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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Renaud, Victor: Salon de 1876: sculpture, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0193

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SALON DE 1876

SCULPTURE1
II

sculpture monumentale
(suite)

onsieur Falguière semble avoir voulu, dans sa statue de
Lamartine, s'appliquer à reproduire les formes, si ingrates
pour le statuaire, de notre costume moderne. L'aspect
malheureux et étriqué de son œuvre tient-il seulement aux
vêtements ? Je serais tenté de ne pas le croire ! Rien n'obli-
geait le statuaire à faire un manteau aussi court; rien ne
le forçait .à lui donner un mouvement violent, à le faire
agiter par la tempête. Il me semble que si l'artiste s'était
mis plus intimement en rapport avec le style et les pensées de son modèle,
sa statue serait devenue plus calme, partant plus monumentale.

La tête est belle, ressemblante, elle pense, elle médite, mais les
mouvements désordonnés de la draperie, les lignes heurtées et sans har-
monie ne rappellent en rien le calme si simple, la forme si limpide et si
doucement mélodieuse des vers de notre grand poëte. Plus de repos, plus
de grandeur sereine auraient mieux convenu à l'image de l'homme, dont la
parole inspirée et séductrice savait ramener la paix au sein des masses soulevées.

Si cette image tant attendue de Lamartine n'est pas absolument ce qu'on voudrait la voir, si cette
statue n'est pas à la hauteur du grand talent que M. Falguière a montré en maints ouvrages, je crois
que la faute en est bien à l'artiste. A l'époque où il a fait ses meilleures œuvres, il les cherchait avec
un effort des plus consciencieux, il y employait le temps nécessaire ; depuis quelques années déjà, il
se contente d'esquisses charmantes et ne fait guère que des ébauches très-séduisantes et pleines de
promesses. Comptant peut-être un peu trop sur l'habileté de ses praticiens et supposant que la pensée
suffira, il lâche l'exécution parce qu'il voit lui-même, avec son imagination d'artiste, dans son œuvre
peu terminée, ce qu'il voudrait que le public y trouvât; moins instruit, moins inspiré, le spectateur
veut qu'on lui présente une forme bien déterminée et bien réelle; il ne sait pas, le simple, deviner une
pensée plus indiquée qu'écrite.

Dans ce plâtre trop négligé, les lignes sont disgracieuses, les vêtements semblent absolument
vides, et l'on s'étonne de voir sortir de ce manteau trop court des bottes énormes qui supportent un
corps problématique. La place même attribuée aux lauriers prêterait à rire, si l'on ne comprenait pas
qu'ils ont été mis là simplement pour soutenir la ligne du dos de la statue.

M. Falguière a peut-être donné à sa peinture, que je n'ai point à apprécier ici, le temps qu'il a
dérobé à la sculpture ; de cela je ne puis lui faire un reproche, mais je dois constater que ses œuvres
de statuaire, depuis qu'il est devenu peintre, ont perdu quelques-unes des qualités d'exécution qui nous

i. Voir VArt} 20 année, tome V, pages 109 et 126.
 
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