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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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A NOS ABONNÉS

-Quand, à pareille époque, il y a deux ans, a paru le premier numéro de L'ainj, les pronostics funestes ne nous
ont pas manqué. Le format était trop grand, le prix trop élevé. 'Les myopes s'insurgeaient et criaient en chœur que c'était
se moquer que de prétendre leur imposer l'obligation de se coucher sur leurs tables pour lire ces grandes pages ou de
s'encombrer de pupitres comme ceux ou les chantres d'églises étalent leurs in-folio. Les presbytes, à leur tour, décla-
raient qu'ils n'étaient pas d'humeur à se faire fabriquer des bibliothèques exprès pour nous. <Jiu bout de quelques
années, ou logerait-on de pareilles collections dans ces chambres microscopiques où nous parquent les architectes modernes?
pouvions-nous penser que les constructeurs de maisons iraient faire des appartements spéciaux en vue des abonnés futurs
de L'oA%i? 'Quelle était cette manie de « faire grand » en ce temps d'infiniment petits? 'Quand on s'adresse au public,
ne faut'il pas avant tout s'accommoder à ses habitudes et a ses goûts?

%t puis comment croire que, en dehors de quelques millionnaires ou de quelques prodigues, entichés de la passion
des arts, nous trouverions trois ou quatre mille pères de famille disposés a mettre leurs enfants sur la paille pour
le plaisir de payer i20 francs par an un recueil aussi difficile à lire qu'à loger? jEn fjfrance, on peut bien
faire cette dépense pour un dîner ou une partie de plaisir, mais le public est bien trop pénétré des principes de
sage économie pour se livrer à de tels excès en faveur d'une Revue artistique. 'Quand toutes les publications
s appliquent, pour abaisser leur prix au delà du vraisemblable, à réaliser des prodiges de bon marché, le moment est
bien choisi vraiment pour donner l'exemple exactement contraire et demander aux gens de pareils sacrifices pour des
plaisirs purement intellectuels/

%n admettant mime que ces premières difficultés pussent être surmontées a force de patience et d'argent, il en restait
une autre encore plus grave, pour mieux dire une impossibilité. La publication d'une 3\cvuc artistique illustrée exige des
conditions toutes particulières. 31 ne suffit pas qu'elle trouve la matière de ses articles, il lui faut pour chaque numéro
un certain nombre d'illustrations qui concordent avec ces articles, ijr ces illustrations ce sont des reproductions de dessins
ou de tableaux, des gravures sur bois, d l'eau-forte ou au burin, des chromolithographies, des lithographies, etc., dont
chacune demande un temps plus ou moins long, 31 est toujours périlleux de compter que tout sera prêt d une époque
fixée, d plus forte raison quand cette époque, par une échéance inexorable, revient tous les huit jours.

31 faut donc prévoir les choses longtemps d'avance, disposer ses numéros souvent huit ou dix semaines avant qu'ils
paraissent, parfois même plus tôt, si l'on tient à n'être pas pris au dépourvu, éïïlais, par la même raison, on doit
laisser toute prétention à l'actualité. ^Avant que, dans l'œuvre commune, les écrivains, les dessinateurs, les graveurs
aient achevé la part qui revient a chacun, les semaines et les mois se passent. Ajoutez à cela le temps matériel nécessaire
pour le tirage des gravures, puis pour l'impression du texte 'subordonnée elle-même d ce tirage, et voyez ce que vous
donnera la superposition infinie de toutes ces collaborations successives. "Jiairc de l'actualité dans de pareilles conditions,
autant courir avec un poids de vingt-cinq kilogrammes d chaque pied!

i3r, d quoi bon une Revue d'art hebdomadaire, si l'actualité lui échappe ? j^oure/uoi s'imposer l'accumulation
des difficultés dès lors sans compensations, qui résultent de cette périodicité accélérée et exagérée ?

fout cela était parfaitement raisonné et absolument vraisemblable.

JHais, par bonheur, le vraisemblable n'est pas toujours vrai. Les fondateurs de L'a4fRj ont bravé toutes ces
prévisions décourageantes, et ils ont bien fait. Le public s'est habitué d voir dans le format surtout l'avantage d'avoir
des eaux-fortes d'une importance jusqu'alors inconnue dans les publications artistiques ; il s'est aperçu, en analysant
le prix soi-disant exagéré de l'abonnement annuel, que, pour -iZO francs, il reçoit par an de 65 d JO eaux-
fortes inédites qui lui reviennent l'une dans l'autre d moins de deux francs, c'est-à-dire d un prix singulièrement
inférieur à ce qu'il devrait payer pour les avoir en dehors de l'abonnement, et qu'il a par-dessus le marché quatre
 
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