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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Chronique française
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0254

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CHRONIQUE FRANÇAISE.

2l6"

heureusement accommodée au menu train de la réalité ». Là
a on s'amuse sans désordre, avec une aimable sobriété. Rien de
brutal ; tout pour les yeux et l'entendement. Les plus infimes
aiment mieux le théâtre, les farces bouffonnes du Stenterello, que
la table ; au plaisir bestial ou mélancolique du cabaret, on pré-
fère les promenades au dehors, les longues prises d'air qui vivi-
fient le cœur et les poumons. Le « voyou » du Nord n'existe pas
à Florence. »

Rien d'étonnant qu'une ville ainsi peuplée ait été le véritable
centre artistique de l'Italie. C'est l'avis de M. Gourdault; c'est
aussi le nôtre, et c'est précisément pour cela que VArt a institué
en face du grand prix de Rome le grand prix de Florence. La
gloire de Rome, au point de vue de l'art, est en partie une gloire
de convention où entrent pour les trois quarts les souvenirs de la
Rome antique et de la Rome pontificale. Son art est surtout
affaire d'importation. Ce n'est pas une mère d'artistes comme
Florence. Tandis que Florence compte par centaines les chefs-
d'œuvre produits par ses enfants, que peut-on porter au compte
personnel de Rome? Jules Romain, et c'est tout.

La Rome antique a dû toute sa splendeur artistique aux Grecs
comme la Rome moderne doitla sienne à des Florentins, aux
Médicis devenus papes. Florence ne doit rien qu'à elle-même, au
génie spontané de ses fils. C'est Florence qui pour tout programme
enjoignait à Arnolfo « de faire le modèle ou dessin de la répa- ,

CHRONIQUE

— Nous avons parlé dans notre dernier numéro de la céré-
monie qui a eu lieu le 15 novembre dernier au Palais de l'In-
dustrie. Les discours qui ont été prononcés à l'occasion de la dis-
tribution des récompenses nous sont parvenus trop tard pour
pouvoir être insérés dans notre précédente livraison. Aujourd'hui,
malgré l'addition d'un supplément, le défaut d'espace nous oblige
à notre grand regret à laisser sur le marbre (comme on dit en
style d'imprimerie) les allocutions excellentes prononcées par M. le
ministre dès Beaux-Arts et par M. Edouard André. Nous pu-
blions seulement le discours de M. de Chennevières qui, rompant
en visière aux froideurs officielles, dans un langage chaleureux et
animé de la plus persuasive éloquence, a exposé les nécessités de
la création d'un Musée des Arts décoratifs. Il a bien voulu rap-
peler que c'est notre revue qui, la première, en a émis l'idée et a
ouvert une souscription pour cet objet. Nous l'en remercions
vivement ; mais ce dont nous le remercions surtout, c'est d'avoir
pris sôus son patronage une idée certainement féconde pour les
destinées artistiques de la France, c'est d'avoir apporté à sa pro-
pagation le concours de sa parole autorisée. Voilà ce qui nous
importe plus que tout éloge.

M. de Chennevières s'est exprimé en ces termes :

« Messieurs,

« La direction des beaux-arts a tout d'abord à vous remercier
du grand aide que vous venez de prêter à l'enseignement de ses
manufactures par l'exposition vraiment splendide de tapisseries,
que vous seuls pouviez organiser avec tant de goût et d'entrain.
Grâce à vous, Paris et les curieux de l'Europe entière ont pu
étudier dans ses phases diverses l'histoire complète d'un art
admirable qui n'a flori nulle part plus brillamment que dans
notre pays de France.

