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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Hugonnet, Leon: L' architecture arabe au Caire
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0270

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L'ARCHITECTURE ARABE AU CAIRE

'importance considérable et inattendue qu'ont acquise les études
égyptologiques, depuis la découverte de Champollion, a eu pour résultat
d'absorber l'attention des artistes et des savants, au grand préjudice des
innombrables et merveilleux produits de l'art arabe que renferme le
Caire. Le gouvernement égyptien lui-même s'est laissé entraîner
dans ce courant qui porte à ne voir, en Egypte, que les anti-
quités et il laisse tomber en ruines des monuments bien supé-
rieurs au point de vue artistique. Soit que les Turcs aient peu
d'estime pour tout ce qui vient des Arabes, soit qu'ils préfèrent
élever de nouvelles constructions auxquelles ils peuvent attacher
leur nom, il est toujours regrettable qu'ils n'aient pas cru devoir
. . ., ^ .. , „ „. ,. restaurer et préserver du vandalisme des touristes les monuments

Lettre tirée d un Traite de Calligraphie, 1

par le frate veSFsiano Amphiareo, de Ferrie (xvi« siècle), historiques du Caire. Nous savons que les artistes sont peu parti-
sans des replâtrages et qu'ils professent une grande admiration
pour les ruines. Ce sentiment s'explique lorsqu'il s'agit des monuments égyptiens, grecs ou romains;
mais l'architecture arabe ne possède pas autant de solidité et elle est beaucoup moins austère. Gra-
cieuse, élégante, polychrome, elle s'accommode très-peu de la vétusté, parce qu'elle brille moins par
les grandes lignes que par les détails infinis de l'ornementation.

11 n'est pas étonnant que les Arabes aient été inimitables dans leur architecture, car c'est presque
le seul art qu'ils aient pu cultiver, par suite de l'interdiction formulée par le Coran contre les idoles et
qui a été étendue, par des commentateurs fanatiques, à toute reproduction de la forme humaine. Bien
qu'il soit possible de signaler plusieurs infractions à cette rigoureuse réglementation, il faut reconnaître
qu'elle a déterminé la voie nouvelle dans laquelle se sont lancés les artistes arabes qui, renonçant à
imiter la nature, ont puisé en eux-mêmes toutes leurs inspirations. Chez eux la science s'alliait à
l'imagination et c'est dans la combinaison infinie des lignes géométriques qu'ils ont trouvé des concep-
tions si originales et d'une si prodigieuse variété. Car il faut noter que les artistes arabes ont mis leur
amour-propre à ne jamais rien imiter et à trouver toujours du nouveau, c'est pour cela surtout que les
monuments du Caire méritent d'être étudiés, car ils ne ressemblent nullement à ce que nous connais-
sons de l'architecture mauresque telle qu'elle s'est révélée en Espagne. De même que le dialecte
d'Egypte est plus rude que celui du Maghreb, les monuments du Caire sont plus austères que ceux de
Grenade et de Cordoue. Il semble que les architectes arabes aient subi, aux bords du Nil, l'influence
des majestueuses et énigmatiques constructions égyptiennes.

Comme exemple, on peut citer la mosquée du sultan Hakem, ce fou, que la tradition a représenté
comme ayant voulu se faire adorer et qui ne songeait probablement qu'à faire revivre les coutumes du
temps des Pharaons. Son peu d'orthodoxie est cause sans doute de la mauvaise réputation que lui ont
faite les historiens arabes. Mais lorsqu'on a vu la mosquée qui est son œuvre, on est persuadé qu'il
devait éprouver une vive admiration pour l'ancienne Égypte. En effet cette construction éveille à
peu près l'idée que produirait un obélisque planté sur une pyramide tronquée. Il existe du reste dans
la Haute-Egypte des temples dont les murs ont le même caractère que ceux de cette mosquée. Une
analogie encore plus étrange, c'est celle de ce monument avec le palais vecchio à Florence. Nous
ne parlons, bien entendu, que des proportions générales, car pour les détails de l'ornementation il n'y
 
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