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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Tourneux,Maurice: Notre bibliothèque
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Raymond, Jules: Une dette nationale
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0223

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NOTRE BIBLIOTHÈQUE

LXIII.

LA GUIRLANDE DE JULIE, augmentée de documents nouveaux,
publiée par Octave Uzanne, et ornée d'un portrait inédit de
Julie d'Angennes. Paris, librairie des Bibliophiles, 1875, petit
in-8".

'ombre de Victor Cousin doit tressaillir dans sa
tombe ! Voici le fécond volume d'une série qu'un
jeune et très-lettré bibliophile, M. Octave Uzanne,
a inaugurée par la réimpression des poésies de Ben-
serade et, si cette Couronne de Julie est aussi bien
accueillie que les fameux rondeaux du courtisan, il fera défiler sous
nos yeux tous les poètes de ruelle du xvnesiècle. Voiture, le moins
oublié de tous, Sarasin, Colletée, Charleval, Montreuil sortiront
d'une poussière deux fois séculaire. Et pourquoi non? De quel
droit notre siècle, le plus pieux de tous les siècles envers les ré-
putations littéraires, refuserait-il aux familiers de l'hôtel Ram-
bouillet, la justice que Théophile Gautier a contribué à faire

rendre à Saint-Amand, à Cyrano, à Villon même dont la critique,
lors de la publication des Grotesques, ne s'était pas occupée
comme nous l'avons vu depuis? Sans doute, ces précieuses et
leurs soupirants ne nous offrent pas la vigueur, l'originalité, la
langue touffue et plantureuse des victimes de Molière ; mais il
suffit que le groupe d'Arthénice et de sa fille Julie ait enrichi cette
langue « d'audacieux néologismes, d'habiles périphrases, de bril-
lantes et solides épithètes, restés et sans qu'on y songe, de l'em-
ploi le plus familier », pour qu'on respire avec plaisir le bouquet
de fleurs fanées que nous présente M. Uzanne. S'il n'a pu faire
reproduire les fleurs peintes du manuscrit original qu'il n'a pas
eu le loisir de compléter, l'éditeur a demandé à M. Mougin un
très-gracieux frontispice, et une jolie vignette à M. Lalauze, un
portrait fort bien gravé de « Julie Lucine d'Angennes, damoi-
selle de Rambouillet » sur lequel la préface ne nous donne mal-
heureusement aucun détail iconographique; il a reproduit avec
une scrupuleuse exactitude l'orthographe du temps; il a fait, en
un mot, œuvre de délicat et d'artiste.

Maurice Tourneux.

UNE DETTE NATIONALE

Habent sua fata libelli ! Il en est dont le destin restera tou-
jours énigmatique.

Bayle Saint-John, né à Londres à la fin de 1810, mort le
ier août 1859, fut un écrivain des plus distingués. Après avoir
publié une série d'ouvrages d'un extrême intérêt sur l'Orient, il
consacra ses études à la France et couronna sa trop courte carrière
par ces trois excellents livres : Purple Tints of Paris : Character
and Manners in the Neiv Empire, Montaigne the Essayist et The
Louvre or Biography of a Muséum. Aucun de ces trois volumes n'a
été traduit et la plupart des Français ignorent jusqu'au nom de
l'auteur de ces remarquables écrits ; il serait temps cependant
qu'un éditeur intelligent songeât à donner une traduction de la
« Biographie » de notre grand musée national auquel Bayle Saint-
John a consacré tant de pages étincelantes de verve que devraient
savoir par cœur tous nos leterés, nos artistes, nos amateur*. C'est
en effet le plus bel hommage qu'un étranger ait rendu au génie
artistique de la France.

Personne n'a plus dignement célébré Barye que Bayle Saint-
John, personne n'a suivi avec plus d'intérêt l'œuvre rénova-
trice entreprise en 1848 par le nouveau directeur du musée du
Louvre, M. Jeanron, dont l'écrivain anglais expose longue-
ment et avec la plus attachante impartialité les éminents ser-
vices. Nous voudrions pouvoir le citer tout entier, mais l'espace
nous manque, nous sommes forcé de nous borner à reproduire
la notice du Dictionnaire des Contemporains, de Vapereau, dont
les éléments ont été puisés dans The Louvre.

