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Dubouloz, John: Lettres anglaises, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16692#0227
i96 L'ART.
Il va sans dire que le South Kensington Muséum, fidèle à ses intelligents principes décentralisa-
teurs, avait tenu à honneur de prendre part à l'exposition de Wrexham ; son éminent directeur,
M. Philip Cunliffe Owen, y avait envoyé quatre vitrines : la première consacrée à des spécimens d'or-
févrerie et d'horlogerie italiennes, espagnoles, allemandes, portugaises, anglaises, russes, etc.; la
seconde à l'art de l'émailleur du xi° au xixc siècle dans tous les pays ; la troisième aux bois et aux
ivoires sculptés, etc.; et la dernière aux majoliques : Gubbio, Castel-Durante, Urbino, Faenza, etc., les
Hispano-Arabes, etc. C'est que M. Owen n'a pas ces sottes frayeurs qui ont fait piteusement échouer
en France, avi grand détriment des véritables intérêts de la province, le projet éminemment intelli-
gent d'exposer à Paris des richesses des musées départementaux, conçu par M. de Chennevières et
auquel celui-ci a dû renoncer en présence de l'hostile pusillanimité et des sottes clameurs de certains
directeurs de ces musées qui, dans toute cette affaire, se sont conduits en vrais provinciaux d'un
autre âge.
En revenant à Londres, je me suis arrêté à Crewe, la première station importante après Chester,
pour visiter Crewe Hall, le splendide domaine de Lord Crewe, le dernier de sa race, qui a admirable-
ment réédifié le manoir de ses ancêtres détruit par un incendie. Un jardin français qu'on dirait tracé
par Le Nôtre entoure le château, — riche en œuvres d'art, des Reynolds, entre avitres, et fort beaux,
et de magnifiques porcelaines de Sèvres, — et forme un piquant contraste avec un immense parc
anglais aux arbres séculaires et tellement giboyeux que les lièvres, les lapins, les faisans, les perdrix
encombrent littéralement les allées. C'est à Lord Crewe qu'appartenait ce vaisseau, chef-d'œuvre de
Sèvres, dont sa fantaisie s'est un beau jour fatiguée et que M. le baron Alphonse 4e Rothschild a eu la
bonne fortune de pouvoir acquérir.
John Dubouloz.
[La suite prochainement.)
Fac-similé d'un cul-de-lampe composé par Augustin de Saint-Aubin.
Il va sans dire que le South Kensington Muséum, fidèle à ses intelligents principes décentralisa-
teurs, avait tenu à honneur de prendre part à l'exposition de Wrexham ; son éminent directeur,
M. Philip Cunliffe Owen, y avait envoyé quatre vitrines : la première consacrée à des spécimens d'or-
févrerie et d'horlogerie italiennes, espagnoles, allemandes, portugaises, anglaises, russes, etc.; la
seconde à l'art de l'émailleur du xi° au xixc siècle dans tous les pays ; la troisième aux bois et aux
ivoires sculptés, etc.; et la dernière aux majoliques : Gubbio, Castel-Durante, Urbino, Faenza, etc., les
Hispano-Arabes, etc. C'est que M. Owen n'a pas ces sottes frayeurs qui ont fait piteusement échouer
en France, avi grand détriment des véritables intérêts de la province, le projet éminemment intelli-
gent d'exposer à Paris des richesses des musées départementaux, conçu par M. de Chennevières et
auquel celui-ci a dû renoncer en présence de l'hostile pusillanimité et des sottes clameurs de certains
directeurs de ces musées qui, dans toute cette affaire, se sont conduits en vrais provinciaux d'un
autre âge.
En revenant à Londres, je me suis arrêté à Crewe, la première station importante après Chester,
pour visiter Crewe Hall, le splendide domaine de Lord Crewe, le dernier de sa race, qui a admirable-
ment réédifié le manoir de ses ancêtres détruit par un incendie. Un jardin français qu'on dirait tracé
par Le Nôtre entoure le château, — riche en œuvres d'art, des Reynolds, entre avitres, et fort beaux,
et de magnifiques porcelaines de Sèvres, — et forme un piquant contraste avec un immense parc
anglais aux arbres séculaires et tellement giboyeux que les lièvres, les lapins, les faisans, les perdrix
encombrent littéralement les allées. C'est à Lord Crewe qu'appartenait ce vaisseau, chef-d'œuvre de
Sèvres, dont sa fantaisie s'est un beau jour fatiguée et que M. le baron Alphonse 4e Rothschild a eu la
bonne fortune de pouvoir acquérir.
John Dubouloz.
[La suite prochainement.)
Fac-similé d'un cul-de-lampe composé par Augustin de Saint-Aubin.