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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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La vente Schneider, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0087

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LA VENTE

SCHNEIDER.

ventes, ne seraient plus étonnés alors de voir, au milieu de cette
orgie de billets de mille, des toiles de Velasquez (dans le catalo-
gue) vendues seulement trois cents louis. »

Le 8 avril on lisait dans la République française :
a L'assemblée était froide. Il était facile de prévoir que la fa-
mille Schneider voudrait garder beaucoup de pièces et les pous-
serait en conséquence. C'est ce qui est arrivé. Malgré les pro-
messes d'un catalogue orné d'eaux-fortes — moins que médiocres,
d'ailleurs, — malgré la réclame d'une double préface et les articles
de complaisance dans les journaux spéciaux, la généralité des
peintures était si faible que les adjudications du commencement
et de la fin se sont réellement passées en famille.

« Nous glisserons prudemment sur les Miéris, les Bakhuisen,
les Berchem, les Jean Steen, les Van Dyck, les Snyders, qui,
dans une vente modeste, se fussent arrêtés à quelques centaines
de francs.

« Une Sainte Famille, sortie de l'atelier de Rubens, mais non
fille de son brillant pinceau, 72,000 fr....... Nous avons quel-

que embarras à inscrire l'enchère de 4,700 fr. atteinte par une
Femme de Rubens, qui eût bien surpris Rubens, ses élèves et ses
amis. »

Le lendemain 9 avril, le même journal disait :
« La seconde et dernière vacation de la vente Schneider a été
assez lugubre. Les salles si mal aérées de l'hôtel Drouot ne sont
point faites pour remonter le moral d'un public visiblement en
garde contre les enchères.

« Greuze, Tète de jeune fille. 53,000 francs. Ce Greuze pour-
rait bien provenir du même atelier que le Rubens d'hier.

« Le portrait du Pasteur Ellison, attribué sans aucune vrai-
semblance à Rembrandt, mis sur table à 100,000 francs par l'ex-
pert, a été adjugé aussitôt à 65,000 francs à un membre de la
famille Schneider.

« Le pendant, la Dame Ellison, mis sur table au même prix^ a
excité un nouveau mouvement de surprise. Un plaisant du par-
terre, comme on dit dans les anas, a crié : deux cents francs! Le
commissaire - priseur s'est prudemment hâté d'accepter les
50,000 francs qu'on offrait d'un autre point de la salle. Ce
Rembrandt ira rejoindre son pendant. Un Murillo, aussi discuté
que les précédents, 22,000 francs,

« M. Schneider, qui donnait à quelques bons morceaux de si
fâcheux voisinages, avait recueilli une suite d'excellents dessins, «

Le compte rendu de la vacation du 6 publié par l'Indépen-
dance belge du 8 avril, s'exprime ainsi :

« La première vacation de la vente Schneider a réalisé des,
prix sans précédent pour des tableaux dont un grand nombre
étaient plus que discutables.

« Le Musée de Bruxelles a acquis pour 15,000 francs un des
rares tableaux complètement purs, un admirable Hiver d'Aart van
der Neer.......................

« Le Musée d'Anvers a payé 100,000 francs un llobbema
important, mais un peu sec et affligé de repeints, surtout dans les
troncs d'arbre ; le panneau a de plus été brisé en deux dans le ciel.

« Deux faux Rubens, imitations plus que médiocres, ont
trouvé acheteurs : la Sainte Famille à 72,000 francs, et la Femme
de Rubens à 4,700 francs. Le Both, très-repeiht dans les fonds
surtout, a fait 45,000 francs. L'Isaac van Ostade, qui n'est autre
qu'un très-mauvais De Heer, 18,000 francs. Un David Teniers
en ruine, représentant le maître et sa famille, 60,000 francs.
Deux horribles portraits, audacieusement donnés à Van Dyck
et qui n'atteindraient pas 100 francs dans une vente ordinaire,
ont réalisé, l'un 4,600 francs, et l'autre 4,200! Une Femme à sa
toilette, très-mauvais tableau, indigne même de Willem Mieris,
à qui le donnait le catalogue, 10,000 francs. Une Mer agitée,
produit des faussaires qui manufacturent constamment en Angle-
terre des Willem van de Velde de cette force, 5,400 francs. »

