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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Gindriez, Charles: Galeria Victor Emmanuel à Milan
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Weber, Christian von: L'art et l'industrie de l'Allemagne à l'exposition de Munich, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0157

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138 L'ART.

Peut-être après tout ne fallait-il pas un art plus personnel à la foule ondoyante, changeante, bigarrée
qui le regarde ; et si ce n'est une habileté d'architecte, c'est à coup sûr une fantaisie de raffiné d'avoir
supprimé la toile pour laisser voir à travers un cadre harmonieux ce tableau vivant de la vie milanaise
qui s'éclaire de tant d'yeux noirs, de tant de bouches roses, de l'expansion charmante, de la joie d'être,
du bonheur de vivre, de tout cet épanouissement radieux et communicatif de la belle plante italienne,
triée ici, et fleurie comme dans une serre.

Quand on a un nom acclamé, une position sans rivale, qu'on est entré dans la gloire par la large
voie d'un concours public, on ne traite pas comme dans un assaut l'architecture qui vous ouvre les
portes. M. Mengoni qui l'a écrasée un peu, comme une nouvelle Tarpéia, sous le poids de ses bra-
celets, n'a pas commis la faute de lui jeter son bouclier; il peut se défendre. Ses œuvres plus récentes,
les palais de la place du Dôme à Milan, la caisse d'épargne de Bologne, le marché neuf à Florence,
couvent une crise de personnalité dans cette nature fine, artiste, chercheuse, qui, après avoir tant
cherché, finira peut-être par se trouver. Tel serait notre vœu, s'il pouvait arriver jusqu'à ces sphères
rayonnantes où trône M. Mengoni fêté par les empereurs, courtisé par les rois, recherché par les
villes ; — et voici notre hommage : qu'il continue à doter l'Italie de beaux monuments où nous trou-
vions de moins en moins sa signature, ce qui ne veut rien dire, et de plus en plus son cachet, ce qui
est tout.

Ch. Oindriez.

L'ART ET L'INDUSTRIE DE L'ALLEMAGNE A L'EXPOSITION DE MUNICH

(fini.)

II.

exposition scol aire.

es galeries latérales du palais de l'exposition sont princi-
palement occupées par une importante collection des tra-
--**"• vaux des écoles d'art et d'industrie de l'Allemagne et de
l'Autriche. Relativement peu recherchée par le public qu'effrayait
la masse des objets exposés et que déroutait leur apparente unifor-
mité, cette exposition spéciale n'en est pas moins très-intéressante
pour les gens du métier et pour les curieux quelque peu intrépides ;
elle donne des renseignements fort utiles sur le niveau des études
et de l'enseignement artistique dans tous les États si nombreux et
si différents par la nature du pays et l'esprit des populations,
dont se composait l'ancienne confédération germanique, et que
réunit encore aujourd'hui, malgré la séparation politique, l'iden-
tité de race et de langue.

Prise dans son ensemble, l'impression produite par cette ex-
position scolaire est encore bien moins favorable à l'Allemagne
du Nord et particulièrement à la Prusse que le spectacle qui nous
est donné par ses produits. On dirait que si les populations du
Nord sont trop froides, trop réservées, trop peu amies du luxe
gracieux et élégant pour se prêter à un développement heureux
de l'art et de l'industrie artistiques, le gouvernement prussien
est absolument privé d'entendement et d'aptitude en cette ma-
tière. Cela peut sembler étrange, si l'on considère l'efficacité
indubitable de l'administration prussienne en général, sa sollici-
tude pour l'enseignement scientifique et classique, lequel, en
somme, est de beaucoup supérieur à celui de l'Autriche et de la
Bavière, et égal à celui des royaumes de Saxe, de "Wurtemberg
et du grand-duché de Bade. Mais il n'en est pas moins vrai que
ce gouvernement si soucieux de répandre parmi ses sujets des
connaissances utiles et pratiques, si justement fier du résultat
obtenu (lors de la dernière conscription, par exemple, Berlin,

une ville de près d'un million d'habitants, n'a fourni qu'une seule
recrue ne sachant ni lire ni écrire), ce gouvernement, disons-
nous, a complètement négligé en revanche toutes les branches de
l'enseignement artistique, et s'est laissé devancer à cet égard par
des Etats dont la population égale à peine celle de la capitale
prussienne. Sous ce rapport, du moins, la Prusse mérite complè-
tement l'épithète de « Sparte moderne •, qu'elle n'est pas fâchée
du tout de se voir appliquer.

Il n'en a pas toujours été ainsi, et sous le règne de Frédéric
Guillaume IV, qui commença la restauration du dôme de Co-
logne, qui bâtit le Musée de Berlin, et y attira les artistes les
plus renommés de l'Allemagne, la Prusse a fait un vigoureux
effort pour se défaire du caractère d'Etat exclusivement militaire
que les traditions du grand Frédéricet la guerre de l'indépendance
de 1813-1815 semblaient lui avoir laissé pour toujours. Mais le
temple des arts, à peine entr'ouvert, fut bien vite refermé ; les
instincts militaires ont repris le dessus, et ce n'est certes pas
sous le règne du premier empereur d'Allemagne que les Beaux-
Arts et l'enseignement artistique pourront compter sur une pro-
tection intelligente et suivie de la part du gouvernement. Dans
les cercles officiels de Berlin, on regarde cela comme un acces-
soire, agréable peut-être, mais peu important, un luxe que peu-
vent se permettre des Etats riches comme la France, ou voués à
l'impuissance politique, comme l'Autriche ; on sait que la Prusse
n'est pas riche, qu'elle n'a ni le temps, ni les moyens, ni la
volonté de s'occuper sérieusement d'autre chose que de l'es-
sentiel ; et l'essentiel, c'est pour elle le maintien et la consolida-
tion de sa position politique et militaire nouvellement acquise.

L'Académie de Berlin est enfin tant bien que mal réorganisée
et placée sous la direction du peintre A. von Werner, un artiste
distingué, plein de zèle et de bonne volonté; il faudra voir si
ses efforts auront d'heureux résultats et pourront venir à bout
des obstacles que lui opposent la médiocrité des ressources, et
plus encore la froideur de la bureaucratie et, pour ainsi dire,

i. Voir l'Art, 2'' année, tome VII, page pa.
 
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