Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

DOI Artikel:
Jouret, Théodore: Verdi, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0012

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
■rj <

Il 4 J*.

4 L'ART.

sionnées et injustes, rien n'a fait dévier de son chemin, tracé droit devant lui, celui qui
est resté et veut rester « le paysan de Busseto ». C'est aussi ce caractère de sincérité
qui est avant tout le côté sympathique, attractif, du talent de Verdi : nos instincts, nos
secrètes adorations sont loin de s'inféoder à la grande école dont le maître continue seul les
traditions; et pourtant, alors même que VErnani et le Nabucco, il y a trente ans, nous cho-
quaient par leurs effets d'outrance, par leur crudité de couleur, il y avait dans cette fougue
nerveuse et puissante quelque chose de spontané, de vivant, de « sincère », répétons le mot,
qui nous saisissait et qui dominait nos résistances, bientôt vaincues. Depuis, nous avons suivi
pas à pas cette vie si active, remplie d'études incessantes, consciencieuses; nous avons pris
plaisir à signaler les changements apportés à cette vaillante nature d'artiste par l'étude de la
technique musicale, par l'expérience, par l'observation des maîtres contemporains et des •
tendances nouvelles du drame lyrique; mais ce qui nous a toujours frappé, dans cette lente
et constante évolution vers un art plus épuré, c'est le robuste tempérament de la souche
native : une culture habile a couronné le sauvageon de fleurs d'une richesse, d'une délicatesse
de formes très-rares, inattendues peut-être ; regardez de plus près, et vous reconnaîtrez la vitalité
puissante, l'éclat lumineux, le parfum enivrant et un peu acre des fleurettes rustiques d'autrefois.

La critique, en Italie comme en France, a signalé plus d'une fois ce qu'on a pu appeler
les différentes « manières » de Verdi. Basevi, le très-sagace et très-habile rédacteur de
VArmonia de Florence, a trouvé jusqu'à quatre époques ou quatre styles dans l'œuvre du
maître, et encore s'arrètait-il au Ballo in maschera (1859). Basevi, par une sorte d'intuition —
fort remarquable — semble même entrevoir une nouvelle manière; celle qui devait, sept
ans plus tard, partir du Don Carlos pour arriver à l'Aida; il en marque les caractères avec
une admirable sûreté de jugement et une sorte de pressentiment dont nous montrerons bientôt
la curieuse réalisation.

Bien qu'on ait un peu abusé de ces classifications, d'habitude réservées à la peinture, il
y a des musiciens —.et Verdi est de ce nombre, — pour qui on les doit conserver : ce sont
les artistes qui ont subi, de façon évidente, l'influence des milieux divers ou s'est développé
leur talent. Par malheur, on a souvent forcé et faussé ces procédés de critique, au point de
dénaturer complètement la vérité. Pour ne parler que de Verdi, on est tombé dans d'étranges
exagérations en faisant de lui un disciple, un poursuivant des idées de Wagner, comme on
l'avait jadis « accusé », en Italie, de pencher vers le germanisme de Meyerbeer; et l'Aida
vient de voir renaître ces banales et trop niaises appréciations.

Dans l'examen rapide que nous allons faire de l'ensemble de ses œuvres, nous montre-
rons facilement que Verdi a toujours gardé son individualité puissante et forte ; l'influence
des maîtres a éclairé ses constantes études, affermi, ses convictions, guidé sa marche progres-
sive, mais elle ne lui a imposé ni la friperie des formes d'emprunt, ni les pastiches mala-
droits d'un art d'une autre essence, d'une autre race.

_iH^L_.----B.«««4 I
 
Annotationen