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Dubouché, Adrien: La céramique contemporaine, [1]: à l'Union Centrale des Beaux-Arts
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0045
LA CÉRAMIQUE CONTEMPORAINE
A L'UNION CENTRALE DES BEAUX-ARTS
Mon cher Directeur,
ous sommes de vieilles connaissances, ce qui me permet de sup-
primer les longs préambules, les cérémonies fatigantes et les
compliments vulgaires; l'amour de l'art nous a réunis, l'amour de
l'art me fait vous écrire pour vous parler de la très-belle Exposition
de l'Union centrale, si vaillamment conduite par des hommes
instruits et persévérants, par d'infatigables organisateurs dont le
dévouement désintéressé n'a plus besoin d'éloges.
Vous savez à l'avance que la céramique, au palais des
Champs-Elysées, éblouit la nef, que ses mille couleurs dansent
en mesure et chantent juste. Les exposants de tant de mer-
veilles doivent être fiers : la mode est à leur art, le succès les
poursuit, les gourmets les admirent et les poches se vident
au grand profit d'une industrie aussi belle.
Disons tout d'abord nos regrets d'avoir à constater l'absence de MM. Rousseau, Rudhart, Vogt et
Barbizet ; ces industriels, ces amis, ces maîtres qui, à la dernière Exposition de l'Union centrale, avaient
porté si haut l'honneur de la céramique, se trouvent cette année loin de nous; nous ne chercherons pas
les causes de cette indifférence. Souvent elles prennent leur source dans les susceptibilités d'une nature
trop artiste, dans l'exagération d'une délicatesse trop nerveuse ; quoi qu'il en soit, nos instances les plus
vives, nos prières les plus persuasives sont adressées à ces intelligents chercheurs pour que l'Exposition
de 1878 les voie debout, prêts à combattre, pour le grand honneur de l'industrie française.
Deck est toujours le colonel d'un régiment qui marche bien; tout ce qu'il fait est bien fait, bien
compris, bien équilibré ; il a tout pour lui : la composition élégante, sobre et concise, des couleurs
splendides, un émail précieux; chaque pièce de sa fabrique a sa grande valeur; un plat, fond violet foncé
avec des fleurs cloisonnées d'un filet d'or, un autre petit plat céladon agrémenté d'arabesques d'or, et
encore un grand plat, fond niellé jade clair, orné de belles pivoines sont de véritables merveilles.
Plus loin, de jolies figures, des amours, des oiseaux, des chrysanthèmes et des fleurs de pêcher, tout
cela de toutes les couleurs des plus fins bijoux. C'est un si charmant concert, et ce concert est d'une
telle harmonie, que les perroquets de Deck chantent comme des fauvettes et que ses fleurs donnent
l'ivresse avec tous leurs parfums d'Orient. Signalons encore un pot japonais à écailles brun foncé et
brun clair sur une base à feuilles d'eau, et, enfin, deux grands vases forme Sèvres à fond jade vert
foncé et à nervures turquoises du plus grand, du plus bel effet.
Mais il y a toujours à étudier, il y aura toujours à apprendre. A cette riche palette, il manque une
couleur : cet ami a volé ses magnifiques jaunes au pays de l'or, qu'il dérobe la couleur rose au pays des
amours.
Deck n'a donné le secret de son génie à personne, pas plus que Parvillée qui tient haut le drapeau
persan. Cet artiste offre à ses visiteurs un grand panneau, des vases, une série de plats d'une science
A L'UNION CENTRALE DES BEAUX-ARTS
Mon cher Directeur,
ous sommes de vieilles connaissances, ce qui me permet de sup-
primer les longs préambules, les cérémonies fatigantes et les
compliments vulgaires; l'amour de l'art nous a réunis, l'amour de
l'art me fait vous écrire pour vous parler de la très-belle Exposition
de l'Union centrale, si vaillamment conduite par des hommes
instruits et persévérants, par d'infatigables organisateurs dont le
dévouement désintéressé n'a plus besoin d'éloges.
Vous savez à l'avance que la céramique, au palais des
Champs-Elysées, éblouit la nef, que ses mille couleurs dansent
en mesure et chantent juste. Les exposants de tant de mer-
veilles doivent être fiers : la mode est à leur art, le succès les
poursuit, les gourmets les admirent et les poches se vident
au grand profit d'une industrie aussi belle.
Disons tout d'abord nos regrets d'avoir à constater l'absence de MM. Rousseau, Rudhart, Vogt et
Barbizet ; ces industriels, ces amis, ces maîtres qui, à la dernière Exposition de l'Union centrale, avaient
porté si haut l'honneur de la céramique, se trouvent cette année loin de nous; nous ne chercherons pas
les causes de cette indifférence. Souvent elles prennent leur source dans les susceptibilités d'une nature
trop artiste, dans l'exagération d'une délicatesse trop nerveuse ; quoi qu'il en soit, nos instances les plus
vives, nos prières les plus persuasives sont adressées à ces intelligents chercheurs pour que l'Exposition
de 1878 les voie debout, prêts à combattre, pour le grand honneur de l'industrie française.
Deck est toujours le colonel d'un régiment qui marche bien; tout ce qu'il fait est bien fait, bien
compris, bien équilibré ; il a tout pour lui : la composition élégante, sobre et concise, des couleurs
splendides, un émail précieux; chaque pièce de sa fabrique a sa grande valeur; un plat, fond violet foncé
avec des fleurs cloisonnées d'un filet d'or, un autre petit plat céladon agrémenté d'arabesques d'or, et
encore un grand plat, fond niellé jade clair, orné de belles pivoines sont de véritables merveilles.
Plus loin, de jolies figures, des amours, des oiseaux, des chrysanthèmes et des fleurs de pêcher, tout
cela de toutes les couleurs des plus fins bijoux. C'est un si charmant concert, et ce concert est d'une
telle harmonie, que les perroquets de Deck chantent comme des fauvettes et que ses fleurs donnent
l'ivresse avec tous leurs parfums d'Orient. Signalons encore un pot japonais à écailles brun foncé et
brun clair sur une base à feuilles d'eau, et, enfin, deux grands vases forme Sèvres à fond jade vert
foncé et à nervures turquoises du plus grand, du plus bel effet.
Mais il y a toujours à étudier, il y aura toujours à apprendre. A cette riche palette, il manque une
couleur : cet ami a volé ses magnifiques jaunes au pays de l'or, qu'il dérobe la couleur rose au pays des
amours.
Deck n'a donné le secret de son génie à personne, pas plus que Parvillée qui tient haut le drapeau
persan. Cet artiste offre à ses visiteurs un grand panneau, des vases, une série de plats d'une science