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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Bernard Lépicié
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0249

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212

L'ART.

Ce n'est point sur ces œuvres-là qu'il faut juger Lépicié; il prend le vrai rang qu'il mérite dans le
portrait et les scènes familières; il se place alors à côté de Chardin. Sa Halte, la Douane, le Braconnier,
la Nourrice, l'Education, le Repos du vieillard et d'autres sujets encore sont dignes de l'estime des ama-
teurs délicats, comme Mrae la baronne Nathaniel de Rothschild. Les portraits de Lépicié sont spirituels,
animés, vivants ; bien de leur temps et de leur époque, ils feront toujours honneur aux collections qui
leur donneront asile.

N'est-il pas singulier que le Louvre ne possède pas un seul tableau de ce maître fécond, car celui
qui se trouve dans la galerie Lacaze, sous le n° 18 =5 et le titre : le Retour de l'école, porte cette mention
dubitative : « Cette figure pourrait être attribuée à Lépicié. »

Nicolas Bernard Lépicié mourut le 17 septembre 1784.

A. G.

Luc-simile d'une gravure d'Augustin de Saint-Aubin.

NOTRE BIBLIOTHEQUE

LXXIV.

L'ITALIE, par Jules Gourdault. — Un beau volume in-4
de 800 pages, illustré de 400 gravures sur bois. Paris,
Hachette, 1876.

Ce livre est certainement un des plus complets et des plus
beaux qui aient été publiés sur l'Italie. L'auteur, M. Jules Gour-
dault, collaborateur de la Revue des Deux Mondes et éditeur de
Larochefoucauld, dans la Collection des grands écrivains de la
France, est un homme qui sait voir, et il a visité et examiné avec
un soin consciencieux tout ce qui dans la Péninsule méritait d'être
vu et décrit.

Il n'a rien négligé de ce qui peut intéresser les touristes et
l'on ne peut guère désirer un guide plus sûr et plus complet. Ses
descriptions, précises et nettes, ont en plus cet accent personnel
de l'homme qui a vu par lui-même et qui a éprouvé pour son
propre compte les émotions qu'il transmet aux autres. Très-sen-
sible aux grands spectacles de la nature, il ne se contente pas de
ces admirations banales et nuageuses qui suffisent à la rhétorique
de tant de voyageurs. Il connaît la géographie, ce qui est peu
commun chez nous, j'entends la géographie telle que la font en
ce moment les livres d'Elisée Reclus.

Il s'inquiète de la configuration et de la construction du sol,
et, sans y insister au delà de ce qui est nécessaire, il donne toutes
les indications utiles à l'intelligence des mouvements et des direc-
tions des vallées et des montagnes, des formations des plaines et
des diverses productions de la terre.

A cela s'ajoute l'histoire des principales villes résumée en ses
traits essentiels et les plus expressifs. Pour qui sait combien il est
difficile de condenser ainsi l'histoire sans lui enlever une partie
de ce qui en fait la vie et l'intérêt, c'est peut-être là un des mé-
rites principaux de ce livre. Nous citerons comme exemple ce
résumé de l'histoire de Milan : « Milan est sans contredit la ville
italienne qui a le plus travaillé et le plus souffert pour la cause
de l'indépendance nationale... Elle a subi pour sa part plus de
trente sièges. L'accroissement de sa puissance date du grand
mouvement qui affranchit, au xi° siècle, les communes d'Italie.
Elle prit alors la tête de la Ligue lombarde ; mais que de cala-
mités lui attira son rôle glorieux! La liberté italienne enfanta
de terribles discordes. Ce fut d'abord une lutte à mort contre Pavie,
la ville aux cinq cent vingt-cinq tours, qui était alors la plus

florissante et la plus ambitieuse des cités du Pô après Milan. Le
moindre prétexte, une contestation sur le cours des eaux d'arro-
sement, allumait la guerre fratricide. Les villes de la région cir-
convoisine ne manquaient pas de prendre parti pour l'une de ces
deux villes ; Crème, Brescia, Parme, Modène, marchaient d'or-
dinaire avec Milan ; Plaisance, Reggio, Lodi, Crémone, Novare,
épousaient de préférence la cause de Pavie. Et il fallait voir les
brillants faits d'armes des guerriers rassemblés autour de leur
Carroccio ! Le malheur était que l'ennemi commun et héréditaire,
le chef du Saint-Empire, savait profiter à point de ces divi-
sions. « En 1162, Frédéric Barbcrousse détruisit Milan, non
sans appeler à la curée les cités rivales. Mais quelle revanche pour
les Milanais quatorze ans plus tard ! Après sept siècles écoulés, le'
nom de Legnano sonne encore au delà des monts comme chez nous
celui de Bouvines. La grande bataille en commémoration de
laquelle les Italiens viennent d'élever un monument national, fut
livrée entre l'Olonne et le Tessin à l'armée impériale, descendue
avec la furie d'un torrent par l'Engadine et le lac de Côme. Le
courage de la « cohorte de la mort » et du « bataillon du Car-
roccio » eut raison des phalanges tudesques. Pour longtemps,
les républiques cisalpines se trouvèrent sauvées de l'étranger.
Elles n'étaient malheureusement pas sauvées d'elles-mêmes.

« Des factions implacables surgirent bientôt du sol, tout fumant
encore, et de la liberté reconquise. Sous ses tyrans indigènes,
Milan devint oppressive à son tour. C'est l'ère des condottieri,
dont la race va se provignant des rivages tyrrhéniens à ceux de
l'Adriatique. Les Visconti succédèrent aux Torriani, les Sforza
aux Visconti, jusqu'au jour où le Milanais, disputé comme une
proie entre Charles-Quint et François Ier, échoit décidément
à la maison d'Autriche qui l'a gardé, sauf pendant un intervalle
de dix années (de 1805 à 1815), jusqu'à la paix de Villa—
franca. »

En une demi-page, tout y est. Il est difficile de mieux expri-
mer le suc d'une histoire aussi compliquée.

Les descriptions qui naturellement abondent dans un livre de
cette nature sont d'une précision non moins remarquable. Rien
n'est plus loin des tirades à panaches de l'école descriptive, qui
fut si fort à la mode dans la première partie de ce siècle.
M. Gourdault, voulant nous faire connaître l'Italie, décrit natu-
rellement les spectacles qu'elle présente comme il nous raconte
son histoire, par les traits saillants, sans fausse rhétorique et sans
déclamation. Il ne nous transmet que ce qui l'a frappé lui-même
 
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