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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Delorme, René: Études parisiennes: la rue
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Sarcey, Francisque: Art dramatique: Jane Essler
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0302

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i6o L'ART.

devant un Boueux, muni de ses bottes gigantesques. La vue de ces larges housseaux de cuir éveille en
elle des craintes et des méditations profondes. Elle n'est pas toujours sage — cela se voit à la résolu-
tion qui perce encore dans son attitude abattue ; — et dame, la vue de ce gros homme, dont les
bottes rappellent celles que le Petit Poucet vola naguère à l'Ogre, la fait penser au croquemitaine épou-
vantable dont on l'a souvent menacée.

Deux petits garçons, un peu gourmands comme tous les petits garçons, s'arrêtent devant un
étalage où la guimauve rose et blanche rivalise avec le sucre d'orge vèrmeil. L'un d'eux a fouillé dans
sa poche vide et ne pouvant rien acheter, il détourne les yeux pour fuir la tentation. L'autre a regardé
la marchande, une grosse mère en madras, qui a un bon sourire sur les lèvres, et il étend la main d'un
air câlin comme pour dire :

« Donnez-nous-en tout de même. »

Je parierais que la brave femme leur en donnera.

Les divertissements où le public prend part peuvent également fournir matière à des études de
groupement. L'eau-forte de M. Lançon, prise aux étangs de la Glacière, un jour de belle gelée, en
est une preuve suffisante. Les cimetières offrent aussi des masses intéressantes à saisir. Le passage
d'un régiment, en amenant un arrêt de la foule, produit quelquefois aussi de beaux effets.

Jusqu'ici nous n'avons parlé que des murs et des hommes. Paris, considéré comme une mine d'art,
offre encore à l'artiste un autre champ d'observation. Les animaliers y ont beau jeu. Des chevaux de
toutes les races, de toutes les robes, de toutes les valeurs, attelés, montés ou tenus en main par le
palefrenier qui les promène, semblent poser pour le crayon. Les chiens ne sont pas rares. Les chats
abondent. Les oiseaux de tous les plumages pullulent. Le bœuf pensif manque seul à Paris. Mais eh
revanche les animaux exotiques y sont largement représentés, depuis les fauves, les lions roux et les
tigres tachetés jusqu'au kangourou timide.

Et ce n'est pas une des moindres étrangetés de notre étrange Paris que de pouvoir donner le
titre d'étude parisienne à l'eau-forte que M. Lançon a faite d'après la cigognière du Jardin d'Acclima-
tation. Au bord d'un ruisseau clair, tranchant sur les roseaux et les joncs, la troupe des cigognes
semble se reposer dans une oasis. C'en est une, en effet, une oasis de verdure enchâssée comme une
émeraude dans la ville de pierre.

René Delohme.

ART DRAMATIQUE

JANE ESSLER

ou s est-il arrivé, au temps où vous habitiez les environs de la vieille Sor-
bonne, vous est-il arrivé de,traverser l'étroite et humide rue Mouffetard? Sur le
pas des portes et jusque dans les ruisseaux, jouaient et criaient de pâles et
chétives petites créatures, filles et garçons, les vêtements déguenillés et sales,
les cheveux en broussailles, et au travers, des yeux ardents, une physionomie
maligne : les vrais gamins de Paris.
Gravure de Bomon C'est là, dans ce milieu qu'a poussé M"c Jane Essler, courte, maigre, les

d'après des types elzéviriens. - t 1 . ,

cheveux roux et plantes trop bas sur le front; ce n était pas ce qu on appelle une
belle enfant. Mais un grand regard mélancolique , qui s'éclairait par intervalle et pétillait d'intelli-
gence, étonnait les passants et leur faisait dire : « La jolie bohémienne! » On l'envoya à l'école ; elle
 
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