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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Gindriez, Charles: Musée archéologique de Brera à Milan: porte dite "dei Bossi"
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0075

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MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE DE BRERA

A MILAN

PORTE DITE « DEI BOSSI •

e musée Brera est un. des sanctuaires les plus retentissants parmi tant
de splendides musées consacrés à l'art italien. Lors de la suppression
de l'ordre des Humiliés, les Jésuites, en partie héritiers de leurs biens,
firent exécuter par le Richini ce vaste et bel édifice dont quelques res-
taurations n'ont pas sensiblement altéré le caractère. Bannis à leur tour,
ils cédèrent la place à l'Académie des Beaux-Arts (1776). Il faut croire
que sur ce sol mouvant, signalé par les deux célèbres catastrophes, la
nouvelle institution jeta de fortes racines; car, sous différents titres, elle
subsista à travers toutes les secousses de l'Italie dans les temps mo-
dernes. C'est ainsi que lentement, mais sûrement, dans la calme et studieuse retraite respectée des
orages, germèrent et grandirent à son ombre ces deux collections qui en sont comme l'épanouisse-
ment : le Musée archéologique et la Pinacothèque.

Cette histoire sommaire de Brera n'est pas inutile. Aujourd'hui que les escaliers, les vastes cours
désertes, les longs portiques silencieux sont peuplés de tableaux, et de statues ; qu'une foule de curieux,
d'étrangers, d'artistes circule et s'y déploie dans une illumination de chefs-d'œuvre, qui pourrait
retrouver, dans cette fête des élégances bruyantes et des richesses mondaines, l'humble berceau
primitif, ce pauvre ordre des Humiliés qui vivait dans la pauvreté et qui filait la laine ?

Un homme, Joseph Bossi, avait fait de la création de ces musées son rêve, son œuvre et le but
même de son existence. Il fut très-attaqué pendant sa vie, poursuivi, même après sa mort, et peu à peu
tout ce bruit, toutes ces injustices, toutes ces amertumes se sont éteintes dans la plus cruelle de
toutes, le silence et l'oubli. L'Italie est écrasée sous le poids de ses grands hommes, depuis que par
le fait de l'unité italienne toutes les gloires locales se sont accumulées dans le patrimoine commun.
Parmi tant de statues nouvelles, les villes ont bien pu oublier leurs bienfaiteurs dans cette distribution
fiévreuse de l'immortalité. Mais Joseph Bossi connaissait son époque, et quand on a vécu en France,
ne doit-on pas toujours avoir un peu d'esprit? Sans doute, la chère ombre comprend que son tour n'est
pas encore venu. Il me semble que je la vois entr'ouvrir la porte; puis à la vue de Dante, de Léonard
de Vinci, de Michel-Ange, de Cavour, saluer avec respect, et s'effacer en souriant.

Par un de ces jeux auxquels le hasard se plaît quelquefois, et qui semblent son ironie à l'égard
des hommes, la belle porte qui sert de communication entre les deux salles du musée archéologique
rappelle le nom trop oublié de son fondateur. La présente livraison de l'Art donne la représentation de
cette porte, dite dei Bossi. Elle appartenait à une riche maison donnée par François Sforza, duc de
Milan, à Cosme de Médicis, qui la fit agrandir et embellir par les soins de son architecte Michelozzo
Michelozzi. Vasari vante l'intelligente disposition, la magnificence et le goût de cette maison, et nous
apprend que les sculptures de la porte sont de la main de Michelozzo. Chose incroyable ! Toutes ces
dépenses furent payées par Pigello Portinari qui dirigeait à Milan la banque de Cosme. L'histoire de
cette maison ne peint-elle pas toute une époque? Ces princes qui se font de pareils cadeaux, cette
foule de splendeurs embellissant encore tin don royal, cet architecte qui sème en secouant de pareilles
sculptures, et comme couronnement de toutes ces magnificences, passe un marchand qui tire son por-
tefeuille et paye la note!

Michelozzo, selon l'habitude du temps, fut peintre, sculpteur, architecte, ingénieur. La porte dei
Bossi offre un intérêt spécial, parce qu'elle montre dans la sculpture l'apogée de son talent. La
 
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