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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Lettre d'Angleterre
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L'art et l'industrie de l'Allemagne à l'exposition de Munich [1]
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LETTRE D'ANGLETERRE

(Correspondance particulière de l'Art.)

|S5jisq e nouvel hôtel de ville de Manchester, dont l'achève-
K sQf* ment esc proche, ouvrira bientôt un champ assez vaste
™i ■■f™ à la peinture décorative. L'édifice a été construit d'après
les plans de M. Waterhouse, un architecte de talent qui a déjà
fait beaucoup pour l'ornement de cette importante cité manufac-
turière.

En cette circonstance, M. "Waterhouse a eu à lutter avec de
très-sérieuses difficultés provenant de la conformation malheu-
reuse du vaste espace de terrain mis à sa disposition. Le bâti-
ment s'élève sur un triangle, et il est construit de telle façon
que, d'un seul et unique point de" vue, le spectateur peut se faire
une idée générale de la masse de l'édifice. Par suite, la façade
principale donne la déplaisante impression d'un simple masque,
car, même aux angles, il est impossible de se rendre compte de
l'étendue de la bâtisse qui se dissimule en arrière. Toutefois, à
l'intérieur de l'hôtel de ville, l'architecte a laissé de larges espaces
pour la décoration picturale, et la question est maintenant de
savoir si, depuis la malheureuse expérience du palais du Parle-
ment, Fart anglais a fait en ce genre des progrès suffisants pour
se montrer à la hauteur de cette nouvelle tâche. L'insuccès des
précédentes tentatives a fait de nos architectes modernes des
adversaires de toute peinture qui n'est pas d'un caractère étroite-
ment conventionnel. L'architecte anglais est généralement dis-
posé maintenant à une sorte de style archaïque qui s'inspire des

ressources restreintes des peintres sur verre du moyen âge,
plutôt que de la liberté de l'art moderne, et il y a lieu de
craindre cuie M. Waterhouse n'échappe pas à cette tendance.

M. Millais travaille en ce moment à un nouveau paysage
emprunté, comme celui de Fan dernier, aux sites de l'Écosse.

Le 3 novembre aura lieu, au Musée de South Kensington,
une exposition de quelques-unes des maquettes destinées au
concours ouvert pour le monument à élever à lord Byron. Ce
| monument, pour lequel une somme considérable est déjà sous-
I crite, sera placé dans le Parc, faisant face à Piccadilly. La
statue en pied sera en bronze, sur un piédestal dont le marbre
est donné par le gouvernement grec. On croit que beaucoup de
sculpteurs anglais prendront parc au concours, mais, si nous
considérons l'état actuel de la sculpture anglaise, il nous est
difficile de compter sur des œuvres d'un mérite supérieur. L'An-
gleterre serait très-sincèrement reconnaissante envers la sculp-
ture française, si celle-ci consentait à entrer en lice. D'ailleurs,
si jamais monument s'est prêté à une compétition internationale,
c'est bien celui de Byron, le poète dont la réputation est euro-
péenne, et dont la gloire est assez haute pour inspirer non pas
seulement un chef-d'œuvre de l'art anglais, mais un chef-d'œuvre
de l'art contemporain. Les modèles à. exposer doivent avoir deux
pieds de haut, et la somme allouée pour l'œuvre sera probable-
ment d'environ 3,000 livres (75,000 francs). j. C. C.

L'ART ET L'INDUSTRIE DE L'ALLEMAGNE A L'EXPOSITION DE MUNICH

(Correspondance particulière de l'Art.)

