L' art: revue hebdomadaire illustrée (2.1876 (Teil 4))

CHRONIQUE FRANÇAISE

(,'fous rappelons que la fermeture de l'Exposition cen-
KUtfraj] tra'e des Beaux-Arts appliqués à l'industrie est fixée au
K«ÎSk*J 15 novembre.

Plus de 150,000 personnes ont visité l'Exposition depuis
l'ouverture ; le succès est complet. M. Viollct-le-Duc a fait ces
jours derniers à l'Union centrale, dans une des salles du Palais
de l'industrie, une conférence très-intéressante sur l'enseigne-
ment du dessin, qui doit désormais être considéré non plus seu-
lement comme un art d'agrément, mais comme une science dont
l'enseignement doit être réformé et débuter par les modèles des
solides, qui exercent l'intelligence et la curiosité de l'enfant.

— On sait qu'une souscription a été ouverte pour élever un
monument funèbre à Auber, le célèbre compositeur. Le monu-
ment sera prochainement élevé au Père-Lachaise. Il se compo-
sera d'un cippe en marbre noir surmontant un piédestal de gra-
nit. Sur la face qui regarde la grande allée du cimetière sera
placé, à hauteur d'homme, le buste en bronze d'Auber fait par
Dantan. Les titres de tous les opéras du compositeur seront gra-
vés sur les faces latérales du monument.

— Une nouvelle importante, destinée à faire du bruit dans
le monde des arts : M. Tétereau, maître des requêtes au con-
seil d'Etat, est nommé directeur du contentieux et des bâtiments
en remplacement de M. de Cardaillac. Ce changement est fait à
la suite d'une circulaire du ministre des travaux publics ,
M. Christophle, qui réorganise tout son département.

— Notre collaborateur, M. Arthur Pougin, vient de créer un
recueil spécial intitulé la Revue de la Musique, qui est hebdoma-
daire et contient dans chacun de ses numéros huit pages de
musique pour piano ou chant due aux maîtres les plus célèbres.
La partie littéraire ne sera pas négligée ; on connaît assez

M. Pougin pour savoir qu'elle y tiendra une place étendue.
Nous souhaitons bonne chance à notre collaborateur.

— On a exposé récemment sans grand bruit, ni grand appa-
rat, dans les pauvres salles de l'ancien asile des aliénés, à Pau,
une très-belle collection de tableaux. C'est celle de l'infant don
Sébastien de Bourbon qui, comme on sait, n'est pas seulement
un collectionneur, mais encore un artiste distingué.

Voici un aperçu du Catalogue :

« 700 tableaux à peu près, dont 5 ou 6 Murillo, 2 Velas-
quez, 3 Titien, 2 Rubens, 4 ou 5 Ribera de premier ordre et
autant de Goya, des plus intéressants ; un Rembrandt, un Véro-
nèse, des Flamands à foison, une collection très-complète d'Es-
pagnols, sans compter pas mal de tableaux modernes et des
Bysantins superbes. »

— La manufacture des Gobelins active l'achèvement des
grandes tapisseries que l'administration se propose de faire figu-
rer à l'Exposition de 1878.

Signalons les principales :

i° Un tapis de pieds de quatre-vingt-six mètres carrés, des-
tiné au palais de Fontainebleau. Le sujet est un dessin d'orne-
mentation dû à M. Dièterle, directeur de la manufacture de
Beauvais; il se distingue surtout par la variété et la richesse de
coloris ; 2° La Terre et l'Eau, deux compositions de cinquante-
trois mètres carrés chacune, d'après les tableaux de Lebrun. Ces
deux tapis sont destinés à l'Hôtel de ville de Paris ; 30 Le Vain-
queur, tableau en tapisserie, d'après Hermann, dont l'Art a donné
récemment la gravure; 40 Sélèné, tapis d'après Machard ; destina-
tion, le Luxembourg ; 5° Tornatura et Pictura, d'après Lecheval-
lier-Chevignard. Ces deux panneaux, déjà terminés, sont destinés à
la manufacture de Sèvres, oi ils symboliseront l'art de la céramique.

CHRONIQUE ÉTRANGÈRE

Allemagne. — Le 9 octobre, M. le professeur Reuleaux,
conseiller intime, commissaire allemand à l'Exposition de Phila-
delphie, a donné une conférence sur cette exposition au local de
la Société industrielle de Berlin. Cette conférence, qui avait
attiré une foule immense, a été une seconde édition orale du
fameux rapport de M. Reuleaux qui a fait une si grande sensa-
tion en Allemagne et par tout. L'honorable professeur a brave-
ment maintenu, précisé et encore accentué ses observations et ses
critiques sur Fart industriel allemand, estimant que le meilleur
moyen de le relever de son infériorité n'est pas de dissimuler
celle-ci avec une complaisance chauvine.

Angleterre.— L'exposition de tableaux de la Dudley Gal-
lery s'est ouverte au public le 23 octobre. C'est une pauvre et
insignifiante collection de peintures où, à part quelques paysages,
il y a bien peu de chose à signaler. M. H. S. Marks est repré-
senté par une petite étude de la vie rustique, faite avec un seul
modèle pour deux figures, ce qui l'a déterminé à intituler son
tableau : « les Jumeaux (The Twens). » Il y a quelque humour et
une exécution très-soignée dans les deux têtes qui se distinguent
sensiblement par le contraste des expressions, bien que les traits
soient identiques. M. Wats, R. A., expose une étude d'une
seule figure pour un Samson au repos ; M. W. B. Richmond,
un des rares jeunes peintres qui cherchent le style de la peinture
monumentale, envoie une petite composition, une esquisse finie.

NOTRE GRAVU

Nous donnons avec cette livraison, outre notre eau-forte, la
gravure par Edmond Yon du tableau de Vély, le Premier Pas,

des anges veillant auprès d'un cadavre. Deux des peintures les plus
remarquables pour la qualité de l'exécution sont de M. Hubert
Herkomer, et toutes deux attestent un progrès notable dans le trai-
tement de la couleur à l'huile, sans préjudice pour les qualités
de sentiment qui ont déjà rendu son œuvre si intéressante.
M. Topling est encore un artiste dont les productions témoignent
d'une saine étude de la couleur, bien que son dessin soit défec-
tueux à certains égards. Le meilleur témoignage qu'il en donne
est un portrait de lui-même plein de vivacité dans l'expression,
d'une tonalité sobre mais juste et bien équilibrée. M. Dalou
expose une petite figure de paysan en terre cuite, et M. Fantin,
outre diverses études de fleurs, envoie une petite figure demi-
nue inscrite au Catalogue sous ce titre : « Baigneuse ; soleil
levant. » Les meilleurs paysages sont ceux de MM. Somerset,
Macquoid, Hodgson, et Knight.

— M. Valentine Prinsep est sur le point de partir pour les
Indes afin d'y exécuter un important tableau qui sera offert à la
reine Victoria par le gouverneur général. Le sujet du tableau est
la cérémonie qui a eu lieu aux Indes pour la proclamation du
nouveau titre impérial de Sa Majesté. Le prix de cette commande
est, dit-on, de 5,000 livres sterling.

— M. Blackburn, qui a publié récemment un petit recueil
d'eaux-fortes d'après des tableaux de la Royal Academy, prépare
un travail analogue dont la National Gallery fera l'objet.

RE HORS TEXTE

qui a été exposé au Salon de 1876, et que nous publions comme
document.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.