L' art: revue hebdomadaire illustrée (2.1876 (Teil 2))

SALON DE 1876

PEINTURE'

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IV

PEINTURE DE GENRE
(suite)

L est permis de dire que la peinture de genre
est la forme de l'art qui répond le mieux
aux besoins de la société actuelle et qui
s'accorde le plus, avec le goût et l'éducation
esthétique de la plupart d'entre nous. Les
productions de l'art, plus élevé et plus grave,
de la peinture d'histoire ou de style, outre
qu'elles ne mesurent pas souvent leurs pro-
portions à l'exiguïté de nos demeures mo-
dernes, offrent un caractère de beauté d'un
ordre supérieur, qui réclame pour être com-
pris une certaine initiation et qui reste lettre
close pour bien des yeux. — Rien n'est plus
faux, en effet, que l'opinion banale qui con-
siste à penser que le propre d'un chef-
d'œuvre est de frapper tous les regards cf.
de s'imposer à l'admiration des plus igno-
rants. Les conceptions du génie seraient bien
peu de chose, si le premier venu pouvait
ainsi, à première vue, en embrasser toute
la hauteur. Elles ne livrent pas aussi facile-
ment leur secret ; elles ne laissent, au contraire, pénétrer dans l'intimité de leur beauté que ceux-là
dont le sens esthétique est suffisamment éclairé. —Les œuvres de genre, d'un abord beaucoup moins
farouche, sont comprises et aimées de tous, elle savent intéresser les moins compétents et charmer
les plus délicats. Par leurs dimensions restreintes elles sont les hôtes commodes de nos habitations
étroites; elles se peuvent transporter, échanger ou vendre aisément, ce qui est encore un point fort
important, eu égard aux conditions de notre état social, dans lequel la fortune est essentiellement
amovible. — Par ces motifs, le genre est la forme vraiment pratique de l'art moderne, de l'art qui n'a
plus seulement pour Mécènes l'État, les grandes corporations ou une opulente aristocratie, de l'art

i. Voir l'Art; 2' année, tome V, pages 121, 162, 181, 193, 247 et 270.