Le nouvel empire allemand possède une capitale politique,
diplomatique et militaire : Berlin. Là-dessus tous les doutes se
sont évanouis. Au point de vue-politique, Munich, Dresde,

sion puissante à un mouvement qui pourrait bien n'être pas exclu-
sivement national. C'est surtout dans le vaste domaine de l'art
que Berlin et tout le nord de l'Allemagne semblent à jamais

Stuttgart, etc., sont devenues des villes de province, et la pré- voués à l'infériorité la plus marquée, c'est ce domaine de l'art
sence d'un roi, d'un gouvernement particulier, avec ministres des qui semble-être échu en partage aux populations du sud, peut-
affaires étrangères, de la guerre, etc., n'y change absolument être afin de les consoler de leur incapacité à produire de grands

rien. Mais la ville brandebourgienne sera-t-elle jamais pour l'Al-
lemagne autre chose qu'une capitale artificielle ? Sera-t-elle un
jour un centre naturel, la tête et le cœur de la nation entière ? Il
est impossible, dans l'état actuel des choses de trancher la ques-
tion dans le sens affirmatif ou négatif ; mais, pour le moment, il
est évident que la centralisation politique n'a pas entraîné la
centralisation sociale et intellectuelle, et l'on dirait même que
plus l'unification officielle marche en avant, plus l'esprit national
allemand se défend contre elle sur tous les domaines qui échap-
pent à l'influence de l'Etat; le particularisme, chassé de la poli-
tique, s'est réfugié dans la littérature, dans la science, dans l'art,
dans l'industrie, et longtemps encore il tiendra bon. Par exemple,

généraux, des maîtres diplomates, et des professeurs de premier
ordre. En effet, voilà ce qui tout d'abord saute aux yeux lors-
qu'on parcourt les salles de l'Exposition d'art et d'industrie artis-
tique ouverte à Munich depuis le mois de juin. L'Exposition
attire dans cette ville, — une des plus attrayantes de l'Alle-
magne, soit dit en passant, — un nombre de visiteurs si extraor-
dinaire, que maintes fois des étrangers, arrivés le soir et écon-
duits d'hôtel en hôtel, en ont été réduits à s'adresser à la
préfecture de police afin d'obtenir un gîte provisoire pour y pas-
ser la nuit. C'est l'Autriche, expulsée de force du giron de l'unité
allemande, qui tient le haut du pavé dans presque toutes les
branches de l'industrie artistique ; quant à l'art proprement dit,

ce n'est pas dans la capitale, mais dans deux villes de province j et surtout Fart de la peinture, le centre le plus important, c'est
que paraissent les deux journaux allemands les plus influents, la sans doute l'école de Munich, la seule qui ait un but commun, une

Gaiette de Cologne, et la Galette d Augsbourgtandis que la
presse berlinoise s'élève à peine au-dessus du niveau d'une presse
locale ; c'est à Leipzig, non à Berlin, que se trouvent le siège <ie
la plus importante université et le commerce des livres pour
toute l'Allemagne ; c'est le théâtre de Vienne et non certes celui
de Berlin, qui joue, tant bien que mal, en Allemagne, le rôle du
Théâtre-Français; enfin c'est en Saxe, puis en Bavière, à Dresde,
puis à Weimar, puis à Munich, que la « musique de l'avenir »,
— pour parler comme ses adversaires, — a pris son essor, et
tout récemment c'est sur le sol bavarois, à Bayreuth et non à
Berlin que toute l'Allemagne musicale s'est rendue à l'appel de
Richard "Wagner, dont l'œuvre, quoi qu'on puisse penser de ses
mérites ou de ses faiblesses, n'en a pas moins donné une impul-

tradition, un véritable esprit de corps, tout ce qui constitue enfin
une école, qui est la première, et qui l'emporte de très-loin sur
Dusseldorf, Dresde ou Berlin. En somme, les honneurs de cette
exposition sont dévolus à la race austro-bavaroise, qui, sous bien
d'autres rapports, joue le rôle de Cendrillon parmi les autres
races germaniques, et que la morgue prussienne se plaît à affu-
bler du sobriquet de Phéaques et de Béotiens.

L'histoire même de cette exposition est des plus curieuses et
offre des points de comparaison très-instructifs avec l'exposition
allemande à Philadelphie, laquelle, comme on sait, a eu un succès
négatif sur la signification duquel personne en Allemagne, pas
môme la presse chauviniste de Berlin, n'a pu se faire illusion.
Pour Philadelphie, le Reichstag avait voté un subside d'un mil-
 
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