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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Vagnoville, Foucques de: Jacques Callot, [2]
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Notre eau-forte
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0365

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I12

L'ART.

à cet à-propos de gestes, qui donne à ses gentilshommes cette tournure pim-
pante avec ce jarret cambré, tandis qu'à ses gueux sont si bien imprimés le
type de la dégradation et la livrée de la misère. Les dessins de Callot sont un
rien comme agilité de crayon, et en même temps sont un tout pour l'expression.

On observera que dans sa manière de composer, souvent Callot exprimait
deux fois sa pensée : d'abord par un contour sans détails mais d'une grande
précision dans le mouvement d'ensemble du corps, puis il recommençait à côté
une figure avec des formes plus arrêtées. Certains de ses dessins nous permettent
même de tirer la conclusion et nous offrent la preuve que Callot n'abandonnait
rien à f improvisation, bien qu'il dût être d'une promptitude d'esprit et de main
extraordinaire; il était doué d'une telle patience, qu'il refaisait jusqu'à quatre
fois son invention primitive. Nous renvoyons à cet égard à la composition du
Persée et Andromède (qui n'est point photographiée), et aux coupes et pieds
de co:ipcs dont on a photographié les ébauches. Là nous surprenons Callot
dans son atelier.

Finissons par une remarque qu'il n'est pas sans intérêt de noter. Ou trouve
plusieurs pièces de Callot où d'un côté du papier il a tracé son sujet principal,
et sur le verso il a dessiné d'autres croquis. Nous en tirons la conclusion que
divers de ces morceaux étaient des jeux de sa fantaisie, des éclairs de ses
caprices, et non des compositions préparées avec soin pour la gravure. Ce qui
nous permet de saisir, suivant une expression vulgaire, l'artiste dans son
déshabillé.

Callot a-t-il peint? nous ne croyons pas utile de faire une grosse question
d'un sujet aussi minime pour la gloire de Callot, car je crois qu'elle peut s'en
passer et qu'elle n'y gagnera pas grand'chose. Mais ce sujet ayant été contro-
versé avec feu, nous ne pouvons entièrement le passer sous silence, ne fut-ce
que par égard pour les possesseurs des tableaux attribués à ce maître, possesseurs
parmi lesquels on compte des Musées publics. .

M. du Pays (dans son Guide en Italie) dit à propos de ceux exposés à l'Aca-
démie des Beaux-Arts de Venise : a Aucun de ces tableaux attribués à Callot et
placés dans ce cabinet, ne sont de lui, ce ne sont pas des copies de ses gra-
vures; on y trouve seulement quelques personnages pris dans ses gravures. Le
tout est de la plus grande médiocrité. » Puis M. Joannc ajoute en marge :
« Nous devons les notes sur les faux Callot de la galerie des tableaux de
Venise à l'obligeance d'un juge compétent, M. Meaume, auteur d'une publica-
tion estimée sur la vie et les ouvrages de Callot. » Estimée et digne de l'être ; aussi
M. Meaume n'a-t-il pas dit précisément ce que M. du Pays lui fait dire. M. Meaume
a une critique trop judicieuse, trop exempte de passion et de légèreté pour
prononcer un arrêt tranchant qui, comme il le sait, ne tranche pas une difficulté,

à moins qu'il ne s'appuie sur la découverte de manuscrits inattendus qui lui
donneraient complètement raison; il est vrai qu'il a douté d'abord parce que
sur la pierre tombale de Callot, sa famille a mentionné qu'il était calcographus
sans ajouterpic/or, parce que, employé à Rome à graver avec Thomassin, il n'au-
rait pas eu le temps de peindre, parce que Baldinucci et autres ont passé sous
silence s'il était peintre (pages jS, 75, yji). Assez modeste pour ne pas se croire
un oracle comme M. du Pays, plein de bonne foi, il ne persiste pas dans son
incrédulité; il accepte ce qu'affirme]dans ses notes Pierre Mariette, qui a vu
quelques tableaux peints par Jacques Callot, entre autres les quatre de la vie
des Bohémiens qui sont chez le grand-duc, un peu plus grands que les esUmpes.
La touche en est petite, sans couleur, et il s'en faut bien que ses tableaux
approchent de la beauté de ses estampes et de ses dessins. « Mais notre con-
fiance dans le goût de Mariette nous fait admettre sans contestation, con-
tinue M. Meaume (page i36), l'authenticité des tableaux dont il parle; on
remarque dans l'esquisse du Saint Sébastien du Louvre les mêmes défauts que
ceux qu'il a signalés dans les tableaux de Florence, si, comme on n'en peut
douter, les tableaux examinés par Mariette, sont si peu dignes de la célébrité,
que depuis le voyage de Mariette personne ne les a vus, ou du moins per-
sonne n'en a parlé. Ils ont été vraisemblablement relégués dans un grenier. »
Ainsi donc il y a une certaine différence de langage entre M. du Pays et
M. Meaume; ce dont nous louerons la prudence de ce dernier, qui n'aura pas
lu apparemment la relation de Lnnzi sur la Galerie des Offices dont il fut plus
tard directeur (chapitre xv, Peintures flamandes, page 14.3 du tome Xl.Vîl du
Journal des littérateurs. Pise, 1-S2). L'existence des quatre tableaux, nullement
relégués au grenier, y est confirmée; bien loin que tout le monde se taise sur
eux, Lanzi dit : « Quatre autres tableaux viennent de Callot et sont sur cuivre,
ils représentent une bande de Bohémiens en marche et au repos, leurs marau-
dages, leur cuisine, toutes les mœurs de cette gent vagabonde. Quattro aitri
(quadri) che vengano da Callot; e già sono in ratai, figurano una compa-
gnia di yngheri in marcia e in riposo, i loro furti, la loro eueina, tutto il
costume di quella gente raminga. » Vraisemblablement ce n'est pas pour des
copies que Lanzi aurait fait une mention si détaillée de ces tableaux de Bohé-
miens. Au surplus elle perd beaucoup de son importance lorsque nous ajoute-
rons de nouveau qu'on ne sait pas aujourd'hui ce que sont devenues ces
peintures disparues et dont on a perdu la trace.

FOUCQUES DE V A G N' O K V1 L L E.

(La suite prochainement.)

NOTRE EAU-FORTE

Avec cette livraison nous publions le portrait de Henri
Regnault. eau-forte de N. Martinez, d'après le buste en bronze
de Ch. Degeorge (monument commémoratif de l'Ecole des Beaux-

Arts). Cette gravure n'a pu nous être livrée assez tôt pour être
placée avec l'article de M. Roger Ballu sur le Monument de
Henri Regnault. (l'Art, t. VI, page 176.)

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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