Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

DOI Artikel:
L'art et l'industrie de l'Allemagne à l'exposition de Munich [1]
DOI Artikel:
Wauters, A.: L'église de l'ancienne abbaye de Villers
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0110

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
94

L'ART.

dur. La soie, le velours, le verre luisant et resplendissant de
toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, l'or dans toute la gamme de
ses nuances, depuis la pourpre enflammée jusqu'au jaune pâle,
voilà l'idéal de Vienne; le fer coulé ou forgé, le bronze, le zinc,
tout au plus, en fait de luxe, l'argent mat, en fait de couleur, le
noir, le blanc et le gris, voilà l'idéal de Berlin. Si encore la
sobriété du ton était relevée par la sévérité et la pureté du style !
mais la forme est aussi gauche et le goût aussi faux que la cou-
leur est terne.

Naturellement, la modeste ville de Munich avait cédé la plus
belle place à ses hôtes, à ses deux puissantes rivales ; à droite
de la nef principale, le premier grand salon, surmonté de l'aigle
à deux têtes, contenait les produits les plus exquis de Vienne, les
délicieux articles de verre de Lobmeyer, les étoffes et les tapis
somptueux de Philippe Haas, les maroquineries à juste titre
renommées d'Auguste Klein (Bavarois de naissance), la joaillerie
étincelante de Bâcher ; à gauche, sous les serres de l'aigle prus-
sien, l'inévitable exposition de la manufacture de porcelaine
impériale de Berlin (très-inférieure, du reste, aux porcelaines de
Saxe), les produits, remarquables d'ailleurs, des orfèvres de .
Berlin, MM. Sy et Wagener, Vollgold (le chef-d'œuvre de ce
groupe est un immense bouclier tn argent ciselé, offert, en 1854,
en cadeau de noces, au prince héréditaire de Prusse, par les
nobles des provinces rhénanes), et des fabriques d'objets de
bronze et de zinc (Ende et Devos, Stobwasser, etc.), des lustres,
candélabres, lampes, —■ une production d'utilité plutôt que de
uxe, cette dernière n'ayant pas de raison d'être dans une ville
et dans un Etat où, avant les événements de 1870-1871, la par-
cimonie la plus méticuleuse était considérée comme la première
des vertus sociales, et où l'aménagement des maisons et des habi-
tations était généralement d'une simplicité patriarchale. Enfin,
les fonderies de fer et les forges prussiennes ont naturellement
maintenu leur ancienne réputation ; les canons Krupp manquent,
mais les produits des provinces rhénanes et de la Silésie (une
porte d'entrée monumentale en fer forgé, envoyée de Breslau,
fait un effet magnifique) sont là pour attester le grand développement I
de cette branche de l'industrie de la Prusse, qui n'est probable-
ment inférieure qu'à celle de l'Angleterre. Les Etats moyens de
l'Allemagne, la Bavière, la Saxe, les grands-duchés de Bade et
de Hesse, ont naturellement aussi leurs spécialités : la Saxe, ses
porcelaines, faïences et terres cuites; la Hesse rhénane, les ébé-
nisteries de Mayence et les bijouteries d'Offenbach, etc.; mais,
en somme, et abstraction faite des spécialités, leur industrie
artistique est bien faible, non pas que les talents et les ouvriers
habiles leur fassent défaut, mais leurs ressources sont insuffi-
santes, et il leur manque un marché sérieux, de sorte que les
efforts des uns sont infructueux et que les autres émigrent. Cela
est vrai surtout pour la Bavière, dont la population est, en 1
général, douée d'un instinct artistique surprenant, et qui pour-

raie faire des merveilles, si l'argent, l'esprit du commerce et
d'entreprise ne lut faisaient pas presque absolument défaut. La
section bavaroise contient bon nombre de travaux qui, pour le
goût et le fini de l'exécution, égalent ou surpassent les meilleurs
envois de Vienne ; mais, hélas ! ce sont . toujours des pièces
uniques, faites dans le but d'être exposées ou sur commande
royale (le roi Louis, comme on sait, dépense ainsi de fort
grosses sommes; mais tout ce qu'il achète est enfoui dans des
! châteaux cachés au fond des Alpes et si bien gardés qu'un jour
même la princesse Giselle, fille de l'empereur d'Autriche, qui a
épousé un des cousins du roi, et qui essayait de pénétrer dans un
de ces châteaux mythiques, dut rebrousser chemin) ; une fabrica-
tion, un commerce, un marché sérieux, c'est l'exception, et non
pas, ainsi que cela devrait être, la règle.

