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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Delorme, René: Études parisiennes: la rue
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0301

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ÉTUDES PARISIENNES. 259

cœur de Paris, ne voilà-t-il pas une chose extraordinaire? Et cela est pourtant fréquent. Ceux qui
n'ont pas d'yeux passent à côté de ces étrangetés sans y faire attention. Ceux qui sont doués de la vue
artistique s'arrêtent et admirent. Ces tentes de gaziers sont en effet extrêmement curieuses.

Comme tout ce que la présence de l'homme anime, elles offrent des tableaux variés suivant les
heures. C'est d'abord, à la tombée de la nuit, le spectacle amusant du repas. Le vieil ouvrier, à barbe,
qui en a vu bien d'autres, fait la cuisine pour la chambrée. Puis, quand la dernière bouchée est
engloutie, quand le dernier coup est bu, commence la veillée, le moment de la pipe et des histoires.
Enfin vient l'heure du sommeil. Les travailleurs s'enfoncent sous la tente et se couchent laissant
deviner aux passants des silhouettes vaguement rougies par les clartés du foyer.

Le jour, où que l'on aille, le groupe humain se présente partout à vous. Si c'est à une circonstance

*

La Mère Berlingot.
Fac-similé d'un dessin de P. Renouard.

dramatique qu'il doit sa formation, si par exemple il s'agit d'un accident, d'un homme écrasé, d'une
femme évanouie, d'un cheval tombé, examinez les figures. Rien n'est plus intéressant que de voir les
diverses impressions produites par une même cause. L'un pâlit d'émotion et de pitié, l'autre prend un
air triste. Un troisième reste indifférent. Si le groupe est compacte, on peut en quelque sorte déchiffrer
sur les physionomies toute la gamme sentimentale de la première à la dernière note, du manque à
l'excès.

De même pour le rire. Nous nous rappelons avoir rencontré il y a quelques années un artiste qui
suivait un homme ivre dont les zigzags capricieux égayaient les passants.

« Voilà un ivrogne qui me rend un grand service sans s'en douter, nous dit le peintre ; je prépare
justement un tableau où j'ai six figures qui doivent rire et sourire. Grâce à ce buveur, je sens que je
vais pouvoir graduer la gaieté de mes bonshommes et faire quelque chose de vrai. »

Les enfants méritent d'être étudiés à part. Ils ont en raccourci toutes les passions de l'homme,
l'envie, l'orgueil, la paresse. Ils ont de plus le mérite de ne rien dissimuler. On peut faire sur
eux de grandes et sérieuses études humaines. On peut aussi les observer au point de vue anecdo-
tique.

M. Gustave Renouard a précisément pris sur le fait deux épisodes : une toute petite fille s'arrête
 
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