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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Burty, Philippe: Un carnet de P. P. Prud'hon
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0019

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UN CARNET DE P. P. PRUD'HON

« ... En examinant tout ce qui a été recueilli des
ouvrages de Prud'hon — écrivait Eugène Delacroix —
on ne voit presque pas de transition entre les informes
essais de l'élève et les productions achevées du maître.
On trouve dans les cahiers sur lesquels il dessinait au
sortir de l'école le germe de ses plus belles inventions.
Son exécution même n'a pas varié depuis ses premières
études... » Cette remarque si juste sur un maître que
caractérisent la précocité et la netteté du sentiment,
privilèges communs d'ailleurs à tous les vrais maîtres,
semble avoir été écrite au sortir d'une visite chez
M. Marcille. Au moins s'applique-t-elle strictement au
petit carnet dont nous allons parler. Ce carnet porte, à
la fin, une date, 1801, mais certainement plus de vingt
4ans avant, Prud'hon l'avait déjà chargé de croquis
d'après les gravures et la bosse, de projets confus, de
notes d'aubergistes ou de marchands de couleurs, même d'une copie de lettre
d'amour. Et pour qui le comprend et l'aime ainsi que le faisait Delacroix,
Prud'hon est déjà là tout entier.

Rien n'égale l'attrait de ces albums que les maîtres ont portés dans la poche
de la veste, laissé traîner sur la table de l'atelier, oubliés durant des années dans un tiroir. 11 semble
qu'ils aient gardé quelque chose de la tiédeur de leur main. Celui-ci a reçu toutes les confidences,
et son indiscrétion charmante nous montre l'homme sensible en même temps que l'écolier et que
l'artiste fait. 1

Je ne l'ai eu que pendant quelques instants dans les mains, à la vente posthume de M. Camille
Marcille. Tout le monde voulait feuilleter au passage le précieux dossier, toucher la relique. Aujour-
d'hui j'ai, pour préciser mes souvenirs, une note que mon ami Edmond de Goncourt avait prise
autrefois, à loisir, et j'ai aussi sous les yeux la reproduction intégrale qu'ont exécutée MM. Yves et
Barret. Voici la note. Elle est extraite du Catalogue raisonné de l'Œuvre peint, dessiné et gravé de
P. P. Prud'hon, lequel paraîtra tout prochainement chez Rapilly :

« ... Le petit album d'Italie possédé par M. Camille Marcille, ce petit carnet de poche des peintres
du siècle dernier, relié en vélin blanc, et se fermant avec une courroie semblable à la courroie des taba-
tières qu'on appelle queues de rat, vient de se vendre à la vente du 6 mars 1876. Au milieu de croquetons
d'après l'antique, au milieu de croquetons d'après le Corrège, au milieu de premières pensées de com-
positions futures, parmi lesquelles se trouvait déjà a l'amour séduit l'innocence », au milieu de
crayonnages de toutes sortes mêlés à des notes biographiques sur les artistes anciens, se rencontre une
lettre d'amour que nous avons donnée dans la Biographie de Prud'hon. Ce document intime de la jeu-
nesse du peintre, ce petit livre d'art et d'amour brouillés ensemble, a été acheté 705 francs par un
des directeurs de l'Art, qui se propose d'en faire une reproduction entièrement fac-similée. »
 
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