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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Chronique étrangère
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Notre eaux-forte
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Nécrologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0032

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L'ART.

une pièce de monnaie sur le plancher en guise d'offrande, comme
ils ont l'habitude de le faire à l'entrée de leurs temples et
devant les autels. Les maisons japonaises sont entièrement érigées
en bois, très-simples, et les résidences impériales ne se distinguent
des autres que par leur étendue, par le soin qui a présidé à la
construction et par une propreté plus minutieuse encore s'il est
possible, que celle qui caractérise la généralité des habitations.
Immédiatement après la grille d'entrée, dans une vaste cour, se
trouve la voiture de gala du Mikado — un véhicule immense à
deux roues, rappelant par les formes et la dimension les anciennes
carrioles anglaises, mais en laque noir, orné de bronzes dans le
style le plus élevé de l'art japonais, et d'une incontestable beauté
malgré ses lourdes proportions.

Dans les cérémonies solennelles, on y attelait un taureau, et
il fallait à l'animal une vigueur peu commune pour mettre en
mouvement une machine d'un pareil poids.

Le premier bâtiment de l'Exposition est aménagé presque
identiquement à celui du Kensington Muséum. Une fois à l'in-
térieur, on est guidé dans des galeries interminables par une
mince balustrade, qui n'admet aucune déviation ni à gauche ni
à droite. Du reste les objets sont intéressants et bien arrangés,
et l'on n'a aucun désir de rebrousser chemin sauf si l'on arrive
à une section étrangère dont l'importunité ennuie.

On est au Japon et l'on veut voir les produits japonais. En
outre, les cotons anglais ne soutiennent pas la comparaison au
point de vue artistique avec le laque, de même que les bières
anglaises en bouteilles ne font pas oublier les bronzes et les
émaux. 11 y a des soies, de la toile, du coton, des bronzes, des
laques, des parchemins, des broderies, des tableaux, des manu-
scrits anciens, des arcs et des flèches, des joujoux, des cannes, des
objets de Kioto, des instruments de musique anciens et modernes,

des produits chimiques, des métiers à la main en plein travail,
des articles de toilette japonaise, et toute espèce de choses ima-
ginables et inimaginables, depuis les chapeaux étrangers, les
bottes et souliers, les bières en bouteilles et les pièces de mar-
chandises jusqu'à des armures japonaises et jusqu'à la couronne
et le trône du Mikado.

La collection d'objets étrangers est limitée. Les exposants
ont évidemment mis peu d'empressement à répondre à l'appel
des organisateurs de l'Exposition et il est à regretter que l'effort
intelligent du gouvernement au point de vue de l'instruction du
peuple n'ait pas été mieux secondé du dehors. La porcelaine et
le laque de Kioto sont particulièrement jolis. La porcelaine de
Kioto ressemble à celle de Satsuma qui a plus de valeur. Elle
est de riche et pâle couleur crème, ornée de dessins pleins de
goût, représentant des fleurs et des oiseaux, et le prix en est
très-modéré. Presque tous les objets exposés en cette matière
étaient faits pourtant d'après des modèles étrangers : des ser-
vices à café et à thé, des plats, des vases, des porte-cartes. Il y
avait quelques vases très-jolis, en forme de tige de bambou, qui
faisaient regretter qu'on n'eût pas plus fréquemment utilisé des
modèles indigènes.

L'Exposition aboutit à un délicieux jardin. Les Japonais sont
d'habiles architectes de jardins; ils construisent et disposent avec
une incomparable adresse des collines en miniature, de gracieux
ruisselets, de petits rochers, des ponts élégants; le jardin de
plaisance du Mikado, traversé par un cours d'eau naturel, offrait
à leur goût une occasion de se déployer à l'aise; ils ne l'ont
pas laissé échapper, et ils ont très-ingénieusement tiré parti du
terrain , des arbres, et du fleuve qui joue un grand rôle dans
leurs combinaisons.

NOTRE EAU-FORTE

Avec le Portrait de Verdi, d'Abel Lurat, nous donnons dans
cette livraison une eau-forte inédite de Charles Courtry d'après
un petit tableau de Francesco Guardi, d'une qualité exquise : les

Fiançailles du Doge avec l'Adriatique. Il est impossible de peindre
avec plus d'esprit, d'une touche plu preste, plus juste, plus fine,
plus distinguée ; c'est un des bijoux du maître vénitien.

I

NÉCROLOGIE

Notre collaborateur, M. Eugène Despois, vient de
mourir à l'âge de cinquante-huit ans, après une longue et
cruelle maladie. Il emporte les regrets de tous ceux qui
ont eu des rapports avec lui. C'était le type le plus par-
fait de l'honnête homme. Il était impossible de le connaître
sans éprouver pour lui un sérieux attachement et une pro-
fonde estime. Tous ses élèves sont restés ses amis.

Fils d'un peintre, qui eut quelque succès sous l'empire,
et neveu d'un architecte, M. de Gisors, il avait un goût
très-vif pour les arts, mais ses succès exceptionnels dans ses
études littéraires portèrent ses visées d'un autre côté. Il entra
à l'Ecole normale, d'où, il sortit pour aller professer la
rhétorique à Bourges pendant une année. Rappelé à Paris, il
resta au collège Louis le Grand jusqu'au 2 décembre 1851,
refusa le serment et se voua à l'enseignement libre et à la
littérature.

C'était un excellent professeur et un écrivain plein de
finesse, de goût et d'érudition. Il a écrit dans la Revue des
Deux Mondes, dans la Revue de Paris, dans la Revue
nationale, dans la Revue politique, etc., un grand nombre
d'articles toujours remarqués. Il a publié aussi plusieurs
volumes où l'agrément et la vivacité du style se joignent à
la sûreté des informations : la Révolution d'Angleterre, le
Vandalisme révolutionnaire, les Lettres et la Liberté, etc.

Il a été l'un des principaux collaborateurs de M. Littré,
pour son grand dictionnaire.

• La mort l'a interrompu au milieu de la préparation d'une
édition de Molière, destinée à la Collection des Grands
Ecrivains de la France que publie la maison Hachette.

Nos lecteurs se rappellent que l'Art a publié de lui,
l'année dernière, un article des plus intéressants sur la
Comédie italienne.

— Les journaux anglais annoncent la mort du peintre
Skinner Prout, né à Plymouth en 1806. Il avait débuté par
la publication de deux recueils, les Antiquités de Chester.
et les Antiquités de Bristol, ce dernier en collaboration avec
le peintre Muller. Ce début lui avait tracé sa voie. Peintre
d'architecture, il se plaisait à étudier les monuments des
vieilles cités de l'Angleterre, de la Normandie et de la Bre-
tagne, de la Belgique et des bords du Rhin. Il avait pris
ainsi le goût des voyages, et sur le tard il avait même
poussé jusqu'en Australie, dont l'architecture n'avait pour-
tant pas de quoi l'attirer. La collection de ses dessins et
esquisses australiens, exposée il y a quelques années au
Palais de Cristal, prouva qu'il avait du talent même en
dehors de sa spécialité. M. Prout était membre de l'Institut
des aquarellistes et son dernier ouvrage figurait l'année
dernière à l'exposition de cet Institut.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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