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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Renaud, Victor: Salon de 1876: sculpture; [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0136

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I IO

L'ART.

reconnu que la plus insigne faveur ne peut forcer les portes du Palais avant le moment indiqué? — A la
vérité je n'ai pas la puissance d'Asmodée, et ne possède point non plus l'anneau merveilleux de Gygès ;
mais un sort aimable, le hasard, si vous voulez, m'ayant entr'ouvert les terribles portes bien avant même
le placement définitif des objets d'art, j'ai pu, sans enfreindre les règlements, sans aucune tentative de
corruption sur les gardiens, sans sollicitations auprès des fonctionnaires, jeter à la hâte un coup d'œil

sur les marbres et les plâtres qu'on ira voir au
Salon de cette année. Je ne prétends rien juger
aujourd'hui — la sculpture demandant un exa-
men long et sérieux pour être appréciée avec
exactitude — mais je crois pouvoir dire que cette
exposition est particulièrement remarquable.
Bientôt je pourrai présenter les résultats d'une
étude plus complète qui sera plus en rapport avec
le critérium que j'ai adopté et que j'aurai l'oc-
casion d'exposer dans le cours de ce travail.

Ce critérium est-il juste ? Est-il conforme
aux goûts et aux aspirations du moment? Je ne
saurais le dire. Sera-t-il d'accord avec la mode
qui établit même sur les œuvres d'art son fatal
empire ? Je n'ose pas l'espérer. Ce que je puis
affirmer, c'est que mes jugements seront portés
en connaissance de cause, après un examen
consciencieux et sincère, et que je ne risque-
rai pas une critique, quel qu'en soit le sens ou
la portée, sans faire tous mes efforts pour en
donner de bonnes et justes raisons. Depuis
de longues années j'ai pu voir les maîtres,
étudier leurs œuvres et les comparer avec la
nature ; je me suis efforcé de comprendre par
quel mystérieux travail ils ont animé le marbre
de leur propre vie et communiqué à la matière
le souffle de leur âme immortelle ; là est le secret
des chefs-d'œuvre.

Mais la réflexion et les souvenirs s'offriront
d'eux-mêmes et trouveront naturellement leur
place quand nous parlerons des œuvres. Puis-
qu'elles viennent à peine d'être placées et que
nous n'avons pu encore ni les comparer entre
- ' ûntïrj), elles, ni les mettre en parallèle avec les œuvres

d'autres époques et d'autres pays, — comparai-
sons qui déterminent les types dont je me sers pour
mes appréciations, — bornons-nous aujourd'hui
à une promenade rapide à travers les doubles
rangées de marbres, de plâtres et de terres
cuites. Le premier sentiment au milieu de ces œuvres dont chacune retrace une pensée, un effort
d'imagination, un rêve, est un sentiment d'admiration pour tous ces hommes vaillants qui luttent
contre des difficultés inouïes, que ceux-là seuls connaissent véritablement qui les ont affrontées.
Combien de travail, dé patience, avant d'arriver à produire la plus simple statue! Je dirai les
obstacles et les misères de la terrible profession de statuaire et je tâcherai d'inspirer aux heureux et
aux puissants le désir d'y trouver remède. Songe-t-on assez au mérite de ces jeunes gens qui, pleins
d'ardeur, d'ambition, hantés par des rêves de gloire, se précipitent avec leurs illusions dans la car-

Saint Sébastien.

Fac-similé d'un dessin de Bichard, d'après la statue
de Jean Gauthcrin.
 
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