L' art: revue hebdomadaire illustrée (2.1876 (Teil 4))

Fleuron tiré d'un Ovide de 1651.

TURNER ET CLAUDE LORRAIN

(fin1

II.

urner, par testament, a légué ses deux
tableaux, Didon dirigeant la construction de
Carthage et Lever de soleil dans un brouil-
lard, en exigeant qu'ils fussent placés près
de deux Claude dans la Galerie Nationale ;
mais il a laissé au conservateur de la ga-
lerie le soin de choisir les Claude. Evi-
demment le choix était indiqué d'avance
par les circonstances. On voulait établir
une comparaison, ou du moins rendre une
comparaison possible. Dans le cas du Car-
thage c'était facile. La galerie possédait un
Claude superbe, presque de mêmes dimen-
sions (la différence en hauteur n'est que
de 4 centimètres), et dont le sujet avait
une très-grande analogie avec celui de
Turner, comme le lecteur a pu le constater
d'après notre précédent article. Sans être
une imitation, le Carthage est entièrement
composé de matériaux que Claude Lorrain
aurait pu choisir, et ces matériaux sont
arrangés avec un art appris de lui. Le
second tableau, le Lever de soleil, était

Fac-similé d'un dessin de H. Toussaint, déjà plllS modeme et plllS éloigné dll

d'après un alphabet de Th. de Bry.

paysage du xvne siècle. Le ciel et l'eau
pouvaient offrir, il est vrai, l'occasion d'une comparaison avec des ciels et des mers de toutes les
époques de l'art, mais le sentiment n'est plus le même. Il y a de la poésie dans ce tableau de Turner,
mais une poésie bien différente de la douce rêverie classique de Claude. Ce Lever de soleil est une scène

1. Voir l'Art, 2e année, tome VII, page 270.

Tome VII. ^7