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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Renaud, Victor: Salon de 1876: sculpture, [7]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0281

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246 L'ART.

sortes de sujets. La tête a conservé pleinement la ressemblance qu'elle doit avoir avec le bouc, compa-
gnon inévitable des suivants de Bacchus.

M. Leroux, dans son Ama\one blessée, nous présente les formes pleines et vigoureuses d'une jeune
guerrière. Les jambes sont d'un dessin charmant et le torse est gracieux malgré son développement
peut-être un peu exagéré-, mais le mouvement général ne se prête pas aux exigences de la sculpture.

La statue semble ne pas se tenir debout; va-t-elle tomber? Je crois
bien que M. Leroux a voulu nous faire comprendre cette chute
imminente : c'est là précisément que se trouve le désaccord avec
les moyens de la sculpture. Cette sensation produite par une statue
en équilibre instable est toujours pénible et devient fatigante à la
longue. Le mouvement singulier du bras appuyé sur le tronçon de
javelot n'est pas non plus très-heureux. Les bras eux-mêmes sont d'un
beau modelé, large et serré, la tête est gracieuse, quoique son mou-
vement soit un peu forcé. Les pieds et les mains sont très-bien
traités et je retrouve toutes les qualités que j'avais déjà souvent ad-
mirées dans les œuvres antérieures de M. Leroux; le choix du sujet,
les moyens de le rendre par les procédés de la statuaire n'ont pas
assez préoccupé l'artiste, et, malgré les très-grandes qualités de l'exé-
cution, le beau choix des formes bien rendues, nous n'avons là qu'un
très-bon morceau de sculpture, mais une médiocre statue.

h'Ossian de M. Allouard, avec quelques parties bien exécutées,
a pour nous un tort immense : c'est de ne nous donner en rien l'idée
du barde d'Ecosse. Nous n'avons pas de documents plastiques sur les
mœurs et le costume des habitants de ces pays de frimas, de ces Calé-
doniens, qui, très-probablement, n'exposaient pas leurs torses nus aux
bises glaciales des mers du Nord pour le simple plaisir de montrer des
pectoraux bien modelés et des dentelés bien compris.

Le Conteur arabe de M. Ponsin a, lui, plus de couleur locale. La
tête de sa statue est un véritable portrait d'Arabe. Les muscles du

corps, fermes, et les articulations fines, sont justes dans les formes de

Faune.

_ . ., ,, • n * i cette nature condensée par les ardeurs du soleil. Le mouvement de

Fac-stmile d un de3sm de P. Achet, -T

d'après le bronze de Blanchard. cette statue est bien rendu, la tète est spirituelle, elle parle éloquem-

(Salon de 1876.) — • . . . x , r • s-\

ment, et on s attarderait avec plaisir a écouter son récit. On sent que
cette tête pense, et cet homme si simple et si pauvre sur son siège de paille doit avoir dans sa tête
exaltée toutes les magnificences avec lesquelles il va séduire ses crédules auditeurs, faciles à émouvoir,
parce qu'eux-mêmes sont en communion d'idées avec le poète. Ils ont le sentiment des splendeurs
rêvées sous leur ciel d'azAir et de feu.

Le Torrent de M. Basset descend bien de la montagne. Certaines parties de cette statue sont
étudiées avec savoir, les jambes sont fines et savamment modelées, les divisions du torse sont justes,
les bras ont un mouvement bien développé ; mais pourquoi faire une statue qui menace continuelle-
ment le spectateur de sa chute? A la vue d'un torrent qui se précipite, l'homme prudent s'enfuit; je
crains fort que, au lieu de la regarder avec l'attention que méritent ses qualités d'exécution, on ne
s'éloigne avec terreur de cette œuvre peu sculpturale. Le choix du sujet! ! toujours le choix du sujet!! !

Victor Renaud

( La suite au prochain numéro.)
 
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