On lit dans le numéro du 10 avril du même journal :
« La seconde vacation de la vente Schneider vient de se ter-
miner. Cette fois, sauf une bonne Nature morte, de Weenix,
adjugée à 22,100 francs; un Wynants, très-fin et à qui il ne
manque que d'avoir un ciel intact pour être parfait (il a été vendu
37,000 francs au prince Paul DemidofF de San-Donato), et un
joli petit Van der Heyden, 5,500 francs, — il n'y a rien de
bon à citer. Tout le reste a été un véritable Waterloo, comme
le méritaient tant de tableaux audacieusement baptisés des noms
les plus illustres ; on a tour à tour vu défiler les faux Rem-
brandt, les faux Velasquez, un faux Greuze, un faux Murillo,
un faux Wouwerman! Bref, on avait fait hier 935,800 francs et
on a eu toutes les peines du monde à augmenter ce chiffre de
300,000 francs environ. Et non-seulement la presque totalité des
tableaux faux n'a pas trouvé acheteur, mais l'expert a eu à subir
une verte leçon pour la témérité de ses attributions. Il avait
demandé 100,000 francs pour le Portrait du pasteur Ellison
donné à Rembrandt avec le plus incroyable sans-gêne, et avait
vainement cherché un enchérisseur sérieux sur sa mise à prix de
60,000 francs. Il s'agissait de mettre ensuite en vente le portrait
de la femme dudit pasteur, un Rembrandt ejusdem farinœ. Cette
fois il n'osa plus risquer une mise à prix quelconque et se con-
tenta de s'écrier : « Allons, messieurs, faites un prix! Allons.
« messieurs, dites votre prix ! »

« Deux cents francs! » répondit nettement la voix d'un ama-
teur bien connu, M. Jean Dollfus, qui trouvait que la plaisan-
terie avait trop duré et qu'il était temps d'y mettre fin.

» Et c'est pour une collection si riche en œuvres fausses ou
frelatées qu'on a eu recours à des réclames, où l'on a été jusqu'à
imprimer qu' « on dira un jour :, Pur comme les hollandais de
« M. Schneider! » En gens avisés, plusieurs des anciens collègues
du défunt président du Corps législatif se sont bornés à assister
platoniquement à sa vente et à s'abstenir de toute enchère, tant
ils étaient fixés sur la pureté immaculée de la majorité de ses
tableaux. »

Le Temps, qui compte parmi ses collaborateurs l'un des au-
teurs des deux préfaces plus que risquées placées en tête du Cata-
logue, s'est abstenu de tout commentaire ; mais ses habitudes de
droiture ne lui permettaient pas de se rendre complice d'attribu-
tions inouïes, et dans les comptes rendus publiés dans ses numé-
ros des 8 et 9 avril, on a eu grand soin de remplacer les affir-
mations de l'expert par la formule très-significative attribué à,'
toutes les fois qu'il s'agissait d'eeuvres données par lui à Rubens,
à Van Dyck, à Rembrandt, à Murillo ou à Velasquez.

N'est-ce pas le cas de répéter :

« La galerie de M. Schneider est en effet, si l'on peut ainsi
parler, d'une franchise et d'une probité incomparables ! »

Et une troisième édition du pyramidal : « On dira un jour :
« Pur comme les hollandais de M. Schneider », ne vient-elle pas
bien à propos !

Ah! le bon billet qu'a La Châtre et que ce serait bouffon si
ce n'était si prodigieusement affligeant ! Vendeurs et acheteurs
sont également victimes en cette circonstance, et une aventure
aussi regrettable que cette vente Schneider porterait, si elle venait
à se renouveler, un préjudice considérable à la bonne renommée
de l'hôtel Drouot.

III.

VENDANT.

Les extraits que nous avons faits de divers journaux ont déjà
donné une idée de ce qu'ont été les enchères. Nous croyons
utile aux intérêts des collectionneurs de les étudier en détail.

La vente se composait de 52 tableaux, de 47 dessins et aqua-
relles, et de 4 tapisseries. Ces dernières n'ont point paru à l'hô-
tel Drouot; elles ont, dit-on, été vendues à l'amiable et très-
brillamment peu de jours avant l'adjudication de la collection.

N° 1 du Catalogue. — Marine, par Bakhuisen, que l'expert
écrit Backuysen et qu'il fait mourir le 7 novembre 1709, tandis
 
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