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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Chronique étrangère
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CHRONIQUE

vient de consacrer le feuilleton de Y Indépendance belge du 15 avril
à une très-intéressante Chronique des Beaux-Arts. Il y étudie
les récentes acquisitions du Musée Royal de Belgique qui l'a
échappé belle, lors de la terrible tempête du mois de mars :

« Les nouvelles galeries du musée ont été ravagées par l'ou-
ragan du 12 mars. Les feuilles de zinc qui couvraient une partie
de la toiture ont été arrachées par le vent et jetées sur le vitrage
qu'elles ont brisé. Il n'est pour ainsi dire pas resté un carreau
entier. Chose aussi heureuse qu'extraordinaire, pas un tableau
n'a été atteint par les débris qui sont tombés au milieu des salles.
Celles-ci n'étant plus abritées, il a fallu .se hâter d'enlever les
peintures qui ont été transportées dans la Salle dite de Rubens,
préservée, comme la galerie ancienne moins exposée que la nou-
velle aux effets de la tempête. Il s'écoulera cinq ou six semaines
avant que les réparations nécessaires aient pu être faites aux bâti-
ments dévastés. On remédiera, paraît-il, à certains vices de con-
struction des toitures de manière à prévenir le retour d'accidents
semblables. Il faut se hâter, afin que toutes les salles du musée
soient accessibles au public, à l'époque très-prochaine où com-
mencera le passage des voyageurs qui s'empressent de visiter
notre galerie nationale. »

Espagne. — L'exposition des Beaux-Arts de Madrid a été
ouverte le samedi 8 avril par le Roi Alphonse XII qui a pro-
noncé, à cette occasion, le discours suivant :

« Messieurs, j'éprouve une bien vive satisfaction de présider,
pour la première fois depuis mon avènement, à l'ouverture so-
lennelle de l'Exposition des Beaux-Arts; je suis heureux de voir
que, malgré les tristes et difficiles circonstances que le pays vient
de traverser, le niveau des arts ne s'est point abaissé.

« Je constate même avec plaisir une sorte de renaissance ar-
tistique qui me permet d'espérer pour nos jeunes artistes les ré-
sultats les plus favorables, pour notre patrie un brillant avenir,
grâce à ces luttes de l'intelligence qui doivent resserrer entre
nous les liens de l'union.

« J'aime à espérer que notre époque ne sera pas moins glo-
rieuse que celle de Murillo, de Michel-Ange, de Velasquez, de
Berruguete et de tant d'autres qui ont su s'élever si haut dans
l'art si difficile que nous fêtons aujourd'hui.

« Quant à moi, je suis disposé à encourager les progrès ar-
tistiques par tous les moyens qui sont en mon pouvoir, intime-
ment convaincu qu'ils contribueront dans une large mesure à la
prospérité et à la gloire de l'Espagne. »

Italie. — On écrit de Pise à la Ca\ette de Mccklembourg
que le tableau du Sodoma « le Sacrifice d'Abraham » qui avait
été enlevé de la cathédrale, très-endommagé, et pour ainsi dire à
l'état de toile complètement moisie, y a repris récemment sa
place après avoir subi une restauration très-habile, très-intelli-
gente et « sans retouche. » Il faut le voir pour le croire, écrit le
correspondant. Le fait est que les restaurations sont rarement
aussi discrètes. Le restaurateur est un jeune peintre de Pise qui
vient d'être appelé à Florence et dont on vante beaucoup
l'adresse.

— On construit en ce moment à Padoue, aux frais de la
ville, deux vastes édifices dont les riches façades sont décorées dans
le style si justement appelé style lombard, qui prit naissance en
Lombardie, au ixe siècle et dont on peut trouver les éléments
dans les basiliques de Saint-Ambroise de Milan et de Saint-Michel
à Pavie. Cependant les deux édifices en construction n'ont pas la
rigidité primitive, mais appartiennent, surtout par les détails, à la
manière plus élégante et plus svelte que cette architecture adopta
dans plusieurs hôtels de ville d'Italie vers la moitié du xine siècle
et dont on trouve de beaux spécimens à Crémone, à Plaisance ou
a Gubbio.

Un de ces bâtiments s'élève vis-à-vis de la façade occidentale
du grand Salone la plus vaste salle du monde et superbe monument,
bâti de 1172 à 1209, dont l'austère simplicité témoigne de la
puissance de la république padouane vers la fin du xne siècle.

