CHRONIQUE FRANÇAISE
— La direction des musées vient de faire placer dans la
grande allée des Tuileries, qui est à côté de la terrasse des
Feuillants, vis-à-vis le pavillon de Marsan, un groupe en bronze,
Mercure enlevant Psyché, par Jean de Vries, sculpteur hollan-
dais, né à La Haye, vers 1550. Ce groupe figurait précédem-
ment au Louvre, dans la salle dite de Michel-Ange, qu'il a dû
quitter par suite de l'appropriation de cette salle pour l'exposi-
tion du portique Stenga, de Crémone, acquis dernièrement par
le musée du Louvre.
Exécuté vers 1590, par ordre de l'empereur Rodolphe II, ce
groupe, avec un pendant placé aujourd'hui au musée de Stock-,
holm, ornait la cour de Hradschin de Prague. Ils furent trans-
portés, tous deux, à Stockholm en 1648, à la suite du sac de
Prague par les Suédois. Le premier y resta, le second suivit la
reine Christine en France après son abdication. Christine le
donna au ministre des affaires étrangères, Abel Sarvien, mar-
quis de Sablé, dont les descendants le vendirent, avec le château
de Meudon, à Louvois. Louvois le céda à Colbert, dont le fils,
M. de Seignelay, en fit hommage à Louis XIV. En 1790, il
ornait un des bosquets de Marly. Il y resta jusqu'en 1794.
Transporté à ce moment au musée des Petits-Augustins, il fut
placé dans les jardins de Saint-Cloud en 1802. Ce n'est qu'en
1850 qu'il vint au Louvre occuper la place qu'il a quittée pour
l'allée des Tuileries.
CHRONIQUE ETRANGERE
Allemagne. — Une réunion d'artistes allemands et autri-
chiens, de chefs d'industries artistiques, de publicistes et d'ama-
teurs d'art, a eu lieu, à Munich, du 25 au 27 septembre. Cette
réunion, présidée par M. von Miller, directeur de la fonderie
royale et premier président du comité de l'Exposition allemande
de Munich, a consacré plusieurs séances en comités et trois
assemblées générales à l'examen de diverses questions relatives
au développement des industries d'art en Allemagne et au progrès
de l'enseignement des beaux-arts appliqués à l'industrie. Voici les
résolutions qu'elle a prises après de longs, intéressants et curieux
débats :
i° Les écoles d'art du soir pour les artisans, ainsi que les
écoles d'industrie artistique pour les femmes, sont des plus
utiles, et l'assemblée les recommande aux associations alle-
mandes, aux administrations municipales et aux gouvernements
des Etats;
20 L'assemblée prend la résolution de provoquer par tous les
moyens en son pouvoir la formation de sociétés d'arts et métiers
dans toutes les villes allemandes et autrichiennes de quelque
importance, afin d'établir une union permanente et vivace entre
les artistes allemands, les artisans et toutes les personnes qui
s'intéressent à leurs efforts ;
3° L'assemblée émet respectueusement le vœu que les gou-
vernements allemands, lorsqu'ils fondent des écoles d'art indus-
triel, introduisent dans les programmes scolaires et les règlements
organiques une disposition aux termes de laquelle aucun élève ne
soit reçu dans ces écoles d'art industriel en général ou écoles
spéciales affectées à telle ou telle branche d'industrie artistique,
à moins d'avoir prouvé non-seulement qu'il a reçu l'instruction
élémentaire, mais encore qu'il a appris pratiquement un métier et
qu'il a pratiquement travaillé dans un atelier au moins pendant
deux ans (cette résolution a obtenu la majorité des suffrages,
mais après un assez long débat, et elle a été assez vivement
combattue par M. von Hefner-Alteneck, directeur et conservateur
général du Musée national bavarois à Munich);
40 L'assemblée est d'avis que les écoles d'art industriel et
écoles spéciales ne doivent pas être des écoles préparatoires aux
académies des beaux-arts ;
50 Considérant que le régime douanier actuellement en
vigueur est nuisible au développement et au succès de l'art
industriel national en Allemagne même, l'assemblée demande au
Reichstag d'améliorer sa situation par une classification plus
rationelle et par le relèvement des tarifs sur certains articles,
quand il y aura lieu de renouveler les conventions internationales
(cette résolution protectionniste en matière d'art industriel est
un aveu de l'infériorité artistique de l'Allemagne; elle a rallié un
peu plus de la moitié des voix M. von Lutzov, de Vienne,
directeur de la Zcitschrift fiir bildende Kànst;z\a\t proposé une
enquête préalable par les chambres de commerce et d'industrie,
mais sa proposition n'a pas été mise aux voix) ;
6° L'Exposition d'art et d'industrie artistique, actuellement
ouverte à Munich, a donné à l'assemblée la conviction que l'in-
dustrie artistique de l'Allemagne ne sera dignement représentée
à la prochaine Exposition universelle de Paris que si elle se con-
forme unanimement et d'une façon homogène à un plan artiste-
ment médité, en relations étroites avec l'art; il faut en outre que
les œuvres à envoyer à Paris soient soumises à l'examen préalable
d'une commission d'hommes compétents, ayant le droit de les
repousser et seule investie du pouvoir de les admettre ; il con-
vient enfin que le Reichstag allemand vote les fonds nécessaires à
la réalisation de ce plan (cette résolution a été votée sans débat
à l'unanimité).
