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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Chronique de l'hôtel Drouot
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0352

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JI2

L'ART.

tiennent donc à l'âge d'or de son talent en fleur. Le portrait du
pasteur Ellison surtout est une admirable chose. Il a l'éclat et la
limpidité, dans sa tonalité austère, des meilleures œuvres de cette
période, et, de fait, c'est un des plus beaux portraits de Rem-
brant que nous connaissions. »

Ces enthousiasmes ultra-fantaisistes ne constituent nullement
des circonstances atténuantes en faveur de l'expert ; ces messieurs
ont, en effet, le droit d'être aveugles, lui seul ne l'a pas.

Et ce n'"est pas seulement ces énormités littéraires que l'on a
servies au public ; on a essayé, mais en vain, de la propagande
orale de même force pendant les expositions privées, particu-
lières et publiques ; il ne s'y est pas un seul instant laissé
prendre. Ce qui s'est produit de plus réjouissant, c'est que des
jeunes gens qui ne doutent de rien ont eu l'ingénuité de s'adres-
ser à M. Charles Pillet lui-même, pour lui démontrer non-seu-
lement que ces toiles apocryphes étaient des Rembrandt, mais
encore des Rembrandt très-supérieurs à celui de la vente Lis-
singen! ! ! Jamais on n'a pris plus de plaisir à étudier la physio-
nomie si mobile, si expressive de ce spirituel railleur qui exerce
à Drouot une royauté incontestée ; le commissaire-priseur se
taisait et le sourire narquois de ce fin connaisseur, un collection-
neur raffiné qui recherche la qualité et non les attributions am-
bitieuses et plus que risquées, daignait seul répondre à ses naïfs
interlocuteurs.

Le mot de la fin sur ces Rembrandt que refuserait de signer
n'importe quel élève ou quel imitateur du maître, les Govert
Flinck, les Aart de Gelder, les Gerbrandt Van den Eeckhout, les
Salomon Koninck, les Pauditz, etc., ce mot a été dit par un
juge dont la compétence est indiscutée : « Ce qu'il y a encore de
plus authentique dans ces Rembrandt, c'est la signature — qui est
fausse. » Le faussaire en effet a bien imité une des signatures du
maître, mais celle qu'il s'est attaché à copier est d'une époque
très-postérieure à la date dont il a gratifié ces peintures molles,
flasques, veules, sans caractère aucun et qui lanternent pour tout
dire.

33, — Le Torrent de Ruisdael, un Ruisdael bien malade,
11,500 francs.

Les deux faux Snyders (n0' 34 et 35, Nature morte et Chasse
au sanglier) sont allées rejoindre le Rembrandt, le Rubens, le
Murillo et les Velasquez, qui, s'ils ne sortent pas tous de la
même mauufacture, sont bien tous de même acabit. A propos du
premier de ces Snyders, dont l'Ordre de Vacation a persisté à
faire Sneyders pour continuer les hérésies du catalogue, un des
principaux amateurs de Paris, — sa précieuse collection est splen-
didement installée boulevard Haussmann, — faisant remarquer
l'impossibilité de pareille attribution au moment même où s'abais-
sait le marteau du commissaire-priseur, s'est écrié : « Voyez
donc le chat, est-il assez mauvais !» — « L'achat est pire ! »
répliqua aussitôt son voisin, un Anglais de Paris qui n'a pas
oublié l'humour de la terre natale.

36. — Un médiocre Jan Steen, transformé en Jean van
Steen par l'expert qui en demandait 12,000 francs, n'a que très-
péniblement atteint 7,100 francs1.

40. —■ Mercure et Argus, tableau mythologique d'Adriaan
Van de Velde dont l'expert fait Van den Velde, — demande
40,000 francs, — adjugé pour 30,500 francs à M. Dutuit, de
Rouen.

Deux Natures mortes, de Jan Weenix; l'une en ruine est
rentrée au bercail, après avoir vainement cherché preneur à
9,600 francs; l'autre, de belle qualité et en parfait état, a
dépassé la demande (20,000 francs) de 2,100 francs.

C'est 20,000 francs aussi que demanda l'expert pour un
charmant Wynants (n» 47), acheté par M. le prince Paul Demi-
doff, au prix de 37,000 francs. Toutefois un repeint, heureuse-
ment facile à enlever, dépare cette œuvre exquise. Quant au
grand Wynants, l'Arbre dépouillé (n° 46), il est criblé de
retouches maladroites, et 8,200 francs, cest plus que ne vaut
cette toile avariée.

Le Wouwerman enfin, la Halte au camp, n045, a atteint non
sans peine le chiffre de 15,700 francs. Inutile d'en dire davantage.

(La fin prochainement.)

1. Ce Jan Steen était aussi catalogué Fête flamande, au lieu de Fête hollandaise.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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