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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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La Rounat, Charles de: Madame Arnould-Plessy
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MADAME ARNOULD-PLESSY

adame Arnould-Plessy a été l'héritière directe et l'on peut dire
unique de Mlle Mars. Elle est le dernier exemple du grand art, la der-
nière tradition vivante de la haute comédie.

Elle a été dans toute l'étendue de l'expression une grande, une
vraie comédienne; on peut même dire qu'elle a représenté dans ce
qu'il a de plus élevé, de plus noble, de plus complet, le type de « la
comédienne » môme.

Elle a pris de M"9 Mars tout ce qu'elle pouvait lui prendre, sans
avoir jamais rien reçu d'elle. M"e Mars, comme Elisabeth d'Angleterre,
n'admettait pas de succession possible. M"° Mars quitta le pouvoir
lorsqu'il ne lui fut plus possible de le détenir: mais sans avoir jamais

d aprésdes types elzéviriens. A A 1 } ' ,

voulu rien faire pour en faciliter l'accès à une autre.
La destinée de M"e Plessy au théâtre a été la plus heureuse et la plus brillante qu'on pût rêver.
Trente ans elle a tenu le public en sa puissance ; pendant trente ans elle nous a donné sous
toutes les formes, dans tous les genres, les exemples les plus précieux de ce que peuvent l'intelli-
gence et l'étude secondées par les moyens d'exécution les plus nombreux, les plus complets et les
plus rares. Mais malgré les succès de M"c Plessy dans des genres opposés, sa véritable voie drama-
tique a été la comédie pure et elle a donné sa véritable mesure dans trois incarnations, où. celle qui
doit la remplacer un jour, — si elle doit être remplacée, — n'a pas encore paru : Célimène, Sylvia,
Araminte !

Ces trois noms éveillent dans mon esprit le triple souvenir des plus parfaites jouissances intellec-
tuelles qu'il m'ait été donné d'éprouver.

Jeanne Sylvanie Plessy est née à Metz, en 1818, d'une famille originaire de Bordeaux. A neuf ans
on lui fit réciter devant Cherubini un morceau d'Iphige'me. Trop jeune pour entrer au Conservatoire,
elle dut se contenter de quelques leçons particulières que voulut bien lui donner Michelet jusqu'au
jour où, conduite chez Samson, — elle avait douze ans alors, — elle fut en quelque sorte adoptée par
lui et devint à dater de ce moment son élève favorite. Elle ne fit que traverser pour ainsi dire le
Conservatoire. Ses études, elle les fit sur le vif, en jouant tous les dimanches dans un petit théâtre,
installé rue de Lancry, où M. Thiers et M. Cavé l'étant allés voir, lui accordèrent la pension d'en-
couragement.

Le 13 mars 1834, elle débuta aux Français dans le rôle d'Emma de la Fille d'honneur de Duval et
le lendemain dans Une Passion secrète de Scribe. Ce fut une conquête : elle subjugua tout le monde.
Nul ne put et n'essaya de résister à la séduction invincible qu'exerçait l'éclat de cette beauté, le son
de cette voix caressante et veloutée, toute cette personne enfin dans son éclat d'aurore.

Au cours de cette année, elle se fit voir dans vingt rôles différents : les heureuses qualités qu'elle
montra, la souplesse de talent dont elle fit preuve, son sentiment délicat des situations, les inflexions
variées de sa voix, la grâce de son jeu, l'harmonie de sa diction, tout faisait concevoir de si cer-
taines espérances et produisait déjà un effet si considérable que la Comédie-Française n'hésita pas
à s'attacher cette charmante recrue, et le ier novembre 1836, M"e Plessy fut nommée sociétaire à
l'unanimité.

La première période de la vie dramatique de M"e Plessy se compose de onze années, pendant
lesquelles elle passa en revue la plupart des grandes pièces du vieux répertoire et créa un grand
 
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