DOI article:
Leroi, Paul: Burger et Carpeaux
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0131
BURGER ET CARPEAUX. 105
l'œil d'un peintre1. » Sa verve railleuse se serait complu à lutter avec l'étonnante création de Carpeaux et
à tracer à nouveau sans cesser d'être équitable le portrait de l'artiste dont la « manière supercoquen-
tieuse et malsaine2 » lui était si antipathique, ce
qui ne l'a pas empêché de lui rendre — à propos ^^^^^^sbe-»^.
de l'Exposition universelle de 1867 — toute jus- M^^^^^^^^^^
tice. ' M. Gérome, a-t-il écrit alors3,a des qua- j^^KftBK^Ki^fesa^^^^^W
lités très-particulières : il peint les ligures comme Jw^ÊÊSÊÊ^^^^^^^^^^^^^^^
M. Biaise Desgoffe peint les objets inanimés. mf/imÉ^M1 '^^^'^^^^^^^-«i
Ses personnages sont toujours précieusement ^'^j^^^^^m
exécutés en ivoire, en métal, en quelque ma- wÊffli|B^^^^* ' ■ ^^jÊS^j^ ^^BNfftl.
tière dure et luisante. Ça n'a pas l'air de vivre, f««85^: \
mais c'est curieux comme un bijou d'orfèvre. lmi~fflmfPl^^^^^p 1 '^Jj^^^^^^
Peinture comprimée, compressée, constipée, "^SmHBé^*- Il ■ .^J^wb^^
consternée, resserrée, immobilisée. Prenez à la ^^^^^^^1 '«sl^É^^ ' ' ' |l| Jfjr^
main la petite Phryné, un biscuit de Sèvres, ou ^^lfflM^^f^^\^l ^■■*wbr
l'Aimée, une figurine grotesque en porcelaine ^^^oÉmÊ^^^ÊÊ^^ mt
japonaise. La manière de M. Gérome a beau- raHL^^P^fi^^; -
coup d'analogie avec la manière de Willem ^fBÉÉÉ^ss^lr ^''nm
Mieris. C'est un rapetissement et un refroidis- lÊÊÈÊt^ÊÊÊr lf%
sèment des figures et des objets. Plus une W^wlf*^ ^ m^s.
image est petite, plus on en voit tous les détails ^^^Pvf " ^^Sk
dans ces tableaux microscopisants. La nature ^^^fittÉ'i
offre l'effet contraire. Si vous regardez de près Jh'^^otF /£v
un être ou un objet quelconque, vous en pouvez ^J||P' J_^^sç—WÊ
distinguer toutes les minuties qui s'effacent ^^imI>Pv-'"^J^^^ J^iy
successivement à mesure que l'objet s'éloigne ^^tlÉL/*'^JÊÊÊÊÊwr
du regard, de sorte que, à distance, quand la ^ v^iP^^ |jr
proportion est réduite par la perspective, quand ^^^^I^^J^^'mBbII
une figure de grandeur naturelle semble n'avoir ï^^^K&M^^^^^^
qu'un dixième de sa taille réelle, on n'en voit V^"' " j^ll'^^^^^^^^^
plus que la forme générale et certains accents ^6^^jËg^^i55li^llB^^
caractéristiques. Le procédé de Willem Mieris, ^waife^â^^^^^^^^^^r
de M. Gérome et de tous les peintres porce- j ? |j'^|j||ï - \
lainiers est donc antipathique au sentiment de fj ' V " Il »
la nature et à l'art véritable. Ce qui n'empêche /y u\ \
pas que ce genre de coloriage, poussé à une ^^^s^^^^^- )\
extrême délicatesse, ne séduise de riches ama- jp^^Z*^ ====^^^\i IZ^^
teurs. Willem Mieris est plus cher que l'excel- f . U
lent Nicolas Maes. M. Gérome est aussi cher tb M n
« 11 a treize tableaux à l'Exposition univer-
selle, et ses plus célèbres : la Mort de César,
les Gladiateurs, la Phryné, Y Aimée, le Molière, Fac-similé d'un dessin de a. Lançon, d'après le buste de Carpeaux.
le Rembrandt, etc. C'est surtout ce Rembrandt
qui contrarie les fanatiques du grand artiste hollandais. Treize est un nombre néfaste. La douzaine
suffisait, sans Rembrandt.
