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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 4)

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About, ...: Paul Baudry
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https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0193

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ï7o L'ART.

La famille n'était pas riche; elle vivait au jour le jour, mais grâce au travail et à l'épargne, elle ne
connut jamais le souci du lendemain. Presque toujours la table fut abondamment servie par la pèche
et la chasse, qui étaient en ce temps-là plus libres qu'aujourd'hui.

Paul Baudry doit beaucoup aux leçons de ce père qui lui apprit à lire dans les Victoires et Conquêtes
et dans les Fastes de la monarchie française, mais surtout lui apprit à voir et à penser. La droiture, le
désintéressement, le patriotisme, toutes les qualités viriles qui placent son caractère à la hauteur de
son talent, sont l'héritage de ce digne homme à qui il a fait la vieillesse heureuse et la mort douce. Dès
l'âge de dix ans, le petit Paul était déjà classé parmi les bons sujets des écoles primaires de France;
il obtint, comme tel, un livret de Caisse d'épargne à l'occasion du mariage du duc d'Orléans.

Dans la petite bourgeoisie, on n'attend pas que les garçons soient bacheliers pour leur choisir un
état. Paid Baudry fut destiné de bonne heure à la musique ; on lui mit un violon dans les mains et l'on
rêva de le pousser au Conservatoire.

Les bons maîtres n'abondaient pas à la Roche-sur-Yon ; mais un heureux hasard y avait établi un
musicien du plus grand mérite, M. Ernest Depas, qui jouait non-seulement du piano, mais encore du
violon en vrai virtuose. En peu de temps, Paul devint assez fort pour racler brillamment sa partie aux
fêtes, aux assemblées, aux mariages. Il fut bientôt reconnu et recherché, non-seulement pour sa gen-
tillesse et sa précocité, mais pour son talent; il courait, sa boîte à la main, de Saint-Gilles aux Essarts,
de Nieul-le-Dolent à Mouilleron-le-Captif, gagnant la pièce ronde et enflant petit à petit son livret de
la Caisse d'épargne : c'est ainsi qu'il devint riche à 400 ou 500 francs.

Mais une vocation impérieuse l'arracha bientôt pour toujours à la musique ambulatoire : il avait
lié connaissance avec quelques soldats et il s'était improvisé dessinateur de la garnison; ses croquis
enlevés d'instinct devaient avoir quelque mérite, car, au bout de deux ou trois ans, ils furent réunis et
exposés avec grand succès dans une salle de la mairie. Un modeste professeur de dessin, M. Sartoris,
attira chez lui le jeune artiste, lui enseigna généreusement tout ce qu'il savait et lui dit : « Mainte-
nant, mon garçon, si tu veux aller plus avant, entre à l'École des Beaux-Arts, à Paris ! » C'était en 1844.
11 s'en fallait de tout que la famille eût les moyens de tenter une si grosse aventure ; mais l'esprit
de clocher, qui a souvent du bon, s'émut en faveur d'un jeune homme qui promettait d'illustrer
le pays.

Une pension de §00 francs fut demandée pour lui par le maire, M. Moreau, et votée par le con-
seil municipal de la Roche ; les bourgeois éclairés de la ville y ajoutèrent 360 francs par une souscrip-
tion privée ; et c'est ainsi lesté que le petit Vendéen prit le chemin de Paris. Admis à l'atelier
Drœlling, il y travailla tant et si bien qu'en 1845, 'd l'âge de dix-sept ans, il était reçu le premier au
concours des places de l'école. Dès ce jour, le département voulut contribuer à son entretien. Sur la
proposition du préfet, M. Gauja (un vieil ami de M. Thiers que j'ai eu le plaisir et l'honneur de con-
naître avant sa mort), le conseil général ajouta 800 francs à la pension votée par la ville, et lorsque
Paul Baudry eut obtenu le second prix en 1847, le total des subventions consacrées à ses études s'éle-
vait à 1,800 francs.

En i8$o, il enleva le grand prix de Rome avec Gumery, statuaire, Louvet, architecte, Chariot,
compositeur, et Bertinot, graveur. Ce fut une des meilleures promotions de notre Académie. Oh! les
belles promesses et les riantes espérances! Sur les cinq jeunes gens qui partirent alors pour l'Italie, il
y en a déjà deux, Gumery et Chariot, qui ont fait le voyage dont on ne revient pas. Si la modestie de
Baudry n'était pas ombrageuse et farouche, je vous dirais comment il a reconnu les bontés de sa ville
natale, de sa famille, de son vieux maître Sartoris, et de tous ceux qui l'ont aidé ou simplement
encouragé. Mais je ne veux pas me brouiller avec lui, et je me borne à dresser la liste de ses ouvrages :

1847. La Mort de Vitellius, second prix de Rome.

1848. Saint Pierre, concours de loges.

1849. Ulysse reconnu par sa nourrice. — Funérailles de Pompée.

1850. Zénobie, grand prix de Rome.

1851. Thésée dans le labyrinthe, envoi de Rome.

1852. Lutte de Jacob.

1853. La Fortune. Salon de 1857.

1854. Répétition de la Fortune. — Décoration du salon de M. Achille Fould au faubourg Saint-Honoré. Les sujets sont les
 
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