpture de notre cher pays.

Certes nos artistes du xvi° siècle ont vu
les œuvres italiennes, il les ont étudiées, ont
profité de cet enseignement; mais combien ils
ont calmé cette fougue! combien ils ont rai-
sonné leur travail ! combien il est d'un goût
plus pur et d'une tenue plus sévère! Les
parties nues et sans sculptures de nos monuments sont bien faites pour accroître la valeur des orne-
ments, et les motifs mêmes portent toujours avec eux leur raison d'être. Ils se rattachent à une règle
qu'on trouve observée dans le travail tout entier.

Cette sagesse, la preuve de ce travail raisonné, de cette étude intelligente, font quelquefois un peu
défaut dans la porte du palais Stanga.

Nous n'avons pas néanmoins trop sujet de nous plaindre, puisque là sont accumulées les com-

Chapiteau de la porte Stanga.
Fac-similé d''un dessin de Champollion.

i. Voir l'Art, 2° année, tome IV, pages 173 et 33J.
Tome V.

5
 
Annotationen