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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Carr, J. Comyns: 108e Exposition de la Royal Academy of Arts, [2]
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Perrin, Émile: Georges Bizet
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0346

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3o6 L'ART.

la simplicité de la nature. Le succès tient à une vue artiste de la réalité, sans la moindre préoccu-
pation sentimentale ou dramatique. Quant à l'exécution, le dessin vaut mieux que la couleur et
M. Hennessy est plus heureux dans la figure que dans le paysage. Il y là deux paysannes dont les
formes et les attitudes, bien saisies, bien groupées, témoignent non-seulement de l'habileté de
l'artiste, mais encore de l'attention avec laquelle il a étudié les mœurs rurales.

J. Comyns Carr.

(La suite prochainement.)

GEORGES BIZET

DISCOURS PRONONCÉ AU CIMETIÈRE DU PÈRE-LACHAISE, LE I0 JUIN 1876,

a l'inauguration du monument funèbre
élevé par mm. paul dubois et charles garnier.

Messieurs ,

BRM l y a à peine plus d'une année, le bruit de la mort de
wrS JjM Georges Bizet se répandit tout à coup dans Paris, rapide
IP^gft comme la nouvelle d'un désastre. Personne n'y voulait
croire. Quand il ne fut plus permis d'espérer, chacun se sentit
frappé au cœur. C'était en effet un deuil public que la mort de
ce jeune homme, de ce vaillant artiste enlevé si inopinément à
son art, à son pays, à l'amour de sa jeune famille, aux amitiés
ardentes et dévouées qui se groupent d'elles-mêmes autour de
ceux qui sont destinés à occuper dans leur arc la première place.
Et c'était bien cette première place que tenait Georges Bizet dans
la jeune école musicale française. Ses émules le reconnaissaient
comme leur maître, la faveur publique allait irrésistiblement vers
lui, son nom devenait populaire. Il était arrivé à ce point de sa
carrière où l'artiste, délivré de toutes les hésitations, de toutes les
incertitudes, se sent écouté, accueilli, compris, où, mis ainsi en
pleine possession de lui-même, rien ne l'arrête plus dans la libre
et définitive expression de son idéal. C'est ce moment que la
more avait saisi pour le frapper.

Certes, on peut dire que, depuis quelques années, nous
vivons dans l'intimité de la mort, mais, par un raffinement de
cruauté, elle semble choisir ses coups, rechercher parmi nous les
têtes les plus chères, trancher les existences les plus précieuses
pour la gloire et l'honneur de notre pays. Dans ces pertes si
douloureuses il n'en est pas de plus irréparables que celles qui
frappent les arts. Qui remplacera ceux qui tombent? Que de
dons précieux, quel rare assemblage de qualités naturelles, quelle
force persistante de volonté, quel concours de circonstances heu-

reuses ne faut-il pas pour que se produise un artiste de la valeur
de celui que nous avons perdu ! Cette vie si courte et si bien
remplie, elle est présente à tous vos cœurs ; laissez-moi pourtant
la résumer en quelques traits. Au lendemain de la mort de
Georges Bizet cette tâche eût été trop douloureuse, elle devient
presque un devoir aujourd'hui qu'on inaugure le tombeau élevé
à sa mémoire.

La musique s'était, pour ainsi dire, emparée de l'enfant à son
berceau. Fils de musicien, il avait appris, en épelant ses mots, à
parler d'instinct cette langue divine. Mais quand l'heure du tra-
vail'sérieux fut venue, avec quelle ardeur il se plongea dans
l'étude ! Comme il sentait que la science peut seule régler et
féconder l'imagination !

Des mains de Zimmermann, qui avait guidé ses premiers pas,
il passa dans celles d'Halévy qui s'éprit tout de suice pour lui
d'une tendre sollicitude. Halévy pressentait chez son jeune élève
l'avenir d'un artiste supérieur. Je me souviens encore du jour où
l'auteur de la Juive et du Val d'Andorre, me montrant cet ado-
lescent qui devait être l'auteur de Carmen, me dit : « Celui-là
est un grand musicien. » — Georges Bizet ne devait pas faire
mentir la prédiction du Maître. Il avait alors seize ans à peine.
A dix-huit ans il remportait le prix de Rome. Le séjour de la
ville éternelle exerça une vive influence sur cette organisation
ardente et sensible à l'excès. C'est là qu'il noua la plupart des
amitiés fidèles qui l'ont accompagné pendant la vie et qui le sui-
vent jusqu'ici. Lorsqu'il lui fallut quitter Rome et cette vie fra-
ternelle des arts, qui avait un charme tout particulier pour son
 
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