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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Leroi, Paul: Italia fara da se, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0374

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ITALIA FARA DA SE

VI.

( son e 1.)

Pesth, le Musée, plus favorisé que le Louvre, possède une grande toile de
Tiepolo d'une tonalité magnifique, un des joyaux de l'ancienne galerie du
prince Eszterhazy de Galantha'2; au Metropolitan Muséum of Art de New-York
on admire un des meilleurs tableaux de chevalet du père, conquis par l'Amé-
rique en même temps qu'un Sacrifice d'Abraham, du fils, — nous les avons
connus l'un et l'autre en France; — à Turin, la Pinacothèque a deux
Giambattista : l'Hérésie vaincue par la Religion, .petite toile prestement
enlevée et une vaste page d'un grand effet : le Triomphe de l'empereur
Aurélien ;— à Madrid nous retrouvons Tiepolo au Museo del Prado, puis
Fac-similé d'une gravure de Je.'.n Cousin, chez Don Valentin de Carderera l'heureux possesseur de l'Annonciation,

(xvi* siècle^)

des Anges apparaissant à Abraham et du Portrait de Donna Maria Amalia de
Saxe, femme de Charles III ; je m'arrête; j'en aurais trop long encore à citer. Mais je tiens à prouver que
mon jugement sur Tiepolo est partagé par des critiques compétents et qui ont sérieusement étudié le
maître; je dois à Giambattista l'une de mes plus précieuses relations littéraires, celle du savant marquis
Pietro Estense Selvatico, et voici comment cet amant passionné des maîtres du xve siècle juge le der-
nier des grands Vénitiens dans son beau livre : Sloria esietico-critica délie Arti del Disegno* :

« Grâce à la sage méthode — si on la compare à l'emportement général de l'époque — de son
maître Lazzarini, Tiepolo put échapper à cette manie dangereuse, à ce vice des peintres de son temps :
faire vite avant tout et surtout ; — il s'adonna, en outre, à l'étude constante, passionnée des œuvres
de Paul Véronèse. . •

« Jamais il n'atteignit ni les splendeurs de coloris du maître vénitien, ni son élégance dans l'arran-
gement des draperies, ni la transparence de ses ombres ; mais son pinceau eut les mêmes hardiesses, le
même brio, et par là plus d'une fois il surpassa son modèle.

« Oui, il lui fut supérieur par sa'science des demi-teintes, par sa féconde variété de composition,
par le sentiment profond que respirent ses créations, par son intelligence du nu, et enfin par son
incomparable habileté dans l'art si difficile et si peu connu du clair-obscur.

« Le goût de Tiepolo pour les gravures d'Albert Durer ne fut point étranger à sa fécondité d'in-
vention, à l'ampleur de son dessin; mais ce qui le distingua surtout de ses contemporains, même des
meilleurs « clair-obscuristes », ce fut son culte du vrai. Il eut le courage d'aller chercher, en dehors de
l'atelier, à ciel ouvert, l'effet juste de la lumière se jouant à l'air libre. iMieux encore que le Corrège, il
comprit que les ombres, pour donner du relief aux objets, ne réclament pas une grande intensité de ton,
mais qu'elles ont besoin, au contraire, d'être éclairées par de vigoureux reflets opposés à la douce
obscurité des points où ne sauraient pénétrer ni la lumière directe, ni la lumière réfléchie. Il reconnut que

1. Voir l'Art, irc année, tome I", page 347; tome II, pages 185 et 233, et 20 aimée, tome VII, pages 282 et 292

2. Ferdinand le Catholique} vainqueur des Maures.

3. a volumes in-8, Venise, 1853-1856, pages 573 et suivantes du tome II.
 
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