— Le peintre d'histoire Wilhelm Walthcr a terminé la frise
du manège royal de Dresde à laquelle il travaillait depuis
quatre ans. Cette frise a un développement de plus de 125 mètres.
Elle représente un cortège qui s'ouvre par des hérauts d'armes
ci des musiciens, suivis de nobles, de pages, de soldats, de
groupes représentant l'armée, l'enseignement, le travail, et qui
se termine par une cavalcade de princes saxons depuis Conrad le
Grand jusqu'au roi actuel et son frère.
Angleterre. — Il résulte des documents officiels qui vien-
nent d'être publiés par le conseil supérieur d'éducation, dépar-
tement des sciences et arts, que, pendant l'année 1875,1e nombre
des élèves recevant l'instruction dans les écoles d'art en relations
avec le South Kensington Muséum s'est élevé à 449,690, soit une
augmentation do 108,430 — plus de 27 % — sur l'année
précédente.
— La ville de Sydney, dans la Nouvelle-Galles du Sud,
possède depuis le 1er juin sa National Gallery. Le public y sera
admis gratuitement tous les vendredis et samedis dans l'après-
midi. Cette institution a été fondée par le conseil de l'Académie
des Beaux-Arts. Le Parlement de la colonie avait voté 50,000 francs
de subsides pour l'achat de tableaux. D'autres tableaux ont été
prêtés pour un temps plus ou moins long par des particuliers,
dans l'intérêc des études artistiques des élèves de l'Académie.
Belgique. — L'Académie royale de Belgique (classe des
Beaux-Arts) a tenu le 24 septembre sa séance publique annuelle.
Le roi et la reine y assistaient. A cette occasion, M. Gevaert,
directeur de la classe et directeur du Conservatoire royal de
musique de Bruxelles, a prononcé un remarquable discours sur
l'enseignement public de l'art musical à l'époque moderne. Après
avoir exposé l'origine et les raisons d'être des institutions d'en-
seignement musical, M. Gevaert analyse dans cette étude le
programme qu'elles comportent. Il s'associe sans réserve à
— La direction des musées vient de faire placer dans la
grande allée des Tuileries, qui est à côté de la terrasse des
Feuillants, vis-à-vis le pavillon de Marsan, un groupe en bronze,
Mercure enlevant Psyché, par Jean de Vries, sculpteur hollan-
dais, né à La Haye, vers 1550. Ce groupe figurait précédem-
ment au Louvre, dans la salle dite de Michel-Ange, qu'il a dû
quitter par suite de l'appropriation de cette salle pour l'exposi-
tion du portique Stenga, de Crémone, acquis dernièrement par
le musée du Louvre.
Exécuté vers 1590, par ordre de l'empereur Rodolphe II, ce
groupe, avec un pendant placé aujourd'hui au musée de Stock-,
holm, ornait la cour de Hradschin de Prague. Ils furent trans-
portés, tous deux, à Stockholm en 1648, à la suite du sac de
Prague par les Suédois. Le premier y resta, le second suivit la
reine Christine en France après son abdication. Christine le
donna au ministre des affaires étrangères, Abel Sarvien, mar-
quis de Sablé, dont les descendants le vendirent, avec le château
de Meudon, à Louvois. Louvois le céda à Colbert, dont le fils,
M. de Seignelay, en fit hommage à Louis XIV. En 1790, il
ornait un des bosquets de Marly. Il y resta jusqu'en 1794.
Transporté à ce moment au musée des Petits-Augustins, il fut
placé dans les jardins de Saint-Cloud en 1802. Ce n'est qu'en
1850 qu'il vint au Louvre occuper la place qu'il a quittée pour
l'allée des Tuileries.
