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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Bonnin, A.: Salon de 1876: peinture, [5]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0261

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SALON DE 1876

PEINTURE1
II

peinture d'histoire.

(suite )

our terminer l'étude de la peinture d'histoire, il me reste à examiner les
compositions dont le sujet est emprunté aux temps modernes. Ces ou-
vrages sont moins nombreux que ceux qui ont pour thèmes les incidents de
l'histoire ancienne ou qui sont inspirés par les récits de la Bible et les
fables de la Mythologie. Parmi eux, quelques-uns seulement offrent le
caractère grave, sévère ou épique qui convient au style de l'histoire ; les
autres appartiennent plutôt, par l'allure de leur conception, comme par
leurs proportions restreintes, à la peinture de genre historique. — Entre
les premiers, je distinguerai les toiles de MM. Benjamin Constant, Paul
Laurens, Tony Robert-Fleury et Eugène Thirion. Quatre tableaux sans
plus et encore n'y a-t-il pas que des éloges à faire de chacun d'eux. Mais il faut s'arrêter à ces ouvrages
parce qu'ils sont, dans cette catégorie, les plus importants du Salon, et qu'ils portent les noms connus
d'artistes que leur notoriété désigne à la critique.

Le tableau de M. Benjamin Constant représente Mohamed II faisant son entrée triomphale dans
Constantinople par la porte Saint-Romain, le 29 mai 1453 (n° 476). Il y a beaucoup à louer dans cette
immense toile, elle atteste un vaillant effort, elle témoigne d'une certaine hardiesse de composition;
cependant il est permis de penser que l'auteur a prématurément aventuré un talent jeune et encore
incomplètement maître des ressources de l'art dans une entreprise qui exigeait une expérience
consommée. — On a souvent plaisanté des amateurs ignorants qui mesurent leur admiration à la dimen-
sion métrique des espaces recouverts de peinture, mais tout en riant de leur singulier procédé d'appré-
ciation, l'on a sans doute un peu trop donné dans le travers opposé. Il semble en effet qu'il y ait une
tendance à ne priser que les œuvres microscopiques et à négliger celles que l'on appelle dédaigneu-
sement « les grandes machines ». On oublie trop que pour traiter une de ces « grandes machines » d'une
façon simplement acceptable, il faut mettre en œuvre un savoir et un talent très-supérieurs à ce qu'exige
l'exécution passable d'une petite toile. La composition, le dessin, la couleur, doivent dans la « grande
machine » affirmer avec précision des qualités dont la simple indication et souvent même l'apparence
suffisent à remplir le cadre minuscule ; car les défauts grandissent à proportion des dimensions de
l'œuvre ; frappants dans une grande toile, ils s'atténuent et arrivent presque à s'effacer dans une petite. —
Et c'est précisément parce qu'il est nécessaire que l'artiste soit rompu aux difficultés de son métier et
initié aux plus hautes conditions de son art, pour embrasser ces vastes espaces et pour les remplir sans
défaillance, qu'il semble que M. Benjamin Constant se soit un peu trop hâté.

Les Prisonniers marocains qu'il exposait au dernier Salon et qui lui ont attiré un légitime succès
étaient incontestablement un bon tableau, mais pour aller de ce groupe de trois ou quatre musulmans
accroupis sur le seuil d'une prison, à la représentation du cortège triomphal d'un vainqueur entrant

1. Voir l'Arc, 2e année, tome V, pages 121, 162, 181 et 193.
 
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