Lf rez-de-chaussée du nouvel édifice se compose d'un vaste

ÉTRANGÈRE. 91

portique à colonnes sur lesquelles reposent des arcades dont les
archivoltes et les chapiteaux offrent des profils admirables ; au-
devant «les neuf arcades dont ce portique est formé, s'ouvrent
un égal nombre de boutiques avec arrière-boutique et cabinet en
entre-sol. Les deux étages supérieurs forment des appartements
qui seront mis en location. La beauté grandiose des masses mu-
rales, la forme sévère des fenêtres à double baie accouplée
(bïfores), l'élégante simplicité des moulures qui rappellent le style
lombard sans sentir le pastiche, et la parfaite exécution de la bâ-
tisse en général, surtout dans les appareils en pierre et en marbre,
font de cet édifice un des plus beaux monuments érigés de notre
temps dans la haute Italie. L'auteur est M. Camille Boito, pro-
fesseur d'architecture à l'Académie des Beaux-Arts de Milan.

C'est au même architecte que le Municipe vient de confier les
travaux nécessaires pour achever le musée de la ville. Il s'agissait
d'y adjoindre une bibliothèque de cent mille volumes, que l'on
doit ajouter aux œuvres d'art et d'archéologie qui y sont déjà
rassemblés. C'était un travail hérissé de difficultés. Il fallait
adapter une décoration nouvelle à un vieux bâtiment qui s'y prê-
tait fort mal. L'artiste s'est tiré assez heureusement de cette
énorme difficulté. Il a particulièrement réussi la façade et le
grand escalier. Ces deux pièces, par l'agencement de leurs parties
et de leur ornementation, prouvent des études solides et une
grande richesse d'imagination, heureusement soumise aux lois du
style. Le caractère général de ce style est encore celui du lom-
bard, mais avec des modifications qui donnent à l'œuvre un cer-
tain cachet d'originalité. Ces deux bâtiments coûteront à la
ville environ 700,000 francs.

— Le statuaire Noël Sanavio, professeur de plastique et de
sculpture ornementale à l'école de dessin, vient de terminer une
statue qui lui avait été commandée par le Municipe. C'est la
représentation plus grande que nature d'un des héros de Padoue,
ancêtre du célèbre moine brûlé à Florence, le fameux Antonio
Savonarola , qui repoussa Eccelino quand ce tyran essaya de
prendre d'assaut une des portes de la ville. Cet audacieux capi-
taine fut (à ce que nous apprennent plusieurs chroniques) la
souche de la famille à laquelle appartient le célèbre fra Giro-
lamo, le réformateur malheureux qui périt à Florence sur le
bûcher, en 1498.

Cette œuvre fait le plus grand honneur à l'artiste qui l'a
composée; la figure a un air imposant, une expression de vail-
lance et de courage indomptable, comme dut l'avoir l'homme de
guerre qui sut tenir tête à l'un des plus formidables capitaines
du moyen âge.

Suisse. ■— L'Exposition nationale des Beaux-Arts est ouverte
à Genève. D'après le Journal de Genève elle est plus importante
que les précédentes par la quantité et plus remarquable par la
qualité. Les paysages dominent. La sculpture est faiblement re-
présentée.

Pays-Bas. — Le sculpteur hollandais Ferdinand Leenhoff qui
habite Paris oû il a remporté d'éclatants succès aux Salons
annuels — il a été décoré en 1872 — a terminé la statue élevée
à la mémoire de l'éminent ministre Thorbecke qui fut un grand
citoyen. Le monument devait être érigé à La Haye, mais de
mesquines et haineuses intrigues de parti ont fait échouer ce
projet. L'administration communale d'Amsterdam s'est alors
empressée de voter un emplacement sur le Kaasplein où la
statue sera prochainement inaugurée ; celle de Rembrandt occu-
pera le centre du Botermarkt. On a maintenant l'intention d'élever
une statue à La Haye à Spinoza. Si la résidence royale oppose de
nouveau quelque absurde refus, la capitale du royaume, Amster-
dam, est très-résolue à accueillir ce nouveau monument.

— Notre éminent collaborateur, M. C. Vosmaer, met la der-
nière main à une nouvelle édition considérablement augmentée
de son beau livre sur Rembrandt et achève une traduction
d'Homère en hexamètres-hollandais, dont il commencera par faire
paraître trois ou quatre chants, avec des illustrations empruntées
aux vases et aux statues de la Grèce.
 
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