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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Carr, J. Comyns: 108e Exposition de la Royal Academy of Arts, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0341

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108e EXPOSITION

DE L \

ACADEMY OF ARTS

II

l faut mettre M. Leighton au petit nombre des peintres dont le
talent peut prétendre à mieux qu'à un vulgaire succès auprès de
la foule. Il a toujours, comme M. Watts, tenu haut le drapeau de
l'art que la Royal Academj n'est que trop portée à rabaisser, au
mépris de sa mission toute spéciale, et par le soin constant qu'il a
mis à développer ses facultés il a donné aux jeunes artistes un
précieux exemple. Quelques défaillances qu'on puisse signaler
dans son œuvre, il faut lui rendre cette justice que jamais il
ne s'est laissé imposer par les préférences de l'amateur ou du
marchand ni l'emphase du faux pathétique ni la sentimenta-
lité maniérée que les badauds recherchent dans les sujets
intimes. Répudiant ces exigences de la mode, il s'est attaché aux principes de style trop négligés en
Angleterre, aidant ainsi à conserver la tradition du beau et à élever le niveau du goût public.
Car M. Leighton possède à un degré éminent le tempérament et la science d'un véritable artiste.
Son imagination, si elle n'a pas toujours le cachet authentique de l'originalité, ne viole jamais les
lois imprescriptibles de l'art. Elle s'en inspire naturellement, en vertu d'une sympathie irrésistible,
choisissant le genre de beauté que l'art est le plus capable d'interpréter, rejetant avec une grande
sûreté d'instinct les réalités que la peinture est impuissante à rendre; et son exécution témoigne d'une
habileté et d'une souplesse qui ne s'obtiennent qu'à la suite d'un long et patient travail. L'idée ne
lui suffit pas, et il n'épargne rien pour arriver à la perfection du rendu.

Sa peinture de cette année le montre dans la maturité de son talent. C'est l'œuvre la plus
importante et la plus réfléchie qu'il ait produite jusqu'ici, le résultat de plusieurs années de recherches
et de méditations consciencieuses, résultat digne assurément du travail de l'artiste. Le peintre a pris
pour sujet de son tableau (n° 241) du Catalogue The Daphnephoria, c'est-à-dire les fêtes célébrées tous
les neut ans à Thèbes en l'honneur d'Apollon, et en commémoration de la victoire des Thébains sur les
Eoliens. La description de la fête est tout au long dans Proclus. Le cortège se dirigeait vers le temple
du dieu, conduit par vin jeune prêtre, choisi parmi les plus beaux jeunes gens de la cité; ce prêtre, qui
s'appelait le Daphnéphore, était précédé d'un jeune garçon, son parent, portant un étendard sym-
bolique, auquel étaient suspendus des globes et des anneaux d'airain, qui figuraient le soleil, la lune
et les étoiles. Derrière eux venait un groupe de jeunes gens portant des trophées d'armes, puis,
conduit par le coryphée, le chœur des jeunes filles thébaines chantant l'hymne sacré à Apollon
Daphnéen. C'est là, il faut en convenir, un noble sujet. 11 implique une richesse d'accessoires antiques
qui eût tenté Mantegna, et si nous imaginons ce que Mantegna eût dépensé de force virile et de
grandeur dans une pareille composition, nous nous rendons compte de ce que l'œuvre de M. Leighton
laisse à désirer. C'est précisément la virilité qui y fait défaut. Sous le rapport de la grâce et de
la suavité des lignes, rien à redire ; mais la beauté de l'ensemble manque de vigueur. Harmonieuse-
ment équilibrées, les lignes n'ont pas assez d'énergie dans leur élégance ; et les types individuels,
bien que chaque attitude soit savamment et habilement conçue, n'ont pas l'empreinte de la vitalité.

1. Voir l'Arcj tome V, page 255,
 
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