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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Bonnin, A.: Salon de 1876: peinture, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0196

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SALON DE 1876

PEINTURE

(suite ' )

II

peinture d'histoire.

epuis quinze années bientôt que les deux directions souveraines qui
s'étaient un moment partagé notre école, ont épuisé leur force d'im-
pulsion ; depuis que le romantisme, qui a produit des œuvres si pas-
sionnées et si puiss antes, s'est égaré dans une fausse sentimentalité en
cherchant à réaliser des conceptions trop littéraires ; depuis que le
spiritualisme, après avoir laissé de pures images qui portent l'em-
preinte des aspirations les plus élevées, s'est perdti par un oubli de
la forme égal seulement à son dédain pour la couleur; depuis qu'il
s'est évanoui dans un effacement systématique, l'art de la France
est entré dans une période de transition ou plutôt de transforma-
tion.

Après la disparition des deux maîtres de la génération qui nous a précédés, depuis que Delacroix
et Ingres ne sont plus, il s'est produit une sorte d'interrègne. L'école, sans guide assez fort pour la
dominer et la diriger, s'est divisée en une foule de petits groupes, s'est désagrégée en une infinité
d'individualités qui travaillent séparément à s'ouvrir une voie nouvelle. La plupart des artistes ont
reconnu qu'il n'y avait plus à revenir vers des doctrines épuisées, et qu'ils useraient en vain leur talent
et leurs efforts à tenter de raviver le foyer éteint de la brillante lumière que ces principes esthétiques
avaient, pendant un temps, projetée sur l'histoire de notre art; et ils se sont bravement avancés vers
le nouveau, vers l'inconnu. Ils ont compris que pour retrouver son chemin alors que l'on est égaré, le
plus simple comme le plus sage est de retourner à son point de départ, et ils sont revenus à la
nature. D'abord ont paru les œuvres d'une sincérité parfois un peu rude, mais saines et vraies, de
quelques réalistes. Puis, à mesure que l'art se ranimait, grâce à l'action de ce tout-puissant cordial
qui s'appelle la Vérité, il s'enhardissait, il restait moins étroitement attaché à son point d'origine, et
le sentiment, l'expression, la pensée, l'inspiration reprenaient peu à pevi, dans ses créations, la part
qu'il convient qu'ils aient à toute œuvre un peu haute.

Ce travail de renouvellement qui est loin d'être achevé, mais qui se poursuit, qui grandit, qui s'est
affirmé dans des ouvrages considérables et qui permettent d'espérer mieux qu'une rénovation, peut-
être une renaissance, a été en général mal compris au début, désapprouvé et ardemment combattu. —
C'est le sort de toute idée nouvelle qui vient troubler la quiétude de nos opinions factices et de nos
convictions toutes faites. C'est une fatigue, en effet, d'avoir à modifier les idées que l'on avait reçues
sur un ordre de choses et de faits ; il faut prendre la peine de les apprécier, de les comparer, — et
cela exige un travail auquel notre paresse originelle ne se résigne pas sans peine. — Donc la critique,
ou du moins une grande partie des écrivains qui suivent les travaux des artistes, ont tout d'abord
démontré très-doctement qu'il fallait non pas s'écarter des écoles mortes, mais s'y rattacher, au con-

i. Voir l'Artj 2e année, tome V, page 121.
 
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