Les œuvres d'art proprement dites, les tableaux et les sta-
tues, contrairement à l'attente générale et à ce qui a presque
toujours lieu en Allemagne à l'occasion de pareilles expositions,
sont moins dignes d'intérêt que la partie industrielle. Les temps
sont durs, très-durs, pour les artistes allemands, habitués à
trouver leurs débouchés en Autriche, aux États-Unis et aussi en
Angleterre, et auxquels la crise économique, qui sévit dans les
deux premiers pays, a porté un coup douloureux. Les grandes
toiles, les œuvres consciencieuses, qui exigent un travail continu
de plusieurs années et dont le prix est nécessairement élevé, se
font de plus en plus rares ; les maîtres les plus renommés sont
ou las et découragés, ou bien travaillent à la légère, et plutôt
pour gagner leur vie que pour ajouter à leur gloire. C'est ainsi
qu'à l'Exposition de Munich les plus grands noms sont ou absents,
ou représentés par des ouvrages anciens et même surannés, ou
par des œuvres faites à la hâte et en somme inférieures aux pro-
ductions antérieures. Hans Makart, par exemple, le coloriste le
plus éminent de l'Allemagne contemporaine, le Wagner de la
peinture (l'artiste, jeune encore, ancien élève de l'Académie de
Munich, s'est fixé à Vienne depuis quelques années), a envoyé
un grand tableau, Une Chasse sur le Nil, couvert d'innombrables
figures humaines de grandeur presque naturelle, et brossé dans
l'espace de six semaines! Il vient d'être acheté, au prix de
25,000 marcs, par la comtesse de Clam-Gallas, toute heureuse,
dit-on, de posséder à ce prix une des œuvres les plus vastes (mais
certes pas des plus méritoires) de- l'artiste célèbre, qui, autre-
fois, demandait et obtenait le double ou le triple.

Je m'arrête, non pas qu'il n'y ait plus rien à dire, mais, au
contraire, parce qu'il y aurait trop à dire. Un compte rendu
détaillé nous mènerait trop loin, et ces quelques indications
générales suffiront à vous convaincre de l'intérêt et de l'im-
portance de l'Exposition de Munich, qui a fait sensation dans
toute l'Allemagne et qui a justifié son succès par son organisation
intelligente et neuve, par le goût et le luxe de son installation.

Christian von Weber.

L'ÉGLISE DE L'ANCIENNE ABBAYE DE VILLERS

Qui n'a visité ou ne connaît par ses lectures la vieille abbaye
des cisterciens de Villers, dont les ruines splendides se cachent
au milieu des bois, sur les bords de la Dyle, à peu de distance
de la ville de Nivelles et du champ de bataille de Waterloo?
Abandonnées depuis quatre-vingts ans aux ravages des temps,
ces restes curieux du moyen âge marchent rapidement vers une
destruction totale, surtout depuis qu'ils sont longés par un rail-
way où règne un mouvement considérable. Ils ont été plusieurs
fois décrits et dessinés, mais n'ont jamais fait l'objet d'une
monographie architectonique. Cette lacune est aujourd'hui
comblée, au moins en partie. A la dernière Exposition du
Cercle artistique de Bruxelles, on a remarqué un atlas de
35 planches, représentant dans tous ses détails l'église abbatiale
de Villers, qui appartient à la plus belle époque du style ogival,
celle du xme siècle.

L'un des architectes provinciaux du Brabant, M. Coulon, a
exploré, étudié, mesuré cette église, et, comme le prouve le
texte qui accompagne son atlas, a pu se rendre compte du mode
de procéder employé par les différents maîtres de cette œuvre.
Il en a, à plusieurs reprises, visité la crypte, qui est aujourd'hui
inabordable et qui paraît avoir appartenu à une église antérieure,
n'ayant qu'une nef. Le porche a été élevé ensuite, puis le chœur
et une partie du vaisseau et enfin le restant de ce dernier, bâti
de 1250 à 1300 environ. Les belles proportions de l'édifice, sa
solidité que l'on pourrait dire à toute épreuve, les détails pleins
d'intérêt que l'on y rencontre à chaque pas, l'art avec lequel on
y a tiré parti de matériaux assez médiocres, tout se réunit pour
augmenter l'intérêt que présente le travail, aussi complet que
consciencieux, de M. Coulon.

A. Wauters.
 
Annotationen