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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Gherardi, Pompeo: Federico Brandani d'Urbino
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0320

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FEDERICO BRANDANI D'URBINO

ien que sa réputation n'ait point franchi les monts, le sculpteur Fede-
rico Brandani n'en appartient pas moins à cette brillante phalange
d'artistes dont, au xvie siècle, s'enorgueillissait la ville d'Urbino. De sa
vie, nous ne savons que fort peu de chose; mais les œuvres qu'il a
laissées lui assignent un des premiers rangs parmi les ornemanistes et
les statuaires de son époque. Pureté de la ligne, science de la perspec-
tive, étude raisonnée des exigences de l'architecture, art de draper ses
personnages dont il sait admirablement disposer les groupes et animer
le geste : telles sont ses qualités maîtresses.

Et ces qualités se révèlent avec une incontestable puissance dans
les sculptures des cheminées du château de Piobbico» exécutées en

i après des types elzOvinens. r

pour le comte de Brancaleoni. Le bon goût de la composition, la déli-
catesse des ornements, l'heureuse inspiration d'une fantaisie qui s'est librement donné carrière,
rappellent invinciblement les splendides bas-reliefs du palais monumental des ducs d'Urbino. C'est
là que l'on sent passer ce souffle si puissant et si pur de la Renaissance, seul capable, à mon sens,
de raviver au cœur des artistes le culte du beau, de ramener l'enseignement dans le droit chemin,
de rendre la jeunesse moins dédaigneuse du passé, moins exclusivement énamourée du présent.

Mais je reviens à Brandani, car les lecteurs de l'Art me sauront peut-être gré d'insister un
peu plus sur son œuvre. A Urbino même, et dans le palais des ducs, le maître a laissé entre autres
pièces capitales, deux soffites recouverts de nœuds et de rubans entrelacés avec une délicatesse sans
pareille, des corniches où courent de gracieuses figures au milieu des fleurs et des fruits, et enfin
les riches ornements qui encadrent les sujets religieux placés à la voûte de la petite chapelle de Gui-
dobaldo.

Mais les deux chefs-d'œuvre qui attirent particulièrement l'attention de l'artiste et de l'étranger
sont les bas-reliefs du palais Corboli et la crèche de l'oratoire de Saint-Joseph.

Les premiers se déroulent sur le vaste périmètre d'une salle immense figurant ici des combats sur
terre et sur mer, là des forteresses démantelées, plus loin encore de splendides festins, des temples,
des galeries ; et dans chacun de ces sujets si différents, partout la même grâce, la même abondance,
la même vérité du geste et surtout une connaissance exacte des costumes, des armes, des machines
en usage dans l'antiquité.

Quant à la Crèche, elle est traitée d'une façon vraiment supérieure, et jamais ce sujet si souvent
exploité n'inspira mieux un artiste. Au centre, une grotte en tuf. Les personnages qui l'occupent ont
une telle puissance de mouvement, une telle intensité de vie, que la parole semble jaillir de leurs
lèvres. A droite et à gauche des coteaux parsemés de villages et de chaumières, dominés dans
le fond par la petite ville de Bethléem. La joie céleste qui semble illuminer le visage de la Vierge, la
profonde méditation de saint Joseph, les poses variées des pasteurs, le reflet divin éclairant le visage du
Bambino, tout cela est d'une grâce et d'une vérité qui enchantent.

Dans cette admirable composition, l'observateur attentif retrouve à la fois l'élégance du Corrége,
le charme de Raphaël, la science anatomique de Léonard de Vinci, la noblesse des lignes de Bramante.
On sait d'ailleurs que Véronèse, enthousiasmé de ce chef-d'œuvre, le reporta sur une de ses toiles —
non des moins admirées.
 
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