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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Falke, J.: Rafael Donner
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0099

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RAFAËL DONNER.

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artistique de ces diverses figures est rendue aisément compréhensible par les illustrations jointes à
cet article. Quoique l'idée ne soit pas une, car entre la figure du milieu et les autres il n'y a pas de
corrélation, — ce qui s'explique par l'histoire de la fontaine, — cette lacune n'est pourtant nullement
sensible au point de vue artiste de la conception. Bien haut au-dessus du milieu, mais non pas
assez haut pour être sans rapport avec le reste, s'élève la figure principale, assise sur un fût de
colonne dans une attitude pleine de grâce et de naturel, le bras droit appuyé sur un bouclier ou sur
un médaillon portant l'image de Janus; de la gauche, elle tient un serpent, symbole de l'intelligence.
Autour du piédestal sont placés quatre enfants dans des mouvements divers, chacun tenant un pois-
son du Danube. Les quatre figures colossales, qui représentent les rivières Enns, Yps, Mardi et
Traun, sont couchées sur le bord de la vasque. L'Yps et la March sont des figures de femmes,
l'Enns et le Traun, des figures d'hommes. On ne doit pas chercher une trop grande précision dans le
caractère de ces figures, quoique dans leur genre elles soient très-variées et que l'artiste n'ait pas omis
d'y joindre quelques attributs significatifs. Le motif artistique était sans nul doute sa préoccupation
dominante.

Le Traun, la plus sauvage et la plus pittoresque de ces rivières, est représenté sous la forme
d'un homme puissant, lequel, une jambe étendue par terre, l'autre appuyée sur un fragment de rocher,
se penche sur la balustrade et vise avec un trident un poisson dans la profondeur de la vasque. C'est
là peut-être une allusion aux merveilleux lacs de montagnes que le Traun traverse. Le motif, qui tend
et .développe tout le corps de l'homme, mettant les muscles en mouvement et leur donnant l'aspect
de la vie, est habilement choisi par l'artiste pour manifester pleinement sa science de l'anatomie.

L'Enns, qui prend sa source dans le pays du fer, célèbre de longue date, est représenté sous
la figure d'un vieillard au repos, une rame dans la main droite et quelques faisceaux de barres de fer
à ses côtés.

Une femme, d'une beauté opulente, représente l'Yps, rivière insignifiante, qui n'a rien reçu pour la
caractériser que deux des poissons qui vivent dans ses eaux.

La March, dont la statue est jeune et élégante de forme, est aussi la seule de ces rivières qui ne
descende point des montagnes ; elle promène son cours serpentin à travers des bois, des prés et des
plaines fertiles. Ses rivages ont vu bien des batailles ; l'une d'elles, entre Marc Aurèle et les Quades,
est reproduite sur une pierre à laquelle s'appuie la figure féminine, en relief légèrement tracé.

Rafaël Donner est arrivé dans cette œuvre grandiose, qu'on doit considérer comme son œuvre
principale, au sommet de son art. Il a complètement répudié l'esprit de la sculpture contournée de son
temps, en même temps que la boursouflure du pathos et l'afféterie précieuse et maniérée. Il estrevenu à
la nature et a étudié, non sans avantage, les œuvres de sculpture antiques peu nombreuses que lui
offrait Vienne. Par ces qualités sérieuses, le sentiment de la beauté dans l'esprit de l'antique, la
pleine vérité d'interprétation de la nature et la connaissance approfondie de l'anatomie, il est unique
parmi les sculpteurs autrichiens aussi bien parmi ceux qui l'ont précédé que parmi ceux qui lui ont
immédiatement succédé.

Malheureusement cette fontaine devait rester son œuvre unique d'une importance aussi saillante,
et même elle n'a pas échappé à de fatales vicissitudes.

La matière fragile, incapable, là où elle n'avait pas un solide appui, de supporter son propre
poids, nécessita bientôt des réparations, et fit naître en même temps le désir de refondre la belle
œuvre en bronze, afin de la conserver à tout jamais. Vers l'année 1770 on enleva même les quatre
figures de leur place pour les conserver dans l'arsenal civil, parce que, dit-on, l'eau de la fontaine
était trop peu abondante pour suffire aux quatre urnes. En 1801 seulement on les remit à leur place,
après les avoir fait restaurer parle professeur Fischer. Finalement on est revenu à l'idée de les refon-.
dre en bronze, parce qu'elles se déformaient et menaçaient de se briser. Depuis quelques années, à
la place des fontes originales en plomb se trouvent les copies en bronze, exécutées à la fonderie im-
périale de Vienne.

Après cette œuvre, ce que Rafaël Donner a conçu de plus important, et peut-être son chef-
d'œuvre au point de vue de la beauté, est un relief représentant la délivrance d'Andromède par
Persée, commandé également par le conseil communal de Vienne, et placé sur une fontaine de l'hôtel
 
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