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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Soldi, Émile: Les camées et les pierres gravées, [2]: histoire d'un art qui tombe
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Delorme, René: Études parisiennes: la rue
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0293

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l'on doit chercher, une pierre gravée doit être un monument unique, inimitable, incopiable, qualité
que nul autre art ne possède; l'artiste peut prendre la pierre la plus étrange, la plus irrégulière et sui-
vant ses taches et ses accidents, choisir sa composition, varier son sujet, orner et augmenter ses per-
sonnages. La facture doit être le plus large possible, le métier doit s'exclure, l'emploi de la loupe
être inutile, la minutie proscrite.

Tels sont, à notre avis, pour l'État, le public, les artistes, les moyens les plus propres à rele-
ver la gravure en pierre fine qui, comme nous l'avons déjà dit, après avoir brillé du plus vif éclat pen-
dant cinq mille ans, est tombée de nos jours au dernier rang des arts plastiques.

Emile Soldi.

ÉTUDES PARISIENNES

LA RUE

'était pendant l'été de 1875. Carpeaux, qui vivait ses dernières
semaines, s'était fait porter sur la terrasse du château de Bécon. Le
prince Stirbey, son protecteur et son ami, lui tenait compagnie. Comme
on revient toujours à ce que l'on aime, ces deux hommes, épris du
beau, parlaient de l'art. Le hasard de la conversation amena sur le tapis
la question des vocations artistiques.

« Pour moi, dit Carpeaux, je puis dire que je suis né d'une leçon
de Delaroche. J'étais déjà élève de l'École des Beaux-Arts; mais je ne
Fac simiie d'une gravée de jcm cous:». me doutais pas de ce que je pourrais devenir. Je promettais d'être très-

(xvi" siècle.)

correct—on me reconnaissait des dispositions — quand, heureusement
pour moi, un mot du maître m'ouvrit les yeux. Au milieu d'une de ses leçons, Delaroche s'inter-
rompit tout à coup et promenant ses regards sur les élèves : « II y a une chose qui m'afflige, nous dit-il.
« Tous tant que vous êtes, vous avez plus souci de votre personne que de votre art. Je vous regarde.
« Je vois des gens très-bien mis; mais je ne vois pas un artiste. Croyez-moi, à votre âge, Michel-Ange
(i avait d'autres préoccupations que les .vôtres. Il songeait moins à lui. Il allait dans les rues de Flo-
« rence,dans les « jardins du Magnifique », à la Signoria. 11 regardait les passants, les faquins, les bate-
« liers de l'Arno, les marchands d'eau fraîche. 11 épiait les beaux mouvements que le travail fait faire à
« l'homme. Il guettait la nature partout où elle se manifeste. Vous, vous croyez avoir tout fait quand
« vous êtes venus au cours. Vous faites fausse route. Le professeur n'est qu'un guide. Le vrai, le
« seul maître, c'est la nature. A part la question de métier et de procédés, l'enseignement artistique
« pourrait se résumer en un mot : « Allez et voyez. » Ceux qui voient sont des artistes. Les autres ne
« mériteront jamais ce nom. »

« Je date de cette leçon, » ajouta Carpeaux.

Carpeaux mit en effet à profit le conseil de Delaroche. Il ne sortit plus sans un crayon. Son obser-
vation, désormais éveillée, lui procura des documents d'une inépuisable richesse. Nous avons eu la
bonne fortune de feuilleter ses albums de poche, ses cahiers de notes, assez petits pour tenir dans un
gousset, assez grands pour contenir tout un monde de silhouettes vivantes, cueillies çà et là, au
 
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