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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Bonnin, A.: Salon de 1876: peinture, [8]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0340

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SALON DE ï876. 301

lentes, bien observées, d'une expression sincère et d'une large facture. Au premier rang se distinguent
les Cancalaises (787), par M. Feyen-Perrin 1 ; la Femme du Pollet à Dieppe (2043), par M. Vollon; puis
une Jeune Maraîchère (183), de M. Billet, qui imite trop fidèlement la manière de M. Breton ; la Cueil-
lette de violettes (1339), de M. Lix; les Paysannes du Marais aux environs de Maringues, Puy-de-Dôme
(157), par M. Berthon; le Jeu de quilles et les Noud'les (1570-1571)2, par M. Pabst ; la Paysanne ossalaise,
Basses-Pyrénées (1009), de M. Hédouin ; les Femmes au Cabestan, à Villerville (320), par M. Butin; les
Commères de Briquebœuf (173), par M. Beyle; le Retour de l'Enterrement (141), par M. Jean Béraud; le
Remouleur (34a), par M. Capdevieille, et enfin Fleurs de Mai (1121), une charmante fillette de M. Jundt,
enfouie parmi les bleuets et les pâquerettes au milieu des foins fleuris.

Le tableau de M. Feyen-Perrin est une page vraiment excellente. La composition en est habile,
le dessin élégant, la couleur puissante, l'exécution large et l'expression poétique. Et c'est ce dernier
point qui lui assure la préférence de ceux qui aiment les œuvres qui ne parlent pas seulement aux
yeux, qui éveillent une pensée, qui contiennent une impression vivement ressentie.

Bien qu'elle soit très-remarquable, la toile de M. Vollon paraît conçue dans un sens réaliste un
peu exclusif. Devant cette image de grandeur naturelle, trop grande sans doute, d'une pêcheuse de
crevettes, l'œil est réjoui par l'harmonie à la fois délicate et vigoureuse des tons, par la maestria de
l'exécution, mais l'esprit ne trouve pas l'expression, ni l'émotion qui l'intéressent et le captivent. Si
M. Vollon a voulu répondre aux critiques soulevées par le personnage qu'il avait introduit l'an passé
dans son tableau d'armures, et témoigner qu'il sait peindre une grande figure, il a d'ailleurs com-
plètement réussi, et je dirai môme que cette preuve était superflue, car il y a dans l'œuvre qui lui
valut sa première récompense en 1865 et qui est aujourd'hui placée dans la galerie du Luxembourg, une
figure non moins bien traitée que les légumes et les ustensiles de ménage qui l'entourent. Mais sa
Femme du Pollet est plutôt un admirable morceau de peinture qu'un bon tableau. Dans cette page l'au-
teur a fait œuvre de peintre, œuvre de coloriste, et je regrette qu'il n'ait pas fait, au même degré, œuvre
de poëte3. Ils sont bien rares du reste les artistes capables de s'exprimer ainsi dans une prose saine et
vigoureuse, et leurs œuvres, en affirmant la vitalité de l'école nouvelle, consolent des efforts épuisés
de certains spiritualistes fourbus.

A. Bonnin.

1. Voir l'Art. 2e année, tome V, page 274.

2. Voir l'Art, page 273.

3. Nous laissons à notre collaborateur l'expression de cette opinion qui lui est personnelle; elle suppose une théorie esthétique que
nous ne saurions admettre. La toile de M. Vollon nous paraît une des trois ou quatre œuvres qui au Salon méritent une attention particu-
lière et tranchent sur tout le reste. La poésie qui s'en dégage, pour être réaliste, n'en est pas moins une poésie d'une vigueur et d'une
énergie peu communes. (Note de la rédaction.)
 
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