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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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Dubouché, Adrien: La céramique contemporaine, [1]: à l'Union Centrale des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0052

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42 L'ART.

Vraiment, cette année, la céramique est remarquable. M. Poyard, un nouveau venu, nous en donne
la preuve; il emploie des émaux jaunes, bleus et turquoise qui, alternant avec l'or, font des motifs de
décoration de haut mérite. Ces décors ont toute la séduction des poteries persanes.

En dehors de ce bel art d'émail, M. Poyard nous sert dans des plats gigantesques des passe-roses
crânement peintes, des feuilles de bégonias fraîches et veloutées, deux pièces absolument réussies, et,
pour en revenir aux trésors de perles de M. Poyard, nous admirons une paire de vases dont le jeu de
l'or avec les émaux fait valoir avec originalité ce beau style mauresque, grande école où nous puiserons
longtemps l'harmonie des couleurs. Enfin viennent de petites aiguières à plateau, bien fines et bien
délicates ; la fabrication de ces bijoux est d'une grande difficulté et les décors indiens s'enchevêtrant
les uns dans les autres, donnent à ces merveilles un aspect d'orfèvrerie de la plus élégante finesse. A
cette époque où tant de médiocrités ont les vents prospères, M. Poyard a le droit d'avoir confiance
en lui; nous lui prédisons sa place au soleil de la renommée, une place noblement conquise.

La verrerie et les émaux, de notre compétence l'an dernier, ont cette année changé de classe.
Nous n'avons donc rien à voir dans les œuvres d'un groupe d'artistes que nous avions pris l'habitude de
louer longuement. Mais avant de nous taire, nous demandons à dire que Bitterlin est toujours le maître
graveur des grandes glaces décoratives, que Brocard ne cesse de broder d'or le tissu de ses verres filés
par la main des fées. Sa copie du vase persan, conservé au trésor de Vienne, nous montre le degré de
science et d'habileté de ce poète artiste. Nous prenons aussi le droit de dire à M. de Courcy que ses
trois émaux, Une Chimère, la Chasse et la Péri montrent un talent bien imprégné delà bonne école. Cet
artiste applique en même temps le bel art limousin à de charmants portraits : un jeune garçon dont la
figure reposée et pensive ressort sur un fond vert d'une grande beauté, une dame peinte sur un ciel
d'un éclat merveilleux qui fait ressortir le modelé, le ton crémeux, la pensée tout entière d'une figure
intelligente et bonne honorent hautement le talent de M. de Courcy. Enfin nous voulons crier par-
dessus les toits que Falize est le maître des émaux appliqués aux bijoux, comme Mayer est le maître des
émaux appliqués à tout. Que sa cigale qui a trop chanté cesse de se désoler; elle vaut son poids d'or,
cette cigale émaillée; qu'elle consente à se vendre et la pauvrette pourra danser et chanter toujours.

Nous le répétons, la céramique est en grand progrès. Combattants arrivés, jeunes recrues qui se
sont juré d'arriver, nous constatons chez tous des recherches raisonnées, savantes et ingénieuses. Nous
voyons en outre grandir une phalange studieuse d'ouvriers et d'artistes qui sentent enfin que la science
n'est pas au fond de leurs pipes pas plus que la poésie ne se trouve au fond d'un bock. En étudiant les
efforts de cette vaillante jeunesse, en pressentant ce que nos amis gardent en secret pour le jour du bon
combat, nous avons l'orgueil d'affirmer qu'en 1878 la fête de toutes les grandes industries du monde
verra célébrer pour longtemps le triomphe de la céramique française.

Adrien Dubouché.

(La fin prochainement.)

F.tc-simile d'un dessus de tabatière de Pierre Mignot.
 
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