« Jeanron (Philippe-Auguste), peintre français né le 10 mai
1809, à Boulogne-sur-Mer, était fils d'un soldat du camp de
Boulogne, chef d'ateliers régimentaires, qui suivit l'armée à
Walcheren et fut au nombre des prisonniers que les Anglais em-
menèrent à Portsmouth. Il passa quelques-unes de ses plus jeunes
années dans les forges de la Haute-Vienne et vint à Paris vers
1828. Il s'y lia avecSigalon, et aborda à la fois la peinture et les
travaux littéraires. Ami de Godefroy Cavaignac, il prit part aux
journées de juillet, présida peu après la Société libre de peinture
et de sculpture, ouvrit des conférences qui eurent une certaine
vogue, et écrivit des articles dans la Pandore, la Revue française,
la Revue du Nord, des Commentaires pour la Vie des peintres de
Vasari, une.Histoire de l'école française, une brochure sur l'Ori-

gine et les Progrès de Part, etc. (1835-1852). Il prenait part en
même temps aux expositions annuelles. La plupart de ses sujets,
comme ses Douie épisodes de la vie du prolétaire, pour M. Ledru-
Rollin, étaient empruntés à la vie populaire, suivant ce qu'on a
appelé depuis le réalisme, et servaient de complément aux théo-
ries nouvelles que le peintre développait dans des cours.

« Les œuvres principales de M. Jeanron, pour la peinture,
sont : les Petits Patriotes, sa première toile exposée, achetée par
le Luxembourg, puis donnée à la ville de Caen (1831) ; Halte de
contrebandiers, les Ouvriers en grève (1833) ; Paysans limousins,
(1834) ; les Forgerons de la Corrige (1836) ; les Criminels cueil-
lant le poison de l'Upas (1840); Bohémiens (1846) ; la Fuite et le
Repos en Egypte, acquis par le duc de Luynes, le Port aban-
donné d'Ambleteuse, placé au musée du Luxembourg-, la Plage
d'Andresselles, la Pose du télégraphe électrique au cap Gris-Ne-
(1850); Suzanne au bain, les Pêcheurs à la traille (1852); Vue
du cap Gris-Nej, la Morte-Eau (1853) ;./e Camp d'Equihem .
Berger breton (1855) ï ^ra Bartolomeo, Raphaël et la Forna-
rina, le Tintoret et sa fille dans la campagne, la Longue Absence,
Oiseaux de mer (1857) ; le Phénicien et l'Esclave, Coqs de bruyère
(1859) ; le Retour de la pèche aux environs de Gênes, Vallée de
Posavera, Soldats français à Solferino, Soldats français aux envi-
rons de Gênes, appartenant à M. Emile Pereire, Zouaves au bord
de la mer, appartenant au ministère d'Etat, A Solferino (1861);
les Vieux Salins d'Hyères, les Bains des Bonnettes (1863) ; le
Phare, vue prise à Marseille (1864) ; Vue de Notre-Dame-de-la-
Garde, du Château d'If et des Iles (1865); Marine (1866);
l'Étang de Bolmont, près Marigane (Bouches -du-Rhône) (1868) ;
Vue du cap Couronne (1869) .

« Il faudrait joindre à cette liste de nombreuses aquarelles, des
gravures à la pointe sèche (1850), des. portraits estimés, entre
autres ceux. &e MM. Tripier, Le Bâtard, Subervic, Aimé Martin,
Odier, Eugène et Godefroy Cavaignac et les dessins de l'His-
toire de dix ans. M. Jeanron a obtenu, comme artiste, une
deuxième médaille en 1833 et la décoration en novembre 1855.

« En 1848, le gouvernement provisoire « requit le citoyen
» Jeanron pour veiller aux richesses du Louvre et des musées
« nationaux. » Le nouveau directeur préserva le Louvre dans les
embarras de 1848, organisa aux Tuileries l'Exposition libre,
 
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