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Giry, Arthur: 5e Exposition de l'Union Centrale des Beaux-Arts: la tapisserie de l'Apocalypse de Saint-Maurice-D'angers
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0353
5e EXPOSITION
DE
L'UNION CENTRALE DES BEAUX-ARTS
APPLIQUÉS A L'INDUSTRIE
LA TAPISSERIE DE L'APOCALYPSE DE SAINT-MAURICE D'ANGERS
N a pu voir à l'Exposition de l'Union centrale des Beaux-Arts et nous
reproduisons aujourd'hui deux morceaux d'une ancienne tapisserie
appartenant à l'église de Saint-Maurice d'Angers. Ces deux mor-
ceaux forment le sixième et le septième tableau d'un immense ouvrage
de haute lisse en sept pièces où se déroulait toute la vision de saint
Jean à Pathmos. Telle qu'elle était primitivement, cette tapisserie
décorait d'un bout à l'autre la nef et le chœur de la cathédrale, sur
une hauteur d'environ 5 mètres comprise entre les arcs de la grande
nef et les galeries supérieures; dans sa longueur elle ne mesurait pas
moins de 160 mètres. Chaque pièce se composait de deux étages de
Gravure de Burgun, d après des types du xvip siècle. * 1 A 0
sept compositions séparées entre elles par une espèce de cadre de
laine brune. Au commencement de chaque série un quinzième tableau représentait un personnage
dans une espèce de niche gothique ; entre les deux séries de tableaux des légendes en expliquaient
les sujets. Un ciel étoilé dans lequel étaient figurés des anges jouant de divers instruments de musique,
une terre fleurie, peuplée d'une foule de petits animaux, formaient en haut et en bas les bordures de
chaque pièce. Aujourd'hui il reste de cette œuvre considérable soixante-neuf tableaux complets et
quelques fragments ; les légendes et les bordures ont disparu, sauf quelques morceaux qui peuvent
donner une idée de l'œuvre entière.
Ce monument est à des titres divers d'un très-grand intérêt pour l'histoire de l'art : c'est proba-
blement la plus ancienne tapisserie de cette importance qui subsiste en France ; on peut déterminer
exactement l'époque sinon le lieu de sa fabrication, on connaît jusque dans les plus menus détails
toute son histoire ; le sujet qu'elle représente, VApocalypse, est un de ceux qu'ont affectionnés entre tous
les artistes du Moyen Age, sculpteurs, peintres, miniaturistes et graveurs en bois ; c'est peut-être celui
qui donne le mieux la mesure de leurs qualités et de leurs défauts ; enfin une heureuse fortune, nous
a conservé le type même, beaucoup plus ancien, dont les tapissiers se sont servis pour dessiner les
cartons de cet ouvrage.
La tapisserie de Saint-Maurice d'Angers a déjà plus d'une fois attiré l'attention des archéologues.
M. Barbier de Montault l'a décrite, dans une brochure publiée en 1858, sous le titre les Tapisseries
du Sacre d'Angers. M. de Joannis en a publié, en 1864, des dessins au trait qui, s'ils ne donnent pas
la physionomie réelle de l'original, s'ils ne rendent pas compte de son effet décoratif, nous ont été
cependant d'une grande utilité pour l'étude et les comparaisons qu'ils nous ont permis de faire. Des
érudits, M. Célestin Port et M. Lecoy de La Marche ont retrouvé son histoire dans des comptes et
dans des inventaires; enfin, plus récemment, M. de Farcy a reproduit la brochure de M. Barbier de
Montault en la complétant à l'aide des documents d'archives mis au jour depuis sa publication.
Notre but principal, dans cet article, est de placer cet ouvrage en regard des autres figurations
DE
L'UNION CENTRALE DES BEAUX-ARTS
APPLIQUÉS A L'INDUSTRIE
LA TAPISSERIE DE L'APOCALYPSE DE SAINT-MAURICE D'ANGERS
N a pu voir à l'Exposition de l'Union centrale des Beaux-Arts et nous
reproduisons aujourd'hui deux morceaux d'une ancienne tapisserie
appartenant à l'église de Saint-Maurice d'Angers. Ces deux mor-
ceaux forment le sixième et le septième tableau d'un immense ouvrage
de haute lisse en sept pièces où se déroulait toute la vision de saint
Jean à Pathmos. Telle qu'elle était primitivement, cette tapisserie
décorait d'un bout à l'autre la nef et le chœur de la cathédrale, sur
une hauteur d'environ 5 mètres comprise entre les arcs de la grande
nef et les galeries supérieures; dans sa longueur elle ne mesurait pas
moins de 160 mètres. Chaque pièce se composait de deux étages de
Gravure de Burgun, d après des types du xvip siècle. * 1 A 0
sept compositions séparées entre elles par une espèce de cadre de
laine brune. Au commencement de chaque série un quinzième tableau représentait un personnage
dans une espèce de niche gothique ; entre les deux séries de tableaux des légendes en expliquaient
les sujets. Un ciel étoilé dans lequel étaient figurés des anges jouant de divers instruments de musique,
une terre fleurie, peuplée d'une foule de petits animaux, formaient en haut et en bas les bordures de
chaque pièce. Aujourd'hui il reste de cette œuvre considérable soixante-neuf tableaux complets et
quelques fragments ; les légendes et les bordures ont disparu, sauf quelques morceaux qui peuvent
donner une idée de l'œuvre entière.
Ce monument est à des titres divers d'un très-grand intérêt pour l'histoire de l'art : c'est proba-
blement la plus ancienne tapisserie de cette importance qui subsiste en France ; on peut déterminer
exactement l'époque sinon le lieu de sa fabrication, on connaît jusque dans les plus menus détails
toute son histoire ; le sujet qu'elle représente, VApocalypse, est un de ceux qu'ont affectionnés entre tous
les artistes du Moyen Age, sculpteurs, peintres, miniaturistes et graveurs en bois ; c'est peut-être celui
qui donne le mieux la mesure de leurs qualités et de leurs défauts ; enfin une heureuse fortune, nous
a conservé le type même, beaucoup plus ancien, dont les tapissiers se sont servis pour dessiner les
cartons de cet ouvrage.
La tapisserie de Saint-Maurice d'Angers a déjà plus d'une fois attiré l'attention des archéologues.
M. Barbier de Montault l'a décrite, dans une brochure publiée en 1858, sous le titre les Tapisseries
du Sacre d'Angers. M. de Joannis en a publié, en 1864, des dessins au trait qui, s'ils ne donnent pas
la physionomie réelle de l'original, s'ils ne rendent pas compte de son effet décoratif, nous ont été
cependant d'une grande utilité pour l'étude et les comparaisons qu'ils nous ont permis de faire. Des
érudits, M. Célestin Port et M. Lecoy de La Marche ont retrouvé son histoire dans des comptes et
dans des inventaires; enfin, plus récemment, M. de Farcy a reproduit la brochure de M. Barbier de
Montault en la complétant à l'aide des documents d'archives mis au jour depuis sa publication.
Notre but principal, dans cet article, est de placer cet ouvrage en regard des autres figurations