« Vous aviez appris que nous avions besoin de cette démons-
tration parlante pour nous assurer que les Gobelins et Beauvais
étaient ou n'étaient pas sortis de la vraie voie que nos manufac-
tures nationales ont pour mission d'enseigner elles-mêmes à
l'industrie privée; et je ne vous étonnerai point en vous disant
que la commission de perfectionnement des Gobelins, à peine
constituée, a voulu venir chercher chez vous, devant cette pro-
digieuse série de chefs-d'œuvre des différentes époques de la
Tome VIL

ration de Santa Reparata (c'était le nom de l'église qui occupait
primitivement la place du Dôme) avec la plus haute et la plus
somptueuse magnificence, de sorte que l'industrie et la puissance
des hommes ne puissent rien inventer de plus vaste et de plus beau,
et cela conformément à ce qui a été dit et délibéré en assemblée
publique et privée par les citoyens les plus sages de cette cité :
à savoir qu'on ne doit entreprendre les ouvrages de la commune
que si l'on a la pensée de les faire correspondre à l'âme magnanime
que composent les âmes de tous les citoyens unis et confondus
dans un même vouloir. »

La beauté de l'œuvre répondit à la magnificence du pro-
gramme. « Où voulez-vous être enterré? demandait-on à Buo-
narotti, qui venait de bâtir Saint-Pierre. — A une place, répon-
dit-il, d'où je puisse contempler éternellement l'œuvre de Bru-
nelleschi. »

Nous n'avons pas besoin de dire que les éditeurs ont donné
à la confection matérielle de ce livre tous les soins qu'il mérite.
Les quatre cents gravures qui l'illustrent sont pour la plupart
admirablement réussies. Le tout forme un splendide volume de
bibliothèque. Si cette lecture ne peut suppléer à un voyage en
Italie, on peut dire qu'elle est une excellente préparation pour
ceux qui peuvent se donner cette joie, et pour les autres, presque
une consolation.

Eugène Véron.

FRANÇAISE

tapisserie, les conclusions naturelles de son rapport. Elle a désiré
que notre administration conservât, au profit de nos tapissiers
et des élèves de l'École des Gobelins, et surtout au profit des
artistes auxquels nous aurions à demander dorénavant des cartons
peints pour modèles des tentures dont l'Etat peut avoir besoin,
une série de documents photographiés et coloriés d'après des
ensembles et d'après des morceaux empruntés à votre Exposition ;
et ainsi, vous pouvez dès aujourd'hui vous dire que ce que vous
venez de montrer au public va être le point de départ de nos
efforts nouveaux et de tous les progrès que l'avenir réserve à l'art
de la tapisserie. Ainsi aura porté son fruit, et l'aura porté à
pleine maturité, l'exposition que vous allez clore dans quelques
jours et qui n'aura été ni la moins brillante ni la moins utile
entre celles organisées par vous ; car c'est la bonne fortune de
chacune de vos expositions, messieurs, de laisser après elle le
souvenir d'un bienfait à l'art et d'un service au pays.

a Quand on se reporte, en effet, vers vos expositions passées, on
trouve'que vous avez déjà remué' bien des idées, et des idées qui
toutes pouvaient aboutir à une œuvre intéressante ; ainsi j'ai songé
parfois que votre avant-dernière exposition, celle qui avait pris
pour thème l'histoire du costume, aurait dù se résoudre en une
collection ethnographique, dans le genre de celles que montrent
avec fierté certaines nations du Nord; or, un tel musée des cos-
tumes nationaux manque absolument à la France. Je sais bien
qu'on dit toujours, et souvent avec raison, que l'espace fait défaut
dans nos monuments pour le développement de pareilles collec-
tions. Mais, en cherchant bien, il me semble que, dans le château
de Saint-Germain, par exemple, à côté et à la suite des très-
curieuses séries de l'art préhistorique ou de l'art gallo-romain,
quelques salles encore vacantes pourraient servir à l'établissement
d'une collection des costumes de nos ancêtres ou des derniers
costumes de nos provinces, comme vient de le commencer, pour
le costume militaire, au musée des Invalides, l'actif et intelligent
colonel Leclerc. Si les crédits de nos budgets se trouvaient trop
étroits pour parer à de grosses acquisitions dans ce sens, les
largesses des particuliers enrichiraient rapidement, je n'en doute
pas, le premier noyau déposé là.

« Je répète ici l'opinion de plusieurs des savants qui, après avoir
admiré dans les pays Scandinaves, lors des derniers congrès scien-
tifiques, les séries ethnographiques dont je parle, me disaient

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