L' art: revue hebdomadaire illustrée (2.1876 (Teil 2))

SALON DE 1876

PEINTURE
I

undi matin, ier mai, les portes du palais des Champs-
Elysées se sont ouvertes pour le Salon de 1876. — Comme
de coutume, cette solennité avait attiré une foule consi-
dérable dans laquelle on remarquait des notabilités de la
littérature, de la science, de la politique, de l'armée et,
cela va sans dire, la plupart des célébrités artistiques.
L'élite du Paris intelligent a visité ce jour-là les galeries
de l'Exposition.

Cette première journée du Salon présente une animation
toute spéciale, le public offre une allure et une physionomie
que l'on ne retrouve plus aux visiteurs du lendemain. Un mouvement
extraordinaire règne dans les galeries que chacun parcourt avec la
hâte de découvrir où sont placées les œuvres principales, annoncées à
l'avance, et les envois de tous les artistes en renom. Chaque salle a son
aspect particulier qui vous prévient, dès le seuil, de l'intérêt des ouvrages
qui s'y trouvent réunis. Dans celles-là l'on passe rapidement en jetant de
côtés et d'autres un regard distrait qu'aucune toile saillante ne vient
arrêter ; dans celles-ci, au contraire, on s'empresse autour des tableaux
signés des noms favoris; là c'est un silence indifférent, ici ce sont des
explosions de paroles admiratives et de points d'exclamations.

Parmi la foule remuante, qui va, revient et se croise en tous sens,
les artistes forment des groupes plus calmes. Ils ne s'approchent guère
de la cimaise, ils ont vu tout cela la veille, grâce à la permission qui
leur est donnée d'entrer pour vernir leurs peintures et faire la dernière
toilette de leurs envois. Ils se tiennent au milieu des salles, examinant
avec un intérêt qui s'explique de reste, l'attitude du public. Ils échangent
force compliments obligés avec les visiteurs de leurs relations, et force