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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Burger et Carpeaux
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0129

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BURGER ET CARPEAUX

ans la dernière partie de l'étude que notre ami, M. Jean Rousseau,
a consacrée à l'auteur du groupe de la Danse, ce passage 1 nous avait
tout particulièrement frappé : « Mais où le talent de Carpeaux est
porté à son comble, c'est dans toute la série de ses bustes-portraits.
Quelques critiques — et le signataire de cette étude était du nombre
— ont reproché à ces bustes leur excès d'agitation. Aujourd'hui que
j'en revois toute la série, je crois bien que la critique a été injuste et
qu'elle est tombée elle-même dans une de ces exagérations qu'elle
reproche au statuaire. Le mouvement des bustes de Carpeaux, à les
bien étudier, n'a jamais rien de très-violent; il y garde même, eu
égard à la fougue de son tempérament, une mesure surprenante. »

Je relisais ces jours-ci un de nos maîtres, Bùrger, le Diderot artistique du xixe siècle, et je demeurai
frappé de l'extrême réserve, pour ne pas dire plus, qu'il a gardée vis-à-vis de Carpeaux. Biirger, dans ses
Salons, demeure toujours jeune et combattant le bon combat, mais il n'y apporte plus la fougue de Thoré,
l'indomptable champion des grandes luttes du romantisme; il a consacré ses longues années d'exil à
l'étude acharnée des anciens, et ce sont ses chers Hollandais et leurs voisins les Flamands qui désor-
mais le passionnent exclusivement. Les expositions des modernes ne l'émeuvent plus guère. Au Salon
de 1866, il se contente de faire à Carpeaux l'aumône de ce jugement qu'il eût été difficile de rendre
plus laconique : « Dans les fameuses séances du vote pour la grande médaille, M. Carpeaux a obtenu
un certain nombre de voix pour son modèle de la décoration du nouveau pavillon de Flore aux Tuileries.
Ce qu'il y a de mieux dans ce projet, c'est le médaillon inférieur, avec des figures d'enfants qui se
détachent en ronde-bosse \ »

Mais Bùrger n'a jamais rien perdu de l'extrême sincérité de Théophile Thoré et, en 1868, il n'hé-
site pas, comme vient de le faire Jean Rousseau, à revenir sur la sévérité de son arrêt3 : « Les bustes-
portraits sont très-vulgaires. Celui de la duchesse de Mouchy4, en marbre, se distingue presque seul,
en dehors de cette galerie de têtes mal construites par la nature et par l'art qui s'est efforcé de la re-
produire. L'auteur, M. Carpeaux, élève de Rude et de Duret, atteint presque, dans ce portrait fier et
charmant, l'élégance de Coysevox et de Coustou. » Les affinités du sculpteur valenciennois avec la
manière si distinguée et si vivante des maîtres du xvne et du xvme siècle, ne pouvaient
manquer de séduire le critique éminent qui possédait cette merveilleuse terre cuite de Houdon dont il
ne consentit jamais à se séparer, — il résista aux offres les plus brillantes,— ce Molière dont le marbre
est un des précieux trésors de cet admirable foyer-musée de la Comédie-Française. S'il avait vécu
assez longtemps pour apprécier d'ensemble l'œuvre de Carpeaux, il eût, en faveur de ses bustes surtout,
ressenti de plus en plus vivement cette attraction à laquelle il avait eu raison de se laisser aller en pré-

1. L'Art, ae année, tome IV, page 30^.

2. Salons de W. Biirger, — 1861 à 1868, — avec une préface par T. Thoré, tome II, page 332.

3. Même ouvrage, même tome, page 541.

4. Voir l'Art, 2' année, tome IV, page 313.
 
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