« M. Gérome, malgré ses mièvreries, est pourtant un peintre qui restera. S'il est burlesque dans
ses sujets grecs et romains, Alcibiade ou César, etvdans ses sujets historiques, Rembrandt ou Molière, il
1. Bûrger, — Salon de 1865, — tome II, page 174.
2. Biirger, — Salon de 1864, — tome II, page 55.
3. Bùrger, tome II, pages 350 et 351.
Tome V. 14
m. gérome.
l'œil d'un peintre1. » Sa verve railleuse se serait complu à lutter avec l'étonnante création de Carpeaux et
à tracer à nouveau sans cesser d'être équitable le portrait de l'artiste dont la « manière supercoquen-
tieuse et malsaine2 » lui était si antipathique, ce
qui ne l'a pas empêché de lui rendre — à propos ^^^^^^sbe-»^.
de l'Exposition universelle de 1867 — toute jus- M^^^^^^^^^^
tice. ' M. Gérome, a-t-il écrit alors3,a des qua- j^^KftBK^Ki^fesa^^^^^W
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M. Biaise Desgoffe peint les objets inanimés. mf/imÉ^M1 '^^^'^^^^^^^-«i
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mais c'est curieux comme un bijou d'orfèvre. lmi~fflmfPl^^^^^p 1 '^Jj^^^^^^
Peinture comprimée, compressée, constipée, "^SmHBé^*- Il ■ .^J^wb^^
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l'Aimée, une figurine grotesque en porcelaine ^^^oÉmÊ^^^ÊÊ^^ mt
japonaise. La manière de M. Gérome a beau- raHL^^P^fi^^; -
coup d'analogie avec la manière de Willem ^fBÉÉÉ^ss^lr ^''nm
Mieris. C'est un rapetissement et un refroidis- lÊÊÈÊt^ÊÊÊr lf%
sèment des figures et des objets. Plus une W^wlf*^ ^ m^s.
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un être ou un objet quelconque, vous en pouvez ^J||P' J_^^sç—WÊ
distinguer toutes les minuties qui s'effacent ^^imI>Pv-'"^J^^^ J^iy
successivement à mesure que l'objet s'éloigne ^^tlÉL/*'^JÊÊÊÊÊwr
du regard, de sorte que, à distance, quand la ^ v^iP^^ |jr
proportion est réduite par la perspective, quand ^^^^I^^J^^'mBbII
une figure de grandeur naturelle semble n'avoir ï^^^K&M^^^^^^
qu'un dixième de sa taille réelle, on n'en voit V^"' " j^ll'^^^^^^^^^
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de M. Gérome et de tous les peintres porce- j ? |j'^|j||ï - \
lainiers est donc antipathique au sentiment de fj ' V " Il »
la nature et à l'art véritable. Ce qui n'empêche /y u\ \
pas que ce genre de coloriage, poussé à une ^^^s^^^^^- )\
extrême délicatesse, ne séduise de riches ama- jp^^Z*^ ====^^^\i IZ^^
teurs. Willem Mieris est plus cher que l'excel- f . U
lent Nicolas Maes. M. Gérome est aussi cher tb M n
« 11 a treize tableaux à l'Exposition univer-
selle, et ses plus célèbres : la Mort de César,
les Gladiateurs, la Phryné, Y Aimée, le Molière, Fac-similé d'un dessin de a. Lançon, d'après le buste de Carpeaux.
le Rembrandt, etc. C'est surtout ce Rembrandt
qui contrarie les fanatiques du grand artiste hollandais. Treize est un nombre néfaste. La douzaine
suffisait, sans Rembrandt.
« M. Gérome, malgré ses mièvreries, est pourtant un peintre qui restera. S'il est burlesque dans
ses sujets grecs et romains, Alcibiade ou César, etvdans ses sujets historiques, Rembrandt ou Molière, il
1. Bûrger, — Salon de 1865, — tome II, page 174.
2. Biirger, — Salon de 1864, — tome II, page 55.
3. Bùrger, tome II, pages 350 et 351.
Tome V. 14
m. gérome.