CHRONIQUE ETRANGERE
Allemagne. — Une réunion d'artistes allemands et autri-
chiens, de chefs d'industries artistiques, de publicistes et d'ama-
teurs d'art, a eu lieu, à Munich, du 25 au 27 septembre. Cette
réunion, présidée par M. von Miller, directeur de la fonderie
royale et premier président du comité de l'Exposition allemande
de Munich, a consacré plusieurs séances en comités et trois
assemblées générales à l'examen de diverses questions relatives
au développement des industries d'art en Allemagne et au progrès
de l'enseignement des beaux-arts appliqués à l'industrie. Voici les
résolutions qu'elle a prises après de longs, intéressants et curieux
débats :
i° Les écoles d'art du soir pour les artisans, ainsi que les
écoles d'industrie artistique pour les femmes, sont des plus
utiles, et l'assemblée les recommande aux associations alle-
mandes, aux administrations municipales et aux gouvernements
des Etats;
20 L'assemblée prend la résolution de provoquer par tous les
moyens en son pouvoir la formation de sociétés d'arts et métiers
dans toutes les villes allemandes et autrichiennes de quelque
importance, afin d'établir une union permanente et vivace entre
les artistes allemands, les artisans et toutes les personnes qui
s'intéressent à leurs efforts ;
3° L'assemblée émet respectueusement le vœu que les gou-
vernements allemands, lorsqu'ils fondent des écoles d'art indus-
triel, introduisent dans les programmes scolaires et les règlements
organiques une disposition aux termes de laquelle aucun élève ne
soit reçu dans ces écoles d'art industriel en général ou écoles
spéciales affectées à telle ou telle branche d'industrie artistique,
à moins d'avoir prouvé non-seulement qu'il a reçu l'instruction
élémentaire, mais encore qu'il a appris pratiquement un métier et
qu'il a pratiquement travaillé dans un atelier au moins pendant
deux ans (cette résolution a obtenu la majorité des suffrages,
mais après un assez long débat, et elle a été assez vivement
combattue par M. von Hefner-Alteneck, directeur et conservateur
général du Musée national bavarois à Munich);
40 L'assemblée est d'avis que les écoles d'art industriel et
écoles spéciales ne doivent pas être des écoles préparatoires aux
académies des beaux-arts ;
50 Considérant que le régime douanier actuellement en
vigueur est nuisible au développement et au succès de l'art
industriel national en Allemagne même, l'assemblée demande au
Reichstag d'améliorer sa situation par une classification plus
rationelle et par le relèvement des tarifs sur certains articles,
quand il y aura lieu de renouveler les conventions internationales
(cette résolution protectionniste en matière d'art industriel est
un aveu de l'infériorité artistique de l'Allemagne; elle a rallié un
peu plus de la moitié des voix M. von Lutzov, de Vienne,
directeur de la Zcitschrift fiir bildende Kànst;z\a\t proposé une
enquête préalable par les chambres de commerce et d'industrie,
mais sa proposition n'a pas été mise aux voix) ;
6° L'Exposition d'art et d'industrie artistique, actuellement
ouverte à Munich, a donné à l'assemblée la conviction que l'in-
dustrie artistique de l'Allemagne ne sera dignement représentée
à la prochaine Exposition universelle de Paris que si elle se con-
forme unanimement et d'une façon homogène à un plan artiste-
ment médité, en relations étroites avec l'art; il faut en outre que
les œuvres à envoyer à Paris soient soumises à l'examen préalable
d'une commission d'hommes compétents, ayant le droit de les
repousser et seule investie du pouvoir de les admettre ; il con-
vient enfin que le Reichstag allemand vote les fonds nécessaires à
la réalisation de ce plan (cette résolution a été votée sans débat
à l'unanimité).
— Le peintre d'histoire Wilhelm Walthcr a terminé la frise
du manège royal de Dresde à laquelle il travaillait depuis
quatre ans. Cette frise a un développement de plus de 125 mètres.
Elle représente un cortège qui s'ouvre par des hérauts d'armes
ci des musiciens, suivis de nobles, de pages, de soldats, de
groupes représentant l'armée, l'enseignement, le travail, et qui
se termine par une cavalcade de princes saxons depuis Conrad le
Grand jusqu'au roi actuel et son frère.
Angleterre. — Il résulte des documents officiels qui vien-
nent d'être publiés par le conseil supérieur d'éducation, dépar-
tement des sciences et arts, que, pendant l'année 1875,1e nombre
des élèves recevant l'instruction dans les écoles d'art en relations
avec le South Kensington Muséum s'est élevé à 449,690, soit une
augmentation do 108,430 — plus de 27 % — sur l'année
précédente.
— La ville de Sydney, dans la Nouvelle-Galles du Sud,
possède depuis le 1er juin sa National Gallery. Le public y sera
admis gratuitement tous les vendredis et samedis dans l'après-
midi. Cette institution a été fondée par le conseil de l'Académie
des Beaux-Arts. Le Parlement de la colonie avait voté 50,000 francs
de subsides pour l'achat de tableaux. D'autres tableaux ont été
prêtés pour un temps plus ou moins long par des particuliers,
dans l'intérêc des études artistiques des élèves de l'Académie.
Belgique. — L'Académie royale de Belgique (classe des
Beaux-Arts) a tenu le 24 septembre sa séance publique annuelle.
Le roi et la reine y assistaient. A cette occasion, M. Gevaert,
directeur de la classe et directeur du Conservatoire royal de
musique de Bruxelles, a prononcé un remarquable discours sur
l'enseignement public de l'art musical à l'époque moderne. Après
avoir exposé l'origine et les raisons d'être des institutions d'en-
seignement musical, M. Gevaert analyse dans cette étude le
programme qu'elles comportent. Il s